«Daouia et Hmida, interprétés respectivement par les comédiens Houria Zaouch et Ahmed El Aouni, forment un jeune couple qui habite dans une cave exiguë et attend désespérément que «les gars du recensement» se pointent pour les gratifier d’un logement social.
Oran
De notre bureau
La générale de la pièce Cauchemar de Tayeb Ramdan a été présentée samedi au théâtre régional d’Oran Abdelkader Alloula devant un nombreux public. Daouia et Hmida, interprétés respectivement par les comédiens Houria Zaouch et Ahmed El Aouni, forment un jeune couple qui habite dans une cave exiguë et attend désespérément que «les gars du recensement» se pointent pour les gratifier d’un logement social, à même de mieux les réinsérer socialement et oublier le calvaire qui est le leur, fait de bisbille avec les voisins, notamment celle d’au-dessus, une certaine Zourita, d’inondations à répétition et de vétusté. Si leur relation est basée sur des liens solides, cela ne les empêche pas de s’envoyer quand même des «punchlines» à discrétion, des petites piques emplies d’ironie et d’humour qui, à chaque fois, ont fait esclaffer l’assistance.
Hmida est un idéaliste rêveur, intellectuel gauchissant, progressiste jusqu’à l’os et dont on ne sait trop s’il a pour métier d’être écrivain… ou écrivain public. En tous les cas, il passe son temps le nez fourré dans les livres, à noircir des pages et des pages et à lancer des diatribes pas piquées des vers contre les ennemis du progrès, les bigots de toutes les chapelles, les adeptes, comme il le dit, du «Qil» et du «Qal». Daouia tente à chaque fois de lui faire revenir les pieds sur terre.
Plus réaliste (d’aucuns diront plus «terre-à-terre»), elle use d’ironie et d’humour pour faire retrouver à son écrivain de mari le sens des réalités. Se référant à Faust et de son pacte avec le diable pour recouvrer la jeunesse éternelle, Hmida, dans un délire pourtant non éthylique, se prend à rêver de rencontrer le diable et de pactiser avec lui pour que cessent la misère et des injustices.
C’est ainsi qu’apparaît le troisième comédien, Imad Nouga, campé dans le rôle du diable, un diable un peu déroutant tant il fait penser à l’extraterrestre de La soupe aux choux. Après une série de discussions (tordantes, cela va sans dire) avec le diable, Hmida s’aperçoit qu’il ne lui est apparu, au final, que dans le pays des rêves.
Quant à la fin, elle reste ouverte, car si «les gars du recensement» ont fini par rappliquer, créant, chez celles et ceux qui vivent dans les caves au tohu-bohu… de tous les diables, on ne sait, en revanche pas si notre couple, au final, a pu ce dégotter son logement social.
Cette pièce, adaptée d’un texte original de l’Egyptien Tewfik El Hakim, intitulé Min ajl hayat afdal (à ne voir aucune allusion à l’Algérie des années 1980) devait rejouer hier au cinéma Maghreb (Oran) et aujourd’hui au théâtre régional de Mostaganem.
Akram El Kébir