Lors de la clôture de la réunion gouvernement-walis de septembre dernier, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, avait promis qu’il allait procéder à l’ouverture prochaine d’ateliers devant réfléchir sur la révision du statut général de la Fonction publique. Ceci dit, il n’a pas donné de pistes pouvant renseigner sur les changements envisagés.
Récemment, la direction de la Fonction publique (DFP) a fixé les grands axes de réflexion : entre autres pistes proposées figurent la question de la réorganisation des horaires de travail, la redéfinition des différents corps avec la nécessité de son adaptation à l’évolution des métiers, le régime de classification avec, comme objectif, une harmonisation des statuts avec l’impératif d’une gestion plus moderne des ressources humaines et, enfin, une proposition portant sur la question du maintien d’une unique Fonction publique ou alors s’orienter vers la création de Fonctions publiques spécifiques à certains secteurs.
Cette dernière proposition est une revendication phare des syndicats autonomes des trois secteurs de l’éducation, de la santé et de l’administration publique. «Nous considérons que la situation a évolué dans le pays sur, notamment, le plan des conditions de travail, et ce, dans les différents secteurs, d’où la nécessité de mettre en place une Fonction publique spécifique au secteur de l’éducation, à celui de la santé et une autre pour l’administration», plaide Lyes Merabet, président du Syndicat des praticiens de la santé publique (SNPSP).
Et d’ajouter : «Si réforme il y a, nous pensons qu’il faut aller dans ce sens et d’ailleurs c’est la revendication phare des syndicats de ces trois secteurs. L’organisation doit s’orienter vers la spécificité des secteurs, des professions et des compétences.» Une telle démarche vise, selon les fonctionnaires de ces secteurs, à garantir une flexibilité en termes de rétribution, de salaire, d’indemnité et de prime. Pour les représentants des travailleurs de la Fonction publique, il s’agit d’une politique qui doit s’asseoir sur des considérations de compétence, de qualification : «L’instauration d’une Fonction publique pour certains secteurs inciterait les travailleurs de manière général à plus d’effort et d’engagement. Pour les travailleurs, c’est un plus sur le plan matériel.»
Les représentants des syndicats contestent unanimement l’ordonnance n° 06-03 du 15 juillet 2006, qui leur a été «imposée et qui n’a pas fait à l’époque l’objet de débat». «Personne n’a discuté ni des aléas ni des avantages et encore moins des objectifs par rapport à ce que propose cette ordonnance. Donc aujourd’hui, il faut corriger cette situation et faire des projections en prenant en considération le vécu et les mutations que connaît notre pays», observe M. Merabet.
Les syndicats autonomes de la Fonction publique, notamment le SNPSP, le SAP, le Cnapeste, l’Unpef, réclament aussi la révision de l’accès aux commissions paritaires nationales de la Fonction publique. Ils appellent ainsi à «revoir» dans ce sens l’élément de la «représentativité» dans ces commissions, où actuellement il y a une «prévalence» d’une organisation syndicale par rapport à une autre, ce qui engendre des répercussions directes sur les organisations syndicales qui sont habilitées à représenter les travailleurs dans ces commissions.
Les syndicats réclament la révision des statuts de tous les secteurs et des fonctionnaires, de bannir le «népotisme» et «le clientélisme» dans les désignations et les nominations et également de revoir le point et la grille indiciaire (PI).
Il est connu que la Fonction publique est le parent pauvre en matière de rémunération, donc à travers la réforme de son statut, il s’agit d’assurer une «cohésion» entre cette réforme et les chantiers de la réforme des budgets et des réformes financières.