Escapade dans le Fahs algérois : Bordj El Qantra ou la Maison carrée d’El Harrach

22/06/2023 mis à jour: 08:07
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Maison carrée-l'hôtel de ville

Avant que la cité ne reprenne définitivement, au lendemain de l’indépendance le toponyme El Harrach (*), elle s’est fait successivement appeler : Bordj El Qantra, Bordj l’Agha, Bordj Yahia, Bordj El Harrach, Draâ El Harrach, Koudiet El Harrach et en fin Maison Carrée. Cette dernière appellation lui a été donnée par les troupes d’occupation françaises en raison de l’aspect géométrique de la citadelle turque. Le nom de la  ville (El Harrach) vient de ce fameux fleuve, dont la dénomination serait, elle aussi, d’après l’étymologie, inspirée par un phénomène qui se produit par l’action de frottement des graviers et des cailloux charriés par ses eaux. Les anciens habitants de la plaine ont pris l’habitude de désigner ce fait naturel sous le nom de L’Harrach. Le mot Harrach trouve sa racine dans le terme arabe hrach, signifiant rude au toucher.

La ville d’El Harrach est implantée sur un territoire chevauchant deux régions naturelles : le Sahel algérois dont elle occupe les dernières collines à l’est et la plaine de la Mitidja, juste à son entrée. Il y a plus d’un siècle, cette dernière agglomération n’était qu’un simple lieudit où l’on ne rencontrait que des nomades vivant sous les tentes avec leurs troupeaux de moutons et de chèvres paissant en toute liberté. L’importance qu’acquit cette localité est due en grande partie à la route qui y passait, et au caravansérail qui s’y était très tôt établi dans le voisinage d’une source jaillissant naguère à proximité d’un vieux pont en pierre. Au fil du temps, quelques tribus nomades s’y sédentarisent, en aménageant avec les moyens du bord des habitations autour d’un marabout planté non loin d’une enceinte fortifiée turque appelée Bordj El Qantra. 

Au pied de cette fameuse citadelle, les pieds-noirs s’agglutinent à leur tour avec leurs cabanes de chaume, fuyant dans un premier temps la Mitidja, contraints par les assauts fréquents de la résistance, la misère et les épidémies. C’est à partir de ce fort qu’avait été envoyé le contingent français qui a massacré la tribu des Ouled El Aouffia, le 6 avril 1832. Nombre de sources historiques font remonter sa date de construction au temps de Pacha Abdi, en 1724. Un outil de mesure high-tech a permis de vérifier que cet ouvrage défensif est un carré parfait mesurant précisément 85 m de côté précisément. L’assiette de terrain sur lequel il a été bâti, appartenait au marabout Sidi Oulid Adda dont les Français avaient fait pour des difficultés de prononciation Ouali Dadda. 

Une fontaine et des abreuvoirs permettaient, en ce temps-là, aux itinérants et aux troupes de s’approvisionner en eau et d’abreuver leurs montures au lieudit El Harrach. La campagne alentour était envahie d’herbes folles et de marais infestés d’insectes, fréquentée habituellement par des bédouins et des bergers menant paître leurs troupeaux. Sous la Régence d’Alger, El Harrach faisait partie de l’outane des Beni Moussa. Il faut noter qu’à cette date, Alger comptait onze outanes ou territoires, à savoir Ben Khelil, Beni Moussa, Isser, Sebaou, Beni Djaâd, Beni Khelifa, Hamza, Essebt, Arib, Beni Menacer, et El Fahs ou banlieue d’Alger, à proprement parler. Pendant la période de colonisation, un arrêté, datant du 17 octobre 1844, reconnut le centre de population d’El Harrach qui fut aussitôt rattaché, à titre provisoire, au village voisin d'Husseïn Dey. 

Ce dernier, considéré alors comme simple annexe de la commune d’El Qubba (Kouba). Le bourg insignifiant d’El Harrach fut intégré le 22 août 1851, dans la circonscription de la commune de Bordj El Kiffane, ex-Fort de l’eau ou ex-Rassauta, forme française de l’expression Ras El Outa, signifiant sommet de la plaine. Le 14 août 1869, le chef-lieu de Bordj El Kiffane est transféré à El Harrach, laquelle commune pouvait jouir de façon définitive, à compter du 14 septembre 1870, d’une autonomie administrative. L’agglomération d’El Harrach est devenue, au fil du temps, un des principaux faubourgs de la capitale établie à 12 km de cette dernière. 

