La reine Elisabeth II, est décédée jeudi à 96 ans dans son château écossais de Balmoral, sa famille à ses côtés. «La reine est morte paisiblement à Balmoral cet après-midi. Le Roi et la Reine consort resteront à Balmoral ce soir et retourneront à Londres demain», a indiqué le palais de Buckingham dans un communiqué.
La cheffe du gouvernement, Liz Truss, a salué «l’une des plus grandes dirigeantes que le monde ait connues» et «la plus grande diplomate» du Royaume-Uni. «Ses paroles de sagesse nous ont donné de la force dans les moments les plus éprouvants.[…]», souligne celle qui l’a rencontrée quelques heures auparavant. Les hommages à la reine disparue étaient unanimes en Grande-Bretagne et dans monde, saluant «une reine exceptionnelle».
Remplaçant au pied levé son père George VI, suite à une thrombose coronaire pendant son sommeil en février 1952, Elizabeth, âgée de 25 ans, devient vite une souveraine populaire. Reconnaissable parmi tous avec ses tenues de couleurs vives, la souveraine saura faire face à plusieurs crises politiques familiales (divorce de ses deux enfants, Anne et Andrew, mort tragique de Diana, etc.). Trait de caractère : la discrétion. Si sa proximité avec son Premier ministre, Winston Churchill, était de notoriété publique, la monarque, qui tient à «la neutralité constitutionnelle» que lui impose le très rigoureux régime politique britannique, a su rester «muette» sur ses préférences politiques, malgré ses «divergences» avec Margaret Thatcher ou une supposée préférence pour les travaillistes.
Une fêlure malgré tout, la mort de son époux, le prince Philip, son «roc», l’a fortement affectée, comme le montrent les images des funérailles. A l’international, la souveraine a su se faire apprécier malgré la persistance de forts contentieux politiques avec les anciennes colonies (Inde principalement). Elisabeth II s’est rendue en visite d’Etat (25-27 octobre 1980) en Algérie, après le tremblement de terre d’El Asnam (plus tard Chlef).
A sa descente de son yacht Britannia, elle est accueille par le président algérien Chadli Bendjedid et son épouse Halima, comme l’immortalisent les images de la RTA. Impeccable dans son tailleur à pois, la reine, accompagnée de son mari s’est rendue au chevet des blessés du séisme à l’hôpital Mustapha Bacha.
L’invitée est reçue au service de pédiatrie par le Professeur Mohamed Abada et ses autres collègues (Berezklah, Djennas…). Engagé au sein des services de santé du GPRA à Tunis après des études de médecine en France, et, plus tard, un stage de perfectionnement aux Etats-Unis, le Pr Abada a dirigé longtemps le service de neurochirurgie du CHU algérois qu’il a mis en place. Dans un hommage publié par le site en ligne 24hdz, Djamel Abada évoque cet épisode de la longue carrière de ce chirurgien discret, décédé le 13 février 2021.
«Nous perdons une fidèle amie»
«Rigoureux de nature, plus soucieux d’éthique et de professionnalisme que de notoriété, deux événements le feront toutefois connaître du grand public : le premier lors de la longue maladie du défunt Président Houari Boumediene, événement au cours duquel il assura la coordination de l’équipe médicale constituée à cet effet. Le deuxième lors de la visite officielle de la Reine d’Angleterre en octobre 1980, soit quelques jours après le tremblement de terre de Chlef. Au cours de ce voyage, elle fit une visite remarquée au service de neurochirurgie de l’hôpital Mustapha, auprès des nombreux blessés du séisme», note le professeur Abada. Les Algériens se souviendront longtemps de la visite de trois jours de la reine.
Les réseaux sociaux pullulent d’ailleurs de témoignages illustrés par des photos et de vidéos de la RTA. «Le port d’Alger a eu droit à un ‘clean up » total’», se rappelle, amusé, S. Mokrane. Un autre évoque le cadeau (céramique représentant quatre femmes jouant de la musique probablement dans un harem) offert à la reine par le chef de l’Etat algérien, et «exposé à ce jour dans un musée à Londres». La souveraine s’est rendue aux ruines romaines de Tipasa, où elle était accompagnée par le sémillant ministre des Affaires étrangères d’alors, Mohamed Seddik Benyahia.
Et, témoigne-t-on, elle a visité également l’école de la marine à Bou Ismail. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présenté, hier, un message de condoléances au Roi Charles d’Angleterre. «C’est une pénible épreuve que de perdre un des fondements du Royaume-Uni et un des dirigeants vétérans qui ont voué leur vie au service de leur pays.
