L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a réduit hier, dans son rapport mensuel, ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2024, citant des données plus faibles que prévu pour le premier semestre de l’année et des attentes plus faibles pour la Chine.
Globalement, l’OPEP table sur une demande de 104,32 millions de baril par jour (mb/j) pour 2024. Pour 2025, elle prévoit une demande de 106,11 mb/j, et donc une progression de 1,8 mb/j, elle aussi presque inchangée par rapport aux projections précédentes et soutenue principalement par les pays hors OCDE.
En dépit de cette légère baisse, cette croissance de la demande demeure toutefois très robuste, selon l’OPEP qui souligne : «Les prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2024 sont légèrement révisées à la baisse de quelque 135 000 barils par jour» par rapport au mois dernier, pour s’établir à 2,1 millions de baril par jour, bien au-dessus de la moyenne historique de 1,4 million de barils par jour observée avant la crise de la Covid-19. «Cette révision reflète les données réelles reçues pour le premier trimestre 2024 et, dans certains cas, pour le deuxième trimestre, ainsi que l’atténuation des attentes concernant la croissance de la demande de pétrole de la Chine en 2024», précise le rapport de l’OPEP.
En effet, la principale cause, selon l’OPEP, est liée au tassement des attentes, s’agissant de la demande chinoise de pétrole, en raison du «léger ralentissement» de la croissance chinoise observé au deuxième trimestre 2024, après une croissance de 5,3% au premier trimestre par rapport à la même période de l’année précédente. Ces inquiétudes concernant la conjoncture chinoise ont «contribué à une pression à la baisse sur les prix», selon l’OPEP, qui note qu’«entre mai et juillet, les prix du pétrole ont baissé», notamment en raison de ventes spéculatives qui ont atténué les primes liées aux risques géopolitiques et à des indicateurs économiques mitigés.
La production s’est accrue
Après ce tassement, qui a tempéré la hausse des prix observée entre janvier et avril, l’OPEP table sur une demande qualifiée de «solide» pour les carburants de transport sur route et chez les compagnies aériennes. L’OPEP estime, par ailleurs, que les opérations de maintenance dans les raffineries à l’automne et les perturbations climatiques liées à la saison des ouragans pourraient «restreindre la production» et faire monter les prix au second semestre. Par ailleurs, le rapport fait ressortir que la production des pays membres de l’OPEP a augmenté d’environ 185 000 barils par jour au cours du mois dernier, portant le total à 26,746 mb/j, la production pétrolière de l’OPEP+ s’est de son côté accrue en juillet 2024 de 117 000 bj. Ainsi, la production totale de pétrole dans les 22 Etats membres de l’OPEP+ est passée à 40,907 mb/j au cours du mois dernier, contre 40,790 mb/j en juin 2024.
Et ce, malgré la poursuite de l’accord visant à réduire les approvisionnements de deux millions de barils par jour à partir de novembre 2022 jusqu’à fin 2025, en plus des réductions volontaires d’environ 1,6 mb/j annoncées par 9 pays depuis mai 2023. Le rapport de l’OPEP est intervenu hier alors que les prix du pétrole montaient, poussés par le risque géopolitique, avec la crainte actuelle d’un conflit de plus en plus étendu au Moyen-Orient. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, prenait 0,90% à 80,38 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, gagnait 1,04%, à 76,40 dollars.
Les prix des deux références mondiales du brut gagnent du terrain en raison «de nouvelles inquiétudes concernant l’offre, dues aux tensions croissantes au Moyen-Orient», commentent des analystes. Par ailleurs, «les données plus positives sur l’emploi américain publiées la semaine dernière ont apaisé les craintes d’une récession américaine», rappellent les analystes.