Entre bombardements intensifs et ordres d’évacuation : L’enfer dans les villages du Sud-Liban

14/10/2024 mis à jour: 08:35
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Ce dimanche 13 octobre a été marqué par une série de raids déclenchés tôt le matin dans plusieurs régions - Photo : D. R.

Selon le ministère libanais de la Santé, le bilan des pertes humaines enregistrées entre le 23 septembre et le 11 octobre 
s’élève à 2255 morts et 10 524 blessés au Liban.

L’armée israélienne poursuit avec acharnement son offensive sur le Liban en intensifiant ses frappes, notamment au Sud. Parallèlement, le Hezbollah a engagé des «combats rapprochés» contre les troupes israéliennes au sol. Simultanément à ses raids meurtriers, l’armée sioniste continue d’émettre des ordres d’évacuation comme elle le fait à Ghaza, obligeant les civils à vider leurs maisons dans un délai très court.

Une autre manière de terroriser la population et de faire dans la guerre psychologique. «L’armée israélienne avait récemment appelé les habitants de 25 localités du sud du Liban, dont ceux de Nabatiyeh, à partir vers le Nord. Samedi, elle a appelé à évacuer une vingtaine d’autres», indique l’AFP. Hier, Israël «a de nouveau appelé à évacuer des villages dans le sud du Liban», ajoute la même source. 

D’après l’agence d’information officielle libanaise ANI, l’aviation sioniste a mené plusieurs frappes durant la nuit de samedi à dimanche. Ces bombardements intensifs ont ciblé, entre autres, une mosquée à Kfar Tebnit, près de Nabatiyeh, la détruisant complètement. «Cette mosquée centenaire était un symbole, car les familles se rassemblaient sur son parvis pour célébrer des occasions», déplore le maire de Kfar Tebnit, Fouad Yassine, cité par l’ANI.

Secouristes ciblés et mosquées détruites

Selon L’Orient-Le-Jour, cette attaque a fait plusieurs morts. «A Kfar Tebnit, la mosquée du village et plusieurs maisons environnantes ont été frappées par l’aviation israélienne, un bombardement qui a tué cinq personnes selon les premières informations de notre correspondant», écrit le journal libanais qui suit en direct les événements. Le même média a fait état hier de la destruction d’une autre mosquée, près de Sour (Tyr) : «L’armée israélienne a détruit la mosquée de Dhaïra, localité du district de Tyr, qui se trouve à 200 mètres de la Ligne bleue.» L’Orient-Le-Jour rappelle que «la semaine dernière, c’était la mosquée de Yaroun, dans le gouvernorat de Bint Jbeil, qui avait été détruite».

De son côté, la Croix-Rouge libanaise a alerté hier sur une attaque ayant ciblé une maison dans le sud du Liban, et qui a touché plusieurs de ses secouristes. Ces derniers intervenaient pour évacuer des blessés «en coordination avec la Finul (la Force intérimaire des Nations unies)». «Alors que l’équipe cherchait des victimes à secourir, la maison a été frappée pour la seconde fois, causant des commotions aux secouristes et des dégâts à deux ambulances», précise la Croix-Rouge libanaise, citée par l’AFP. Sur cette même affaire, L’Orient-Le-Jour rapporte : «La Croix-Rouge libanaise a annoncé ce matin (hier, ndlr) qu’une frappe israélienne à Srebbine, au Liban-Sud, a blessé quatre secouristes. Ces secouristes faisaient partie d'une équipe dépêchée dans le village après un premier bombardement.» 

Ce dimanche 13 octobre a été marqué par une série de raids déclenchés tôt le matin dans plusieurs régions. «Au cours des premières heures de la journée, l’aviation israélienne a mené des frappes violentes, avec plusieurs missiles, sur le quartier Charhabil de Saïda, grande ville du Liban-Sud. Selon notre correspondant dans la région, un bâtiment résidentiel vide a été visé, et cette frappe a fait quatre blessés légers, parmi les habitants des immeubles voisins.

C’est la première fois que ce quartier de Saïda est visé» note L’Orient-Le-Jour. A l’est, dans la plaine de la Békaa, «un avion de chasse israélien a frappé à l’aube la proximité de Younine, au nord de Baalbeck, sans faire de victimes», ajoute la même source. Selon l’ANI, «l’aviation israélienne a attaqué plusieurs localités du district de Tyr (Sour)». L’agence de presse libanaise nous apprend en outre que des avions de combat israéliens «ont mené une frappe près d'un véhicule de l'armée libanaise sur la route de Burj Al Muluuk, faisant trois blessés». 

«Le Hezbollah conserve un bon stock de missiles»

L’armée israélienne a affirmé avoir frappé 280 cibles au Liban et à Ghaza en 24 heures, entre vendredi soir et samedi, indique l’AFP. 
De son côté, le Hezbollah a mené plusieurs opérations militaires et s’est accroché avec des troupes israéliennes au sol. Dans une série de communiqués, il fait savoir qu’il a lancé une série de salves de roquettes contre des objectifs israéliens.

«En soutien à notre peuple palestinien dans la bande de Ghaza et à sa vaillante et honorable résistance, et pour la défense du Liban et de son peuple, les moudjahidine de la Résistance islamique ont pris pour cible, à 15h15 dimanche 13 octobre 2024, un char de soldats ennemis israéliens à l’aide d’un missile guidé au sud de la ville d'Al Qawzah.

Le char a pris feu, causant des pertes à son équipage, entre morts et blessés», a annoncé le groupe paramilitaire chiite libanais dans un communiqué. «Au Liban-Sud, le Hezbollah a annoncé avoir tiré des obus d’artillerie sur un groupe de soldats israéliens sur les ''hauteurs de Kanaan'' dans le village de Blida (district de Marjeyoun) à 15h20. Il s’agit de la 23e attaque menée par le parti contre Israël aujourd’hui (hier, ndlr)», lit-on sur le site de L’Orient-Le-Jour.

Le mouvement de résistance libanais a revendiqué, par ailleurs, une attaque avec des missiles «contre la base militaire de Tirat Carmel, localité du sud de Haïfa, à près de 40 kilomètres de la frontière avec le Liban». D’un autre côté, «le Hezbollah dit avoir frappé des troupes israéliennes dans plusieurs localités libanaises, notamment Blida, Ramiyé et Maroun El Ras, et lancé des attaques sur Haïfa et la région d’Acre. L’armée israélienne annonce deux blessés dans ses rangs», précise L’Orient-Le-Jour.

De fait, l’armée sioniste a déclaré qu’un officier et un soldat réserviste ont été «grièvement blessés» hier au Liban-Sud, dans deux «incidents» distincts. En outre, elle a estimé à 70 le nombre de roquettes que le Hezbollah a tirées vers des positions israéliennes depuis samedi soir, à minuit. Haaretz affirme que lors d’une réunion du cabinet israélien qui s’est tenue hier, des responsables sécuritaires de l’entité sioniste ont déclaré que le Hezbollah détient encore environ «un tiers de son stock de missiles de moyenne et courte portée». Selon le ministère libanais de la Santé, le bilan des pertes humaines enregistrées au Liban entre le 23 septembre et le 11 octobre s’élève à 2255 morts et 10 524 blessés.

Lazzarini : «L’extension de la guerre au Liban nous éloigne d’un cessez-le-feu»

Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a mis en garde contre les répercussions de la guerre qui embrase le Levant, estimant que celle-ci va compromettre les chances d’un cessez-le-feu à Ghaza. «Je reviens juste du Liban où les gens vivent dans la peur et l’anxiété», a-t-il témoigné sur les réseaux sociaux. Et de prévenir : «L’extension de la guerre au Liban nous éloigne de la conclusion d’un cessez-le-feu nécessaire pour apporter un répit aux civils dans la région.»

«Les équipes de l’UNRWA, a-t-il poursuivi, travaillent 24 heures sur 24 dans les abris accueillant des Palestiniens, des Syriens et des Libanais. Ils leur fournissent une assistance de base, notamment un soutien psychologique pour les enfants». «Il est temps que les dirigeants fassent preuve de courage et mettent un terme à la tragédie humaine qui s’étend à toute la région», conclut-il. M. B.

5 hôpitaux et 100 centres de santé fermés au Liban, selon l’OMS

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la guerre déclenchée par l’entité sioniste contre le Liban a provoqué la fermeture de 5 hôpitaux et de 100 centres de santé. Le directeur général de l’agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré avant-hier, en effet, dans un communiqué, que «sur 207 centres de soins de santé primaires dans les zones de conflit au Liban, 100 centres ont été fermés en raison de l’escalade de la violence».

Il a ajouté que «cinq hôpitaux ont également été fermés en raison des dégâts structurels résultant des attaques». Et d’insister sur «la nécessité de mettre un terme aux attaques contre les agents du secteur de la santé libanais, qui ont causé la mort de près de 100 personnes». «Le nombre de personnes blessées, poursuit-il, augmente et le système de santé (au Liban) a du mal à faire face à la situation en raison de ressources humaines et matérielles limitées.» Le patron de l’OMS appelle à «une protection urgente des patients et des professionnels de santé au Liban». M. B.

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