Malgré des stocks élevés et une demande modérée, le marché gazier européen reste nerveux et sensible au risque de chocs inattendus sur l’offre jusqu’au troisième trimestre 2024.
Selon une analyse Platts, «les prix qui ont augmenté de 50%, depuis le récent creux atteint en février, restent relativement élevés, reflétant la nervosité du marché».
Les analystes de S&P Global Commodity Insights s’attendent à ce que «les sites de stockage soient pleins à 100% d’ici fin octobre, et que les importations de GNL poursuivent leur augmentation, par rapport à leurs récents plus bas, même si elles devraient être inférieures de 4% sur un an, au troisième trimestre».
Les Etats-Unis, où les températures élevées traversent de nombreuses régions du pays, se préparent également à la volatilité des prix du gaz et de l’électricité. «Les contraintes d’approvisionnement en gaz ou la demande de refroidissement pourraient entraîner des pics de demande d’électricité», selon Platts.
Par ailleurs, selon le site vie-publique, rattaché aux services du Premier ministère français, la sécurisation de l’approvisionnement en gaz de l’UE est toujours fragilisée par «des risques persistants» ; une nouvelle crise gazière n’étant pas à écarter.
«Depuis le début de la guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine, l'Union européenne (UE) a adopté plusieurs mesures (...) Les résultats ne sont pas toujours probants, et l’UE, avertit la Cour des comptes européenne (CCE), doit se préparer à affronter une nouvelle crise gazière.» Une enquête de la CCE, datée du 24 juin «vise à déterminer si les actions stratégiques de l’UE destinées à assurer la sécurité de l’approvisionnement en gaz ont été efficaces», note la même source.
En 2022, la Commission avait estimé que «l’arrêt total des livraisons de gaz russe pourrait se traduire par un déficit d’approvisionnement de 30 milliards de mètres cubes et un épuisement des stocks en fin d’hiver 2022-2023. Afin de devancer le problème, le règlement (UE) 2022/1369 du Conseil du 5 août 2022 a instauré une réduction volontaire de la demande d’au moins 15%».
L’objectif a bien été atteint grâce aux actions des Etats membres (-18% d’août 2022 à mars 2023). Toutefois, la CCE n’a pu déterminer si cela tient uniquement aux mesures prises par l’UE ou à des facteurs externes, comme les prix du gaz élevés (50% de la réduction peut être attribuée aux ménages) ou à la douceur de l’hiver, souligne le site d’information du gouvernement français. «L'objectif de remplissage de 90% des installations de stockage de gaz a été respecté et dépassé, mais cela correspond aux niveaux d'avant la crise.
«La CCE ne peut pas non plus évaluer l'efficacité du plafonnement des prix du gaz, car les prix sont restés nettement en deçà depuis la mise en place de ce dispositif», précise la même source. Enfin, la plateforme d’achats groupés «Aggregate EU» n’a pu montrer sa valeur ajoutée, ainsi que le principe de solidarité entre les pays de l’UE en cas de manque d’approvisionnement.