Elles sont engagées dans des méga-fusions et acquisitions : Les majors pétrolières contredisent le pessimisme de l’AIE

31/10/2023 mis à jour: 02:07
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Pour les compagnies pétrolières, l’avenir du pétrole, c’est le pétrole

Dans un contexte de controverses sur l’évolution de la demande de pétