Filières agricoles alternatives et complémentaires en Algérie : Des cultures économiques et créatrices de richesses

29/02/2024 mis à jour: 17:00
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En 2023, l’Algérie a exporté pour 7 millions de dollars de caroube - Photo : D. R.

Des expériences de culture de caroubier ont donné des résultats prometteurs, surtout qu’en plus de ses bienfaits pour l’environnement, cet arbre résiste à la sécheresse.

Face aux défis des changements climatiques, de la raréfaction des ressources et de la dépendance aux importations alimentaires, l’Algérie n’a d’autre choix que de se tourner vers les filières agricoles alternatives et complémentaires pour créer une agriculture durable et résiliente. Le caroubier, le safran, le figuier de Barbarie et le pistachier, parmi d’autres, sont des exemples prometteurs de cette diversification.

Dans cette perspective, une rencontre régionale a été organisée, hier, par la Chambre de l’agriculture à la maison de la culture Malek Haddad de la ville de Constantine, en collaboration avec la direction des services agricoles.

De nombreux experts, universitaires, membres d’un centre de recherche pour la vulgarisation sur l’importance environnementale et économique de ces cultures y ont pris part dans le but d’inciter les agriculteurs de l’Est à se lancer dans ce créneau. «Nous avons déjà vécu l’expérience à travers la plantation du caroubier et le figuier de Barbarie, constatant que ces cultures créent de la richesse et de la valeur ajoutée, tout en permettant d’aller vers l’exportation.

L’année dernière, l’Algérie a exporté pour plus de 7 millions de dollars de caroubier», a déclaré Mohamed Yazid Hambli, président de la Chambre nationale de l’agriculture, en marge de la rencontre. Ce dernier a ajouté que ces espèces rustiques résistent à la sécheresse et ne nécessitent pas d’engrais chimiques, c’est pourquoi l’Etat algérien a mis en place des mécanismes pour accompagner les agriculteurs et financer ces cultures.

Vu son importance, le caroubier a été introduit dans le Barrage vert. Invité à cette rencontre, Chakib Boublenza, représentant d’une entreprise située à Tlemcen et spécialisée dans la production et la transformation de la caroube et de ses dérivés, a recommandé «l’inscription d’un projet national de plantation de 10 millions de caroubiers d’ici 203».

L’objectif consiste, selon lui, à planter 670 000 caroubiers chaque année, vu que son fruit est très demandé dans le marché mondial et largement consommé dans les pays asiatiques. Actuellement, la production mondiale de la caroube est estimée à 300 000 tonnes.

En raison des changements climatiques, ce fruit est utilisé en remplacement du cacao, dont la production mondiale a atteint 4,2 millions de tonnes. «Donc, il faut se lancer dans cette culture sans avoir peur», a lancé M. Boublenza. Il a précisé que l’Algérie, qui occupe la 7e place à l’échelle mondiale, était déjà un grand producteur de la caroube.

Il a expliqué que des pays, ayant connu cet arbre bien après l’Algérie, sont devenus de grands producteurs, à l’instar de l’Espagne, premier producteur mondial, suivie par le Maroc et le Portugal. Pourtant en 1962, l’Algérie produisait entre 30 000 et 35 000 tonnes par an, selon les statistiques avancées par M. Boublenza.

La production varie aujourd’hui entre 8000 et 15 000 tonnes. En dépit de tous ses atouts, l’Algérie a perdu au cours des années 50% de sa production. Il a été même révélé que des entreprises algériennes importent la caroube pour la transformer et l’exporter. «On croyait que le caroubier n’existait que dans le Nord, mais c’est faux.

Il a été découvert un peu partout, à El Meniaa, Tindouf, Tamanrasset, Adrar et Ouargla. Suite à nos expériences, et en plus de ses bienfaits environnementaux et économiques, le caroubier s’est révélé également un arbre résistant, beau et véritable source de revenus. Il peut même être exploité par les services des communes», a-t-il souligné.

En concluant avec des chiffres sur la portée financière de ces cultures, Chakib Boublenza affirme que le prix de la caroube connaît une hausse selon la demande, ayant atteint entre 450 DA et 500 DA le kg l’année dernière. Sachant qu’un seul arbre dans la wilaya de Béjaïa a donné 13 quintaux de caroubes quatre ans après sa plantation, on peut faire le calcul. Notons que la durée de vie d’un caroubier varie entre 3 et 5 siècles. 
 

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