Enquêtes économiques dans le secteur de l’industrie sidérurgique : La volonté politique du président Tebboune

15/03/2023 mis à jour: 19:14
2007
Le complexe sidérurgique d'El Hadjar à Annaba

Après la mise sous mandat de dépôt de cinq cadres dirigeants, dont deux PDG de groupes et le SG de l’UGTA Annaba, les auditions des présumés accusés, témoins à charge et à décharge, se poursuivent toujours dans les locaux du service central de lutte contre le crime organisé de Saoula (Alger). 

Les limiers de ce service d’investigation sont, jours et nuits, sur la brèche pour démêler l’un des plus vieux et complexe dossiers qu’a connu le secteur de l’industrie nationale. «Il a fallu une véritable volonté politique, engagée par le président de la République, Abdelamdjid Tebboune, à travers l’actuel DGSN, pour oser ce coup de pied dans la fourmilière», se félicitent les sidérurgistes du complexe Sider El Hadjar. Malheureusement, cette célérité dans le traitement de ce dossier, inextricablement mêlé, n’a pas concerné plusieurs autres enquêtes au niveau du complexe El Hadjar, engagées, entre autres, à Annaba depuis octobre 2018. 

En effet, enclenchée à l’époque par la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Annaba, l’enquête sur sept dossiers ayant trait à la gestion et les marchés au complexe sidérurgique Sider El Hadjar n’a toujours pas abouti. 

Les sidérurgistes n’arrivent pas à comprendre la lenteur dans le traitement de ces dossiers, les uns aussi compromettant que les autres. Ils s’impatientent toujours de voir les mis en cause, dont le staff dirigeant de cette période, comparaître devant la justice et rendre compte de leurs présumés méfaits. «Toutes les enquêtes, plus importantes que celles de Sider El hadjar, ont été achevées et les accusés présentés devant la justice. Après l’audition de 37 cadres et employés, rien n’a filtré depuis. 

Il s’agit de marchés conclus de gré à gré, de paiements préalables de marchés avant leur achèvement, trafic de sable, achat d’équipements obsolètes… Le contexte est là pour s’interroger et s’inquiéter sérieusement sur le sort de ces enquêtes, qui ont duré plusieurs années. 

Les méfaits des mis en cause ont coûté des milliards de dinars à l’usine qui, jusqu’à ce jour, est régulièrement sujette à des pannes, baisse de production et manque de pièces de rechange», s’étonnent plusieurs cadres de Sider El Hadjar.  En octobre 2018, l’ex-procureur général près la cour de justice de Annaba, M. Nahnouh, avait donné le feu vert aux enquêteurs de la Gendarmerie nationale locale pour la perquisition de l’administration du complexe sidérurgique Sider El Hadjar. 

Contacté suite à la signature d’un contrat de gré à gré avec la société Tonic portant sur la location de matériels de manutention, dont le montant est de 100 milliards de dinars, selon le bon de commande en notre possession, Chemseddine Maâtallah, l’ex-PDG du groupe Sider, avait déclaré que «Sider El Hadjar n’est pas soumise au code du marché». 

Au lendemain de l’ouverture de cette enquête, un autre scandale similaire avait fait surface. Il s’agit, selon nos sources, d’un marché ayant trait à l’importation de six poches tonneaux, destinées au transport, par voie ferrée, de la fonte liquide, depuis le haut-fourneau vers les autres unités de transformation. Elles se sont avérées non conformes aux équipements du complexe sidérurgique d’El Hadjar. D’une valeur de plus de trois millions de dollars, ce marché avait été conclu en juillet 2016 avec une société chinoise de fabrication de machines lourdes, Dalian Huarui Heavy Industry Co. Group Ltd (DHHI). 

Au début de l’année 2017, les poches tonneaux chinoises ont été expédiées depuis l’usine de DHHI en plusieurs lots et montées au niveau du complexe d’El Hadjar par des ingénieurs chinois en l’absence des Algériens. L’opération a été achevée en septembre 2017 sous garantie de 12 mois. Cependant, les essais n’étaient pas concluants pour des raisons sécuritaires et techniques. Si elles n’ont pas connu un autre sort, les six poches tonneaux chinoises sont exposées à la dégradation et leur destin demeure inavoué. 

La mauvaise gestion, la dilapidation des biens publics, les trafics de marchés et les contrats douteux de sous-traitance ont siphonné sa trésorerie. On est ainsi loin des annonces politiques faites en grande pompe d’alimenter l’industrie automobile et l’électroménager en produits plats, de la production du coke, etc. «il faut justifier toute la trésorerie du complexe, dont les centaines de millions de dollars octroyés par Ouyahia, Sellal et Bedoui pour un plan de redressement dont les objectifs n’ont souvent pas été atteints. Les pannes récurrentes et les multiples arrêts du HF en sont la preuve», insistent les sidérurgistes. 

Rappelons que le service central de lutte contre le crime organisé de Saoula est chargé de mener des investigations en matière de crime organisé, de terrorisme, d'actes subversifs et de lutte contre le crime économique et financier en coordination avec les partenaires sécuritaires et les autres services nationaux spécialisés. 

Il représente un acquis important, venant s’ajouter aux efforts consentis pour garantir la sécurité et la sérénité, deux facteurs permettant la réalisation de la stabilité et la protection de l’économie nationale. A suivre…

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