En quête de rétablissement des relations avec la Syrie : Le président turc Erdogan a proposé une rencontre à Al Assad à New York

22/09/2024 mis à jour: 08:27
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En quête de rétablissement des relations avec la syrie

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a demandé à rencontrer son homologue syrien Bachar Al Assad à New York, en marge des travaux de l’ONU, pour «normaliser» leurs relations, a-t-il annoncé hier, selon l’AFP. 

«Nous avons demandé à rencontrer Bachar Al Assad afin de normaliser les relations entre la Turquie et la Syrie. Nous attendons désormais la réponse de l’autre partie», a déclaré le chef de l’Etat à la presse avant son départ pour rejoindre l’Assemblée générale des Nations unies, où il doit prendre la parole demain.

Le président turc, qui a soutenu, en vain, les efforts des rebelles syriens pour renverser le régime de Bachar Al Assad, cherche depuis plusieurs mois un rapprochement avec ce dernier et l’a invité en Turquie, sans résultat jusqu’à présent.

Ankara, qui contrôle de vastes portions du territoire syrien dans le Nord-Ouest avec le soutien de factions rebelles syriennes, accueille plus de 3,2 millions de réfugiés syriens, selon les données officielles de l’Onu, sur une population de 85 millions d’habitants.

Fin juin, le président turc a tendu la main à son homologue syrien. «Nous ne voyons aucun obstacle au rétablissement des relations avec la Syrie», a-t-il déclaré à Istanbul, estimant que son pays n’a «jamais eu l’objectif de s’immiscer dans les affaires internes de la Syrie». «Il est une époque où nous étions très proches de la Syrie (…), peut-être cela se reproduira-t-il à l’avenir», a-t-il ajouté.

En juillet, le président turc a évoqué la possibilité d’inviter «à tout moment» son homologue syrien, Bachar Al Assad, en Turquie. Des déclarations qui interviennent une semaine après l’éclatement des tensions contre les réfugiés syriens en Turquie : une foule ayant attaqué des propriétés et des véhicules appartenant à des Syriens, dans la ville de Kayseri, en Anatolie.

 Il a affirmé que certains dirigeants, à l’exemple du président russe Vladimir Poutine, ont souhaité une rencontre avec Al Assad en Turquie. Et d’ajouter : «Nous sommes arrivés à un point où dès que Bachar Al Assad fera un pas vers de meilleures relations avec la Turquie, nous lui montrerons la même approche.»

Les deux pays ont rompu toutes relations officielles en 2011, après le début des révoltes qui ont secoué la Syrie. Lors de ces événements, Ankara a soutenu, aux côtés de l’Occident et des monarchies du Golfe, l’opposition sur les plans politique et militaire et a appelé à la chute d’Al Assad.

En octobre, après plusieurs réunions en Turquie, des opposants ont créé un Conseil national syrien réunissant les courants politiques opposés au régime. Un colonel déserteur syrien, réfugié en Turquie, a fondé en juillet l’Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes pour combattre le régime de Damas. Fin 2012, la Turquie reconnaît la nouvelle Coalition de l’opposition en tant que «seule représentante légitime du peuple syrien». En juillet 2015, la Turquie est rattrapée par le conflit en Syrie, avec un attentat attribué à l’EI à Suruç, près de la frontière syrienne (34 morts).


«Fin de l’occupation»

En août, Ankara rejoint la coalition contre le groupe Etat islamique (EI) et effectue quatre interventions militaires de grande ampleur en Syrie, où elle occupe, avec l’aide de ses affidés, une bande de territoire transfrontalier.

D’août 2016 à mars 2017, Ankara lance l’opération «Bouclier de l’Euphrate» dans le Nord syrien, de l’autre côté de sa frontière, pour débarrasser la zone, selon elle, de l’EI et de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). 

Partenaires des Occidentaux dans la lutte antidjihadiste, les YPG sont considérés comme une organisation «terroriste» par Ankara pour leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla en Turquie.

L’opération permet à la Turquie d’établir un tampon entre les différents territoires contrôlés dans le Nord syrien par des groupes kurdes. De janvier à mars 2018, les forces turques et leurs supplétifs syriens prennent aux YPG l’ensemble d’Afrine (nord-ouest) à l’issue de l’offensive baptisée «Rameau d’olivier».

En octobre 2019, la Turquie lance une opération aérienne et terrestre, baptisée «Source de paix», visant les milices kurdes. Celle-ci lui permet de prendre le contrôle à sa frontière d’une bande de territoire d’une trentaine de kilomètres de profondeur. Le 11 mars 2020, Ankara mène l’opération «Bouclier du printemps» contre le régime de Damas, après des semaines d’escalade dans le Nord-Ouest syrien.

En parallèle, la Syrie commence à sortir de son isolement diplomatique. Ainsi, en 2018, les Emirats arabes unis, premier Etat du Golfe à avoir rétabli ses relations avec Damas, ont rouvert leur ambassade. 

En août 2022, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a reconnu avoir eu quelques échanges avec son homologue syrien. En décembre, une rencontre officielle s’est déroulée à Moscou entre les ministres turc et syrien de la Défense. Fin décembre 2022, les ministres turc et syrien de la Défense s’entretiennent lors d’une réunion tripartite à Moscou. Mais Bachar Al Assad estime qu’un rapprochement implique «la fin de l’occupation» turque du territoire syrien. Proposition rejetée par Ankara. De leur côté, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis ont œuvré à la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, actée le 6 mai 2023. Il n’est plus question de renverser Al Assad. 

Le 12 avril, le ministre syrien des Affaires étrangères effectue une visite surprise en Arabie Saoudite, une première depuis le début du conflit syrien. Deux semaines plus tard, la Tunisie nomme un ambassadeur à Damas. En mai 2023, les ministres des Affaires étrangères turc et syrien se sont rencontrés en Russie. 

A cette occasion, Moscou a proposé d’élaborer une feuille de route pour normaliser les relations entre Damas et Ankara. «Un résultat optimal de notre rencontre d’aujourd’hui pourrait être un accord pour charger des experts d’élaborer (...) un projet de feuille de route pour une normalisation turco-syrienne, qui sera ensuite présentée à nos chefs d’Etat», a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à cette occasion.


Selon lui, ce document doit permettre à Damas et Ankara de «fixer clairement leurs positions sur les sujets prioritaires pour eux» afin de pouvoir «rétablir le contrôle du gouvernement syrien sur l’ensemble du territoire du pays et assurer de manière solide la sécurité de la frontière avec la Turquie de 900 km de long».
 

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