Football, violence et triche

23/04/2023 mis à jour: 00:56
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Bien que le football national, tel qu'il est proposé, m'indiffère, depuis belle lurette, du fait de son incroyable indigence, choqué plus que de raison, je n'ai pu résister à la tentation de commenter le triste épisode, qui a marqué la rencontre opposant l'équipe du NRB Beni Oulbane et le Widad de Zighout Youcef, évoluant en Interrégions, groupe Est, qui bataillent tous deux pour se maintenir. Mais à quel prix !!!

Les scènes de violence, dans les stades, régulièrement diffusées sur les réseaux «asociaux» sont vécues comme des séismes et leurs répliques ne semblent pas ébranler, outre mesure, hélas, les instances censées régir ce sport, alors que l'usage et le courage de la raison commandent une intervention urgente pour tenter d'éteindre l'incendie, parti d'un foyer ancien, mais qui inquiète de jour en jour.

On en est arrivé à palabrer autour d'une équation surréaliste, ubuesque et risible. Dans le match suscité, un intrus au niveau de la main courante, qui passait par là, a soulagé son équipe favorite, en arrivant jusqu'au gardien adverse pour lui marquer un but, dans les temps additifs, sous le regard médusé et impuissant de l'arbitre, peu sécurisé et craignant pour sa vie.

Avec ce fait divers insolite, symbolisé par le «supporter buteur», c'est l'incarnation d'une ère de dérégulation anarchique. Certes, on considère les supporters comme partie prenante du spectacle, mais voir l'un d'eux intervenir dans le jeu et impacter le résultat d'un match dépasse les bornes et l'entendement !!!

Un fait répréhensible au regard des lois relatives à la sécurité des manifestations sportives, détournées, dans ce cas, de leur vocation, qui consiste en des empoignades justes et loyales. Cette séquence constitue une violence préméditée, plus ou moins planifiée, puisque l'intrus indélicat devait être partout, sauf sur le terrain de jeu. Comment a-t-il pu se trouver là. Courage ?

«Dans ce besoin de se distinguer se cache, souvent, un manque d'estime de soi, que l'on tente de palier en appartenant à un groupe», estime-t-on en sociologie. Ce sentiment d’appartenance génère en nous une sensation de plénitude émotionnelle. En fait, lorsque l'on n'a pas su développer sa plénitude personnelle, on la cherche ailleurs !

Dans ce cas d'espèce, le foot est-il victime ou coupable dès lors qu'il a une part de responsabilité, en ce sens, qu'il crée des oppositions et offre aussi un espace où des antagonismes, parfois extra sportifs, peuvent s'exprimer. Que peut le foot, dépassé par sa notoriété, car le plus populaire des sports, mais qui reste mal protégé par ses utilisateurs, le malmenant et le poussant à subir, seul, de fâcheuses conséquences. Lui qui est déjà victime d'une tradition de violence préméditée, non jugulée depuis longtemps.

Ceux qui le dirigent, devraient-ils se complaire dans cette situation passive, dangereuse, qui interpelle les consciences ? Le foot, dans son essence, n'a pas échappé à ses vertus, qu'on aime passionnément. Fort heureusement, il nous offre généreusement de l'émotion en rafales, quelle sensation de voir une percée profonde, qui fend une défense déstabilisée, ou rester coi devant la grâce d'une feinte de corps, ou l'astuce d'un petit pont, ou encore l'élégance d'un coup franc magistral ajusté, sans oublier le suspense dramatique des tirs au but.

Que vient faire dans cette belle fresque bigarrée et heureuse l'acte délicieux de l'imprévisible invité de Beni Ousmane, qui a inscrit un but hors-la-loi, signant une dérive grave. Le foot est un jeu, qui installe, dans des centaines de millions de foyers de la planète, une comédie humaine, conçue pour être filmée, car devenue, sans doute, le premier spectacle mondial.

On l'aime, on en raffole et on en redemande ! Même si le foot, boosté par sa notoriété, la morale sportive, la dignité de sa règle subissent les assauts continus et redoutables de l'argent et de la tricherie. Il y a les combines mais aussi l'aléatoire de l'arbitrage, parfois arbitraire, parfois livré à lui-même,  minant la sincérité des résultats.

Faut-il lui ajouter en plus le rôle du spectateur, qui ne se contente pas des tribunes pour descendre dans l'arène, en bravant tous les risques, jouant tristement son «numéro». Le considérant, comme «corps étranger», la commission de la ligue a invalidé le but de l'intrus, qui avait égalisé à 2 à 2, a infligé une amende à Beni Oulbane avec un score de 0-3 à ses dépens et une lourde suspension à son président, qui ne décolère pas !!!! L'honneur du football algérien est-il pour autant sauf ? 

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