Filière oléicole à Mascara : Une stabilité en trompe-l’œil

13/03/2025 mis à jour: 03:42
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La production d’olives dans la région a enregistré un recul notable

La filière oléicole dans la wilaya de Mascara est confrontée à de nombreux défis qui freinent son développement, notamment la baisse des rendements, la déshérence foncière, le manque d’entretien des oliveraies et une gestion axée sur le profit immédiat, mettant en péril la pérennité de cette culture emblématique.

Ces dernières années, la production d’olives dans la région a enregistré un recul notable. Si les aléas climatiques ont leur part de responsabilité, cela ne saurait expliquer cette tendance inquiétante à eux seuls. «Le manque de savoir-faire chez certains exploitants constitue l’un des principaux freins au développement de la filière», confie un cadre du secteur agricole à Mascara. Il ajoute : «Les conditions naturelles jouent certes un rôle, mais les pratiques agricoles inadéquates et le manque d’investissement dans l’entretien des oliveraies sont des facteurs déterminants.»

Par ailleurs, la déshérence foncière vient aggraver la situation. «De nombreuses exploitations, autrefois florissantes, sont laissées à l’abandon après le départ de leurs propriétaires. 

Leurs héritiers, souvent désintéressés par l’agriculture, préfèrent louer leurs terres à des exploitants occasionnels, pour ne pas dire des commerçants, qui, soucieux de rentabiliser rapidement leur investissement, n’assurent pas un entretien rigoureux des oliviers»,  explique notre interlocuteur.

Malgré ces difficultés, la production d’olives est restée relativement stable au cours des deux dernières saisons. 

En 2023/2024, la wilaya de Mascara a enregistré une production de 569 069 quintaux sur une superficie productive de 14 548 ha, avec un rendement moyen de 40 quintaux par hectare. Sur ce volume, 540 309 quintaux ont été destinés à la table, tandis que 28 760 quintaux ont été transformés en huile d’olive, produisant ainsi 3 451,2 hectolitres d’huile.

L’année précédente (2022/2023), la production était de 567 548 quintaux sur 14 323 hectares, avec des rendements similaires. Parmi cette production, 540 873 quintaux étaient destinés aux olives de table et 3225 hectolitres d’huile ont été extraits.

Bien que les chiffres de la production oléicole semblent indiquer une certaine stabilité, ils dissimulent une réalité plus complexe.
 

Insuffisance des investissements

En effet, la productivité des oliveraies tend à diminuer progressivement en raison du vieillissement des arbres, du faible renouvellement des plantations par les agriculteurs et des aléas météorologiques, qui affectent le développement et le rendement des vergers.  

Parallèlement, l’insuffisance des investissements dans la modernisation des techniques de culture, notamment l’irrigation et la mécanisation, limite les gains de rendement, freine l’évolution du secteur et accentue la vulnérabilité des exploitations face aux aléas climatiques.

Sans une approche proactive pour revitaliser les vergers et adopter des méthodes plus performantes, cette stabilité apparente risque de masquer un déclin progressif qui pourrait fragiliser durablement la filière oléicole dans la région.

Pour tenter d’inverser cette tendance, l’Etat a mis en place divers programmes de soutien aux producteurs dans le cadre de la stratégie nationale de développement de l’agriculture. 

Chaque saison, des centaines d’hectares de jeunes oliveraies sont plantés, notamment dans les zones montagneuses de la wilaya, afin de renforcer la capacité de production. «En 2024, pas moins de 700 hectares supplémentaires ont été mis en culture», nous dit-on. Toutefois, l’insuffisance de l’entretien, notamment après la plantation, fragilise ces initiatives et réduit leur impact sur la production à long terme.

Malgré les difficultés, la wilaya de Mascara reste, aux yeux de nombreux observateurs, un acteur incontournable de la production oléicole nationale, notamment grâce à sa variété emblématique, la «Sigoise», prisée aussi bien pour la table que pour l’extraction d’huile d’olive. Mais sans un véritable savoir-faire, l’avenir de la filière pourrait être compromis. 

Mascara
De notre correspondant  Souag Abdelouahab

 

 

Principales variétés d’oliviers

L’Algérie dispose de plus d’une trentaine de variétés d’olives, selon les wilayas productrices de ce produit. Mais ce qu’il y a lieu de retenir c’est qu’il y a des variétés qui dominent par rapport aux autres.

Variété Chemlal

Sans doute la variété la plus réputée en Algérie, l’olivier Chemlal produit une olive à huile. Sa grande vigueur lui permet de rentabiliser des sols maigres afin de donner des huiles de qualité. Son entrée en production est bonne avec une floraison précoce. Sa maturation est tardive et sa production abondante. C’est une variété adaptée au milieu aride.

Variété Sigoise

Également appelée olive de Tlemcen, olive du Tell ou Picholine marocaine. Variété principalement utilisée pour la production d’olive de table, verte ou noire, elle est également appréciée pour la production d’huile.

Variété Rougettes 

Originaire de la plaine de la Mitidja, on la trouve aussi sur le piémont de l’Atlas, elle se cultive à faible altitude, c’est une variété à huile

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