Nous évoquons aujourd’hui ses contributions qui ont marqué l’histoire et ses initiatives pionnières en vue de garantir la paix, la stabilité, le progrès et prospérité pour le peuple britannique, en s’adaptant avec sagesse et clairvoyance, aux changements et mutations politiques, économiques et sociales survenus sur la scène internationale tout au long de ses 70 ans de règne».
Fière des relations privilégiées qu’elle entretient avec le Royaume-Uni de Grande-Bretagne, l’Algérie «tient à souligner le rôle de la défunte dans la promotion des relations bilatérales en consécration des relations d’amitié liant nos deux peuples et leurs aspirations communes à davantage de progrès et de prospérité.
Avec sa disparition, l’Algérie perd l’un de ses fidèles amis dans toutes les circonstances et étapes qu’elle a traversées», a écrit le chef de l’Etat.
Plusieurs semaines de deuil pour la famille royale
La mort de la reine Elisabeth II ouvre une longue période de deuil pour la famille royale qui va durer jusqu’à sept jours après les funérailles de la souveraine, dont la date reste à préciser, a indiqué vendredi le palais de Buckingham. Distinct du deuil national que doit annoncer le gouvernement britannique, ce «deuil royal», qui a débuté, hier, sera observé par les membres de la famille royale et le personnel de la monarchie ainsi que les troupes engagées dans les cérémonies. Les funérailles, à l’abbaye de Westminster, sont attendues dans une dizaine de jours, autour du lundi 19 septembre. La reine sera ensuite inhumée dans la chapelle du château de Windsor. Les résidences royales, dont certaines sont ouvertes au public, comme les musées du palais de Buckingham, Balmoral en Ecosse ou Sandringham dans l’Est de l’Angleterre, vont rester fermées jusqu’aux funérailles, ont précisé les services du nouveau roi Charles III. Les drapeaux y ont été mis en berne et le resteront jusqu’à 8h (7h GMT) le lendemain de la fin du deuil royal. Le public est invité à apporter des fleurs aux résidences royales dans tout le Royaume-Uni, mais aucun livre de condoléances ne sera ouvert, les hommages pouvant être laissés en ligne. A 13h locales (12h GMT) vendredi, 96 coups de canons seront tirés depuis plusieurs endroits de Londres, comme Hyde Park et la Tour de Londres. Le décès de la reine, à 96 ans après 70 ans et sept mois de règne, ouvre une séquence historique qui a été minutieusement préparée depuis des années et les détails du plan «London Bridge» (le pont de Londres) étaient régulièrement revus. S’y est ajoutée l’opération «Licorne», prévue en cas de décès en Ecosse. Le déroulé précis doit encore être officialisé. La reine étant décédée jeudi dans son château de Balmoral dans le nord de l’Ecosse, son corps doit être transporté à Londres d’ici quelques jours, en passant par Edimbourg. AFP
Charles sera officiellement proclamé roi aujourd’hui
Charles III sera officiellement proclamé roi aujourd’hui lors d’une réunion du Conseil de succession réuni à Londres, a indiqué le palais de Buckingham dans un communiqué. Ce conseil se réunira à 10h locales (09h GMT) au palais de Saint-James et la proclamation sera lue en public une heure plus tard du balcon de cette résidence, puis dans toutes les provinces du Royaume-Uni le lendemain. Le nouveau roi Charles devient le monarque britannique le plus âgé au début de son règne. Il est infiniment moins populaire que sa mère, qui avait su maintenir le prestige et le mystère de la monarchie, ne donnant aucune interview et gardant ses opinions pour elle, note l’AFP. Il accède au trône dans une période difficile, le Royaume-Uni étant confronté à la pire crise économique de ces 40 dernières années, alors que quatre Premiers ministres se sont succédé en six ans. Le Royaume est secoué par des dissensions internes, entre les suites du Brexit, les velléités d’indépendance et les tensions en Ecosse et en Irlande du Nord. Dans les ex-colonies britanniques restées des royaumes, les critiques se font aussi vives sur le passé colonialiste et les velléités républicaines se renforcent. S’il était devenu beaucoup plus présent ces derniers mois, remplaçant souvent sa mère diminuée par ses problèmes de santé, c’est un tout autre défi qui attend désormais le roi, en tant que chef d’Etat de 15 pays, de la Nouvelle-Zélande aux Bahamas. R. I. et AFP