La 14e édition du Festival local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès, délocalisé momentanément à Oran pour cause de rénovation de la bâtisse du théâtre régional de la capitale de la Mekkera, a été ouverte avant-hier au TRO dans une ambiance autant émouvante que festive.
D’abord, un bon point pour le comédien Houari Bouabdellah qui a assuré une animation digne de ce genre de rendez-vous avec une entrée théâtrale et une manière de discourir particulièrement détendue. Son interprétation à la Haimour d’un chant reconnaissable de l’une des œuvres majeures du regretté Abdelkader Alloula a été à un prélude à une performance assurée par Fadela et Brahim Hachemaoui qui se sont associés à Tounes Ait Ali pour raviver la «mémoire…» de ces lieux emblématiques.
Les images représentant les portraits de quelques grandes figures que le théâtre algérien a perdues au fil du temps ont été présentées au public avec la mention «Pardon pour ceux qu’on a oublié», car elles sont beaucoup plus nombreuses. Le discours d’ouverture solennel a été prononcé par Rachid Djerourou, commissaire du festival et directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abes, organisateur, précédant le mot du représentant de la ministre de la culture, Soraya Mouloudji.
Cette édition est organisée en l’honneur de Kamel Bendimered, ancien journaliste, d’abord de la presse écrite (Algérie Actualité entre autres) puis de l’agence APS et cela pendant de longues années où il eu à accompagner avec sa plume un grand nombre de travaux culturels, entre autre justement de théâtre.
Le film vidéo réalisé sous forme d’interview par les organisateurs de l’événement et projeté en son honneur a été particulièrement long, c’est le seul bémol car, étant sur place, il a eu le loisir de s’exprimer directement devant le public.
Et c’est tant mieux car l’émotion qui l’a submergé ne l’a pas empêché d’ironiser : «Je remercie les organisateurs pour cette attention qu’ils ont eue à mon égard mais je ne comprends pas et je trouve bizarre d’être honoré par les artistes alors que j’ai passé ma vie à les critiquer !»
Evidemment, il s’en explique : «Entre l’art et la critique, le conflit est éternel, et c’est d’autant plus vrai et acceptable pour le théâtre qui, lui-même, est basé sur le conflit». Le «spectacle» d’ouverture s’est poursuivi ensuite avec la présentation des membres du jury de cette édition et qui est présidé par Fouzia Ait El Hadj, une des grandes figures du théâtre algérien, particulièrement émue de retrouver Oran, la ville où nombre de ses travaux ont été présentées, notamment lorsque le festival national du théâtre professionnel a été, dans les années 1990, également délocalisé à Oran, mais pour de toutes autres raisons.
C’est un grand moment de retrouvailles, notamment durant «l’entracte», un intermède festif dans une ambiance d’enfer assurée par la troupe Halka de l’infatigable Abbès Lacarne et du compositeur et musicologue Nebbal Abdelkader faisant le tour des rythmes et mélodies du terroir algérien.
A noter que cette troupe a également animé la partie dite du «théâtre de rue», qui a précédé la cérémonie. Certains, et c’est le cas du comédien Alloua Zermani de Constantine, ont dit avoir les larmes aux yeux de retrouver des gens qu’on n’a plus revu depuis de longues années. Ce n’est qu’après tout cela, relativement tard dans la soirée, que la première pièce au programme, a été présentée.
Il s’agit de Philophobia, une des nouvelles productions oranaises de l’association Soixantenaire de la culture et des arts. Cinq autres pièces sont en compétition pour cette édition prévue entre le 8 et le 11 juillet avec Pandora d’El Bayadh (Association culturelle Fikra), Kemlet de Tindouf (Coopérative El Melkâa), Houwa, nta…oua ana et Ma Qabla El Masrah de Mostaganem (respectivement El Mouja et Kartina).
Des manifestations annexes sont prévues au programme.