Lors du lancement en première mondiale du tout nouveau véhicule l’Opel Frontera la semaine dernière en Turquie, le patron de la marque Opel nous a accordé un entretien en exclusivité, durant lequel, il a fait le tour d’horizon des questions liées à la stratégie de commercialisation des véhicules de la marque, notamment pour le marché algérien où il a évoqué son fort potentiel, le modèle biseness à adopter face à l’évolution du paysage automobile actuel ainsi que le positionnement de la marque par rapport à la concurrence sur le marché.
- Vous étiez présent lors du lancement de la marque en Algérie où vous aviez souhaité le retour de la marque en force et obtenir une grande part de marché. Pourrions-nous connaitre votre appréciation du chemin parcouru depuis le retour de la marque sur notre marché ?
Opel a choisi son partenaire Hallil groupe en Algérie pour s’installer sur le marché algérien avec qui nous avons réussi à monter un réseau complet de distributeur.
C’était vraiment un engagement très fort pour toutes les parties afin de monter toute une infrastructure qui sert à la commercialisation et au service après-vente. Je me suis rendu moi-même en novembre dernier pour marquer ce moment important pour Opel qui était le retour sur le marché algérien.
Ensuite, nous avons commercialisé en très peu de temps 4000 véhicules qui étaient la première capacité d’importation que nous avons obtenue, grâce au professionnalisme de notre partenaire algérien Hallil Groupe. La marque a eu un accueil favorable, si l’on tient en compte des retours d’informations de nos partenaires. Maintenant, Opel est fin prête pour la deuxième étape de croissance. Le réseau est prêt, la demande y est. Aujourd’hui, il faut que certaines conditions soient facilitées pour qu’Opel continue à importer ses véhicules sur le marché algérien et réussir à satisfaire une plus grande demande.
- Vous avez déclaré dans les médias internationaux en 2018 qu’Opel comptait revoir son business modèle et le positionnement de la marque à l’international par rapport à la concurrence chinoise qui pénètre le marché européen mais aussi en Algérie et qui proposent des gammes de produits à positionnement tarifaire très concurrentiel. Quel est la stratégie d’Opel pour faire face à ce cas de figure ?
Ce qui est important pour Opel dans le cadre du développement de la stratégie de la marque, c’est de considérer en permanence les évolutions du paysage automobile. Cela fait partie de notre travail. Maintenant, le mouvement vers l’électrification change la donne mondiale et laisse beaucoup de possibilités à de nouveaux acteurs de s’installer.
Notre marque essaye d’avoir une stratégie claire pour une vision de ce que doit être une Opel, puisqu’une marque est une promesse à un client qui dégage des repères, des critères auxquels se fier, et Opel a actuellement un positionnement qui est très clair. Une marque allemande qui obéit à toutes les exigences de la clientèle dont la qualité et l’ingénierie qui sont des mots d’ordre.
C’est ça qui séduit aujourd’hui nos clients. Au moment où vous avez une marque cohérente et crédible, et dans le cas d’Opel qui est ancrée dans le paysage automobile depuis 125 ans d’histoire avec toute la confiance qui va avec, non sans négliger le positionnement compétitif de nos prix, vous aurez certainement une place dans le marché qui peut croitre sans problème. C’est sur cela que repose notre stratégie.
- La gamme de véhicules que présente la marque Opel actuellement est-elle complète ? Pensez-vous qu’il y a un autre segment à exploiter pour compléter la famille de véhicule de la marque ?
Aujourd’hui, notre gamme Opel est complète avec la Corsa, Mokka, Frontera, Astra et Grandland. Chacun de ces modèles doit être positionné dans les cœurs des segments avec un usage bas ayant une utilité d’utilisation afin d’en faire une référence à chaque modèle. Au delà de ça, nous évaluons en permanence les opportunités du marché et nous considérons après ce que doit être la prochaine génération de ces modèles qui vont nous amener à fixer les choix qu’on fait.
- Justement, vous venez de lancer sur le marché le tout nouveau SUV Frontera qui n’a plus le même ADN que l’ancienne version commercialisée dans les années 1990/2000 et qui plus est change de segment ? Pourquoi avez-vous opté pour un tel choix ?
