La base militaire française d’Abidjan va être rétrocédée à la Côte d’Ivoire en ce mois de janvier. C’est ce qu’a annoncé mardi soir le président ivoirien, Alassane Ouattara, conformément à la politique de réaménagement du dispositif militaire français en Afrique, selon des propos recueillis par l’AFP. «Nous pouvons être fiers de notre armée dont la modernisation est désormais effective.
C’est dans ce cadre que nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire», a déclaré A. Ouattara, dans son allocution de fin d’année. «Ainsi, le camp du 43e BIMA, le Bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouet (une commune d’Abidjan), sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire dès ce mois de janvier 2025», a-t-il poursuivi.
Il a précisé que le camp serait baptisé du nom du Général Ouattara Thomas d’Aquin, le premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne. Plus tôt dans la journée, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé «la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025», dans un discours à l’occasion du Nouvel an, rapporte l’AFP.
Le 28 novembre, il a déjà indiqué que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal. «J’ai instruit le ministre des Forces armées de proposer une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité, impliquant, entres autres conséquences, la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025», a-t-il déclaré. Il a fixé ainsi pour la première fois une date de départ des bases militaires étrangères dans cette ancienne colonie française, aux relations fortes avec l’Occident, la France notamment.
«Tous les amis du Sénégal seront traités comme des partenaires stratégiques, dans le cadre d’une coopération ouverte, diversifiée et décomplexée», a indiqué le chef de l’Etat sénégalais. Bassirou Diomaye Faye prône la rupture avec le système et se réclame d’un panafricanisme de gauche. Il est entré en fonctions en avril après avoir été élu sur la promesse du souverainisme et de la fin de la dépendance vis-à-vis de l’étranger.
Une présence de plus de 200 ans
Il a déclaré le 28 novembre dans un entretien à Dakar accordé à l’AFP que la présence de bases militaires françaises sur le territoire de son pays est incompatible avec la souveraineté nationale. «Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires (étrangères) dans un pays souverain», a-t-il dit. «Présence militaire ou absence militaire ne doit pas être égale à rupture», a-t-il ajouté. Il a évoqué à cette occasion une mise à jour prochaine de la doctrine de la coopération militaire.
Cette actualisation «impose évidemment qu’il n’y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal, mais elle impose aussi d’autres évolutions dans la coopération militaire avec ces différents pays qui entendent encore la maintenir (la coopération) avec le Sénégal», a-t-il soutenu.
La France est présente dans ce pays depuis plus de 200 ans. Après le retrait des troupes hexagonales de la Centrafrique en 2022, elles ont été chassées de trois pays de l’Afrique de l’ouest, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger en 2023 lesquels ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Le mois dernier, à quelques heures d’intervalle, le Sénégal et le Tchad ont annoncé le départ des militaires français de leur sol. La France a rétrocédé le 26 décembre une première base militaire au Tchad, à Faya dans l’extrême nord désertique du pays. Et c’est dans ce dernier pays que Paris a effectué le plus d’opérations extérieures, soit six depuis 1968. La France a décidé de reconfigurer sa présence militaire en Afrique.
En novembre, un rapport de Jean-Marie Bockel, «envoyé personnel» en Afrique du président français, Emmanuel Macron, est remis à ce dernier. Cet ancien sénateur, qui fut secrétaire d’Etat à la Coopération de Nicolas Sarkozy, a été chargé en février 2024 de redéfinir les dispositifs militaires français dans les quatre pays francophones abritant encore ses bases (le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Tchad) avec leurs dirigeants.