Le régime de la dynastie Al Assad, qui a régné sur la Syrie durant un demi-siècle, vient de s’effondrer. C’est un événement majeur au Proche-Orient. La chute du régime de Damas rebat les cartes de la géopolitique régionale, du fait de l’implication de puissances étrangères sur le théâtre syrien.
Comment décrypter cet effondrement aussi rapide que surprenant ? La Russie et l’Iran, qui ont soutenu militairement Bachar Al Assad en l’aidant à se maintenir au pouvoir, ont fini par abandonner le régime de Damas car chacun a sa propre préoccupation urgente. La Russie est préoccupée par la guerre en Ukraine.
La guerre en Syrie est née des mouvements de contestation, il y a près de 14 ans.
Ce sont autant d’années de souffrances endurées par le peuple syrien qui a payé un lourd tribut de plus de 500 000 morts. Après une trêve qui a duré depuis 2017, le conflit armé a repris avec une offensive des opposants radicaux depuis le 27 novembre dernier.
Les forces de l’opposition au régime de Bachar Al Assad, menées par le groupe islamiste Hayat Tahrir Al Sham (HTS), ont fini par réussir leur prise du pouvoir. HTS est le fer de lance de cette offensive menée en synergie avec l’Armée nationale syrienne, qui est un conglomérat rassemblant diverses organisations, dont les Forces démocratiques syriennes (FDS).
L’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, M. Pedersen, a réagi en affirmant que «le fonctionnement des institutions syriennes doit se poursuivre afin que le peuple syrien puisse commencer à tracer la voie pour répondre à ses aspirations légitimes et restaurer une Syrie unifiée, avec sa souveraineté et son intégrité territoriale, d’une manière qui puisse avoir le soutien de la communauté internationale». Ce diplomate onusien a appelé tous les Syriens à entamer un dialogue en souhaitant à la Syrie «un avenir stable et inclusif, décidé et façonné par le peuple syrien».
De son côté, l’Algérie, qui dit «suivre avec beaucoup d’intérêt» l’évolution de la situation en cours en Syrie, a affirmé son soutien au peuple syrien frère. «L’Algérie appelle toutes les parties syriennes à l’unité et à la paix et à œuvrer pour préserver la sécurité et la stabilité de la nation ainsi que l’intégrité territoriale», indique un communiqué rendu public, hier, par le ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines.
«L’Algérie appelle au dialogue entre le peuple syrien, toutes confessions et composantes confondues, en donnant la priorité aux intérêts supérieurs de la Syrie sœur, en préservant les biens et les capacités du pays et en se tournant vers l’avenir pour bâtir une nation qui accueille tout le monde sous des institutions émanant de la volonté du peuple syrien, à l’abri de toute ingérence étrangère», a insisté le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Quel est le projet du nouveau pouvoir en Syrie ? Le nouveau régime va-t-il assurer la protection des minorités et la diversité ? La Syrie fait face à de grands défis sécuritaires, géopolitiques et économiques. Et tout ne peut se faire que par la réconciliation nationale. La Syrie deviendra-t-elle un jour un pays pacifique, démocratique et développé ? Ce grand pays qui accueillait l’une des plus anciennes civilisations plusieurs fois millénaire mérite un destin démocratique et pacifique.