Les potentialités touristiques, dont les sites historiques et archéologiques répartis sur les différentes régions d’Algérie, ne cessent d’impressionner les visiteurs étrangers. En témoigne l’intérêt et l’engouement qui sont manifestés lors des multiples visites guidées organisées par les agences de voyages, et dont le nombre a augmenté depuis la reprise des activités touristiques après la pandémie du coronavirus.
C’est le cas de la visite effectuée la semaine dernière à Tébessa par un groupe de 40 touristes polonais venus explorer les vestiges archéologiques de la ville. Cette visite a eu lieu dans le cadre d’un voyage organisé par une agence touristique sous l’égide de la direction du tourisme et avec l’encadrement de l’Office de gestion et d’exploitation de biens culturels (OGEBC). La découverte du produit touristique algérien dans la région Est, ainsi que son patrimoine culturel a toujours été le principal objectif de ces sorties. Une occasion qui s’offre également pour mettre en avant les efforts de l’Etat visant la promotion du tourisme dans notre pays, notamment dans son volet culturel. Cela passe par la mise en place d’une stratégie afin de susciter l’intérêt des étrangers pour les vestiges touristiques et le patrimoine culturel national.
Les autorités de la wilaya de Tébessa ont toujours insisté sur la richesse de la région de Tébessa en vestiges historiques, puisqu’elle compte plus de 2200 sites classés et non classés. Pour rappel, la wilaya de Tébessa, qui a vu le passage des Romains, des Byzantins, des Vandales et des Arabes compte 60% des vestiges archéologiques et historiques de l’Algérie. Ceci sans compter ses richesses naturelles qui demeurent encore dans la liste des potentialités inexploitées. La visite des Polonais montre bien l’intérêt des étrangers pour nos produits touristiques qui ont besoin d’une sérieuse politique de sauvegarde et de protection contre le pillage.
Des richesses à préserver et à valoriser
Lors de leur présence dans la ville de Tébessa, les Polonais n’ont pas manqué d’exprimer leur émerveillement face aux importantes richesses de l’antique Thevest. Ils ont pu visiter le centre-ville où se trouve le fameux Arc de Caracalla, qu’on appelle souvent Porte de Caracalla, érigé en l’an 212 en l’honneur de l’empereur Caracalla, une année seulement après son arrivée au trône de l’empire romain. Parmi les principales curiosités historiques découvertes, on citera également l’amphithéâtre romain, le rempart byzantin qui ceinture la vieille ville, mais surtout la célèbre Basilique Sainte Crispine, une église chrétienne du IVe siècle érigée en 313 sur le lieu même où Crispine, une femme berbère, fut décapitée par les Romains lors de la persécution des chrétien à cette époque.
L’un de monuments les plus célèbres de la ville qui a été découvert par les Polonais est sans conteste le Temple de Minerve, déesse de la pensée, de la sagesse et de l’intelligence chez les Romains, qui demeure jusqu’à nos jours le seul temple bien conservé en Algérie. La visite qui comptait dans son circuit une randonnée à travers les artères de la vieille ville a permis aux hôtes de Tébessa d’apprécier l’architecture et la beauté des lieux, ne manquant pas de prendre des photos souvenirs.
Pour rappel, il y a une année et durant le même mois, un groupe de 37 touristes polonais avait débarqué dans la ville de Tébessa pour visiter et explorer ses vestiges archéologiques. Les Polonais étaient arrivés à l’époque depuis la Tunisie à travers le poste frontalier de Bouchebka, dans le cadre d’un voyage organisé par une agence touristique, avant de prendre la destination de la wilaya de Batna. Si ce genre de visites permet de montrer le vrai visage d’une Algérie riche en vestiges d’une grande importance culturelle et historique, montrant que cette région de la Méditerranée avait été le lieu de passage de plusieurs civilisations, pour les spécialistes qui connaissent bien l’importance de ce patrimoine, il faut plutôt penser à protéger et préserver ces sites contre les actes d’incivisme et de vandalisme. Après des années d’abandon et de laisser-aller, les autorités de la wilaya de Tébessa ont initié des campagnes de nettoyage, ciblant des monuments historiques et des vestiges archéologiques du chef-lieu.
Des opérations qui ont concerné principalement l’amphithéâtre romain et ses environs ainsi que le mur byzantin et le pont Bouhebba. Il fallait voir l’état des lieux, submergés par toutes sortes de déchets ménagers, déblais de constructions, de restes laissés par les commerçants informels, et les mauvaises herbes. Un état qui devra s’effacer pour donner une belle impression aux visiteurs étrangers de la ville de Tébessa. Si ce genre d’actions est à saluer, il est plus urgent de mettre en place un plan de préservation de ces sites, en prenant des mesures sévères et dissuasives à l’encontre des habitants qui seraient à l’origine de leur pollution et leur dégradation.
«Il faut désormais sévir contre les pollueurs, les pilleurs, mais aussi nettoyer les lieux des énergumènes qui les fréquentent, notamment les vendeurs informels et la faune de délinquants qui infestent ces monuments pour s’adonner à la consommation d’alcool et de drogues troublant la quiétude des riverains», ont noté des citoyens de l’antique Thevest sur les réseaux sociaux.