Elle constitue aussi une circonscription administrative, daïra dont le chef-lieu est la ville éponyme, regroupant les communes de Bachdjarrah, El Harrach, Bourouba et Oued Smar. Cette commune était anciennement renommée dans l’Algérois pour son oued malodorant, son pont historique, son vieux bordj turc, mais aussi pour être tour à tour, le 23 octobre 1541 et le 1er juillet 1775, le théâtre de la débâcle de deux expéditions dirigées successivement par l’Espagnol Charles Quint et l’Irlandais Oreilly. Oued El Harrach prend sa source au pied de l’Atlas blidéen non loin de l’ancien douar des Beni Moussa, et de l’établissement thermal dont le nom est Hammam Alouane. Pendant si longtemps, il n’attirait plus les promeneurs qui n’y trouvaient pas vraiment le charme d’une rivière campagnarde. Pourtant, vers 1920, les pêcheurs et les lavandières s’y bousculaient et son cours était favorable à la navigation et à la baignade. 

Le nom de la ville lui vient de ce fameux fleuve dont la dénomination serait, elle aussi, d’après l’étymologie, inspirée par un phénomène qui se produit par l’action de frottement des graviers et des cailloux charriés par ses eaux. Les anciens habitants de la plaine ont pris l’habitude de désigner ce fait naturel sous le nom de L’Harrach. Le mot Harrach trouve sa racine dans le terme arabe hrach, signifiant rude au toucher. Avant que la cité ne reprenne définitivement, au lendemain de l’indépendance le toponyme El Harrach, elle s’est fait successivement appelée : Bordj El Qantra, Bordj l’Agha, Bordj Yahia, Bordj El Harrach, Draâ El Harrach, Koudiet El Harrach et en fin Maison-Carrée. 

Cette dernière appellation lui a été donnée par les troupes d’occupation françaises en raison de l’aspect géométrique de la citadelle turque. Le pont historique franchissant l’oued El Harrach, en plein centre-ville, est l’une des toutes premières infrastructures que l’homme a pu réaliser dans cette partie de la banlieue est d’Alger.  Il  était l’un des rares dans le pays, il fut édifié en 1697 par Hadj Ahmed Bacha. Celui-ci fut restauré et remanié à différents moments, une première fois en 1736 à l’époque d’Ibrahim Ben Ramdane, puis une autre fois en 1830. Ce viaduc a vu défiler toute l’histoire de la cité, les cavaliers turcs l’empruntaient régulièrement pour rejoindre leur caserne perchée en haut du bourg.  

D’autres convois sont aussi passés par là, comme ceux des exilés qui partaient vers la Nouvelle Calédonie, ou encore ceux des éleveurs et leurs troupeaux de vaches et de moutons. Ces derniers convergeaient chaque vendredi, au milieu d’une atmosphère chargée de poussière, vers le marché hebdomadaire qui se faisait autrefois appelé Souk El Djemaâ. Il était improvisé, comme son nom l’indique, depuis 1862, dans un beau bois d’eucalyptus qui se trouvait  par le passé, derrière la mairie.  

La ville d’El Harrach est constituée d’un grand nombre de quartiers populaires qui ont surgi de tous les côtés, couvrant complètement les collines, les coteaux et toutes les grandes étendues des plateaux environnants. Parmi les plus anciens et les plus connus nous citerons : Sidi M’barek, quartier de la Gare, Beaulieu, Bellevue, Cinq-Maisons, Lavigerie future commune de Mohammadia, Belfort, La Faïence, Le parc Boumati, PLM, Sainte Corine, Fougereau, Dussolier, Djenan Mabrouk, Diar El Djemaâ, La Cressonnière, Quartier de la Mairie, Le Square, Altairac, Quartier du Centre, La Cité Militaire, Quartier de la Banque, Les Pins et Les Usines.

Sidi M’barek, est l’un des premiers quartiers autochtones de la commune d’El Harrach. Son nom provient d’une ancienne famille maraboutique, originaire de Koléa qui s’est toujours fait représenter par des qubbas, disséminées jadis dans de nombreuses villes de la banlieue algéroise. C’est dans ce lotissement que se voyait au siècle dernier, le dôme du saint personnage Sidi M’barek. Le quartier de Belfort actuel Hassen Badi, qui se situe à une encablure de là, est formé en grande partie de plusieurs lotissements de villas. 

Ces charmantes maisons à micro-jardins où pousse une grande variété d'arbres, furent élevées au tout début des années 1950.  Si vous y faites un tour après une si longue absence, sachez cependant que vous aurez beaucoup de mal à reconnaître les lieux et à retrouver le fort historique qui a été englouti par une ville qui ne cesse de croître. A la limite orientale du quartier de Belfort, s’étale une zone où se concentrent quelques établissements d’enseignements supérieurs. Le plus renommé d’entre eux est l’Institut national algérien de la recherche agronomique, qui a été ouvert en 1905.  Il n’y a pas si longtemps, l’agglomération d’El Harrach ne se confondait pas encore comme maintenant avec la capitale. 

Assise comme nous l’avons mentionné précédemment à cheval sur la Mitidja et le Sahel, celle-ci continue inéluctablement son extension dans la plaine et grimpe sur les collines. Son cours d’eau, la voie ferrée, le métro et la mer toute proche sont des avantages parmi tant d’autres qui font d’elle l’une des villes les plus importantes de l’Algérois.
 

 


 

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