Frontera était un produit très intéressant pour la marque. Il était le tout premier tout-terrain de la marque à être lancé en 1991, et c’est un le tout premier produit qui était petit et commençait à croitre. Quand nous avons décidé la nouvelle stratégie de repositionnement du véhicule, la référence à l’esprit pionnier, d’apporter un tout nouveau produit dans un marché qui était à l’époque naissant, ça nous a paru pertinent.
L’esprit de la polyvalence, de l’espace d’usage, de capacité de charge du tout premier modèle, nous considérons qu’il est toujours présent même si nous avons choisi de renoncer à la technologie tout-terrain, puisque son usage réel aujourd’hui rempli une mission qui est celle de l’innovation et la mobilité efficiente. Le modèle s’intercale avec ses 4m 38 entre le Mokka et le Grandland. Le nouveau-venu épouse parfaitement l’identité actuelle de la marque. Pour nous, cela représente un outil de conquête et d’élargissement de la gamme Opel.
- La commercialisation du Frontera sera-t-elle lancée en même temps dans les différents marchés ?
La commercialisation du Frontera se fera par petites étapes, ce qui est logique dans le process de commercialisation. Nous commencerons avec la première version équipée de batterie électrique de 48kw d’une autonomie de 300km. Une motorisation qui attend son homologation. En deuxième étape, nous proposerons un deuxième moteur électrique avec plus d’autonomie (400km). Par la suite, ce sera place au moteur hybride (thermique+électrique) et en dernier, nous lancerons une version rallongée de sept places qui est prévue dans la séquence de 2024. C’est de cette manière que nous allons étaler au fur et à mesure les disponibilités.
- Le Frontera, étant un produit destiné à tous les marchés du monde, serait-il commercialisé en Algérie ?
Il sera commercialisé si les conditions le permettent. Bien qu’il soit disponible en motorisation 100/100 électrique, nous avons prévu une motorisation hybride. Il n’est pas exclu qu’il sera proposé un moteur complémentaire qui sera mis sur certains marchés si, encore une fois, les conditions sont réunies.
- La résolution de certains gouvernements de suspendre la subvention pour les véhicules électriques pourrait-elle générer une appréhension pour vous par rapport à la commercialisation de vos produits à l’avenir ?
Opel a fait un choix d’investir dans la durée dans les véhicules électriques, car nous considérons à terme que c’est le véhicule le plus efficace, le plus facile à déployer pour tous nos clients, notamment à l’usage. C’est la conviction d’Opel et pour tout un tas de raisons techniques, nous sommes convaincus que le véhicule électrique s’imposera tôt ou tard. Il est vrai que le mouvement vers l’électrique n’est pas un mouvement linéaire.
Il se fait dans un premier temps en douceur, du fait du coût du véhicule électrique qui reste relativement élevé par rapport au thermique, selon la volonté des gouvernements d’investir dans cette technologie du futur et d’aider la société à s’impliquer dans cette transition vers l’électrique. C’est un challenge qui est à relever par tous les acteurs qui doivent agir ensemble.
Ce n’est pas juste le travail des constructeurs automobiles. Aujourd’hui, la demande a légèrement fléchit pour l’électrique, mais à terme, nous sommes convaincus que cette énergie est la meilleure option de rendre la mobilité à zéro émission. Opel travaille dans ce sens pour rendre cette énergie accessible à tous dans ses véhicules. Ce qui nous aide beaucoup, c’est que nous avons fait un choix d’électrification sur des plateformes (châssis) multi-énergies.
- Le groupe Stellantis a développé dernièrement une nouvelle motorisation Pure Tech, qui équipe les véhicules Opel, dans la perspective de mettre fin aux problèmes liés à la courroie de distribution. Pouvez-vous nous dire si ce moteur est passé en phase d’expérimentation ?
Cette motorisation existe, comme vous le savez, depuis de nombreuses années. Il y a eu dans certaines conditions d’usage effectivement, des problèmes de durabilité de courroie. Ces problèmes ont été réglés jusqu’au mois de juin 2022 et dans le nouveau moteur produit à partir de cette date là, a subi l’objet de modification de réingienering de ses systèmes de courroie.
Nous constatons aujourd’hui que ce moteur répond complètement aux exigences d’usage. Pour le marché algérien, soyons sûrs que nos véhicules ne connaitront pas ces défaillances, et pour cela, Stellantis a mis en place un dispositif de garantie et un soutien très large afin de remplir pleinement notre contrat de confiance envers nos clients.