Enseignement supérieur : Les ambitions de l’université algérienne

25/05/2022 mis à jour: 03:03
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L’université de Bab Ezzzouar a produit des milliers de diplômés de grande qualité (Photo : Souhil B)

L’USTHB, l’Université des sciences et de la technologie Houari Boumediène de Bab Ezzouar, vient d’être classée première à l’échelle nationale sur 26 établissements universitaires, d’après un classement établi par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), rapporte l’APS. 

Suivant ce même palmarès, l’université Boubaker Belkaid de Tlemcen a été classée deuxième, l’université Ferhat Abbas de Sétif troisième, tandis que les universités Mohamed Boudiaf de M’sila et Djillali Liabes de Sidi Bel Abbès ont décroché respectivement la quatrième et la cinquième places. 
 

L’annonce de ce «ranking» a été faite dans le cadre de la deuxième édition de La Semaine scientifique nationale, abritée cette année par l’université Ferhat Abbas (Sétif 1) du 16 au 21 mai 2022. Une cérémonie de remise des prix en l’honneur des universités susmentionnées s’est tenue samedi dernier à la salle de conférences Mouloud Kacem Nait Belkacem, au cœur du grand campus sétifois, à la clôture de cette semaine scientifique.
 

«Figurer parmi les 500 meilleurs universités à l’échelle mondiale»
 

C’est la première fois, convient-il de le signaler, qu’un tel classement des universités les plus performantes du pays est organisé en Algérie. Dans une allocution prononcée samedi à Sétif, le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdelbaki Benziane, a précisé, en parlant de ce classement : «Le secteur (de l’Enseignement supérieur, ndlr) a établi, pour la première fois en Algérie, un système numérique de Classement des établissements d’enseignement supérieur algériens (CEESA) et qui consistera à choisir les cinq premiers établissements universitaires du pays.»

 Le ministre a fait savoir dans la foulée que ces cinq universités «bénéficieront de l’accompagnement du secteur afin de figurer parmi les 500 meilleures universités du classement mondial», affirmant que «c’est l’objectif que nous nous sommes assigné dans le cadre du programme du gouvernement (2021-2024)». 

M. Benziane a assuré en outre, selon des propos relayés par l’APS, que «des critères scientifiques, pédagogiques et innovants ont été pris en considération dans la sélection des universités qui ont remporté les cinq premières places, en plus de l’ouverture de ces universités sur leur environnement économique, social et international». 
 

De son côté, le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur, Noureddine Ghouali, a évoqué, lors d’une conférence de presse animée à l’université Ferhat Abbas en amont de la tenue de cette semaine scientifique, «l’organisation du premier concours de classement des établissements d’enseignement supérieur en Algérie», indiquant que cinq de ces établissements «seront choisis durant la deuxième édition de la Semaine scientifique nationale, en vue de les intégrer dans la course au classement mondial des universités» (dépêche APS du 7 mai 2022 ). 
 

A propos de l’esprit de ce classement (CEESA), le ministère de l’Enseignement supérieur explique, à travers son site web (www.mesrs.dz) : «Les classements des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, produits par différents organismes et institutions, se sont multipliés dans un environnement mondial concurrentiel de recherche de l’excellence et de la performance. 

Ces classements ont pour but d’offrir une possibilité aux décideurs politiques de promouvoir des projets de réforme alors qu’ils permettent d’aider les étudiants dans leurs choix de formation supérieure à travers des comparaisons entre les établissements.» 

Et le MESRS de souligner : «Dans ce contexte, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique lance le Classement des établissements d’enseignement supérieur algériens à partir des critères existants dans les différents classements mondiaux des établissements d’enseignement supérieur, tout en tenant compte des spécificités nationales, et ce, pour une meilleure prise en charge du caractère national en matière de structure, d’organisation et d’investissement.»  
 

A noter que l’USTHB a récemment décroché également la première place à l’échelle nationale sur 107 établissements universitaires algériens à un autre classement. Il s’agit du classement Webometrics monde, publié le 31 janvier 2022. «L’émergence de l’USTHB dans ce classement a été le résultat d’un plan intégré visant à promouvoir l’université et à la rendre mondiale grâce à un soutien continu à la recherche scientifique et à l’encouragement des chercheurs pour une publication scientifique distinguée», avait annoncé l’université de Bab Ezzouar dans un communiqué. 
 

«C’est un bon stimulant»
 

Explicitant les critères de ce classement, l’USTHB faisait remarquer : «Cette classification s’articule autour d’indicateurs académiques stricts, liés principalement à la qualité de la production de la recherche scientifique et à la capacité de l’université à diffuser la science et la connaissance via son site web.» 
 

Dans une longue interview que nous avait accordée dernièrement le professeur Djamal-Eddine Akretche, recteur de l’USTHB, et parue le 25 avril 2022 à l’occasion du 48e anniversaire de la création de l’immense campus dessiné par Oscar Niemeyer, nous avons abordé avec lui cette question des classements universitaires et lui avions demandé ce que cela représentait pour lui. 

Le Pr Akretche nous répondit : «C’est d’abord un bon stimulant. Cela permet de se jauger. Maintenant, il existe plusieurs classements à travers le monde, et chacun a ses critères. Le classement Webometrics sort tous les six mois. C’est un labo espagnol qui fait de la webométrie, qui l’établit. 

Ce sont eux qui prennent les informations directement par le biais des sites web. Ils font une évaluation tous les six mois sur 30 000 établissements à travers le monde. Nous, on est dans les 2150 à l’échelle mondiale. C’est quand même un bon classement. Il ne faut pas comparer l’incomparable. Avec les moyens que nous avons, c’est un bon score. Si on se compare au MIT ou à une université européenne, ça n’a rien à voir. 

D’ailleurs, après le classement, je me suis amusé à dresser un comparatif avec d’autres universités. J’ai pris MIT et j’ai pris l’université de Montpellier, qui compte 16 UFR (Unité de formation et de recherche) et 54 000 étudiants, soit à peu près comme nous, mais leur budget de fonctionnement est 12 fois supérieur au nôtre. En plus, ils ont la possibilité de travailler avec des entreprises industrielles, et ça leur rapporte de l’argent supplémentaire. 

Les procédures budgétaires chez eux sont beaucoup plus simples que les nôtres. Il y a plus de souplesse. Un directeur de labo est ordonnateur. Enfin, il y a beaucoup de paramètres qui diffèrent par rapport à notre fonctionnement. Et je ne parle pas des frais d’inscription qui sont chez nous hyper-symboliques (200 DA, ndlr). (…) Donc arriver à cette place avec les moyens qui sont les nôtres, je pense que c’est un classement plus qu’honorable. 

Actuellement, nous sommes en train d’enclencher des mécanismes pour avancer dans ce classement. Nous faisons des audits pour voir qu’est-ce qu’on peut développer. Nous essayons également d’interagir avec le secteur socio-économique» (El Watan du 25 avril 2022).
 

L’Université des sciences et de la technologie Houari Boumediène a été créée, rappelle-t-on, par l’ordonnance n°74-50 du 25 avril 1974. Elle a formé depuis plus de 100 000 diplômés, dont des chercheurs de rang mondial, à l’instar de Belkacem Habba, Yasmine Belkaid ou encore Noureddine Melikechi.

Aujourd’hui, l’université compte près de 50 000 étudiants, selon le Pr Akretche, encadrés par quelques 1962 enseignants. 
 

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