Féminicide : Keltoum, 33 ans, égorgée par son ex-mari

15/02/2022 mis à jour: 00:41
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«Je vais t’égoger», l’avait-il prévenue. Rabah a mis sa menace à exécution, dimanche 13 février, en coupant la tête de son ex-épouse et mère de ses trois enfants. Keltoum, 33 ans, habitant Boumerdès, était connue par les associations d’aide aux femmes victimes de violences, elle qui s’est battue pour récupérer la garde de ses enfants après son divorce.

Ceux qui l’ont côtoyée décrivent une femme «courageuse» et «déterminée» à se battre pour ses enfants contre un ex-mari «drogué» et «dealer». Celui-ci avait déjà essayé de l’égorger, l’obligeant à fuir afin de garder sa vie sauve et de protéger ses enfants.

L’ex-mari a commis son crime dimanche matin après qu’elle eut accompagné ses trois enfants à l’école, une fille de 14 ans, et deux garçons âgés de 11 et 3 ans.

Les militantes contre les violences faites aux femmes dénoncent une «société sourde et aveugle» face à sa détresse, selon les mots utilisés par Dalila Iamarène, membre du réseau Wassyla. Le fait est que Keltoum avait tapé à toutes les portes, alertant sur le danger qu’elle encourait : sa famille, ses voisins, la gendarmerie, l’APC, la daïra, la DAS…

Ne pouvant plus vivre dans la maison où elle a échappé à la mort une première fois, elle avait construit un habitat de fortune. La semaine dernière, les autorités se sont empressées de détruire ce qu’elles considéraient comme un «habitat illicite». Il faut dire que le cas de Keltoum n’est pas isolé.

Le 6 février dernier, selon le site de veille «Féminicides Algérie», Fatima Rahmani, 34 ans, enseignante de langue arabe est morte des suites des coups asséné par son mari à l’aide d’un porte-manteau.

Le 26 janvier, une femme a échappé miraculeusement à la mort à Skikda après que son mari l’ait immolée, en l’aspergeant d’essence sur tout le corps. Le 3 janvier, Hafida Mansouri, infirmière et militante politique, a été tuée et son cadavre brûlé par l’un de ses voisins à Oum El Bouaghi.

Les associations féministes n’ont cessé d’alerter contre le cycle infernal des violences, appelant à l’application de mesures concrètes afin de venir en aide aux femmes en détresse. Elles réclament notamment la mise en place de centres d’appels téléphoniques accessibles gratuitement 24 heures sur 24, à partir de fixes et de portables, pour appeler au secours.

Elles insistent sur la mise en œuvre de protocoles d’intervention rapide des services de sécurité, sensibilisés et formés à cette mission, l’interpellation des agresseurs et protection immédiate des victimes avec ou sans certificat de médecine légale, ainsi que la réquisition d’hôtels pour abriter les femmes et leurs enfants en danger.

Elles proposent la construction de centres d’hébergement partout dans le pays, où l’accès des femmes victimes de violences est garanti, quel que soit leur statut matrimonial, avec ou sans enfants, ainsi que le financement pour la gestion et l’encadrement de ces centres en médecins, psychologues, aidant-e-s…

Elles préconisent d’éloigner l’agresseur, d’enregistrer la plainte et d’orienter ces victimes vers des structures dédiées, ainsi que d’accorder des dotations financières aux associations d’aide aux femmes victimes de violences et de leur donner le droit de se porter partie civile auprès des tribunaux dans les affaires judiciaires liées à ces violences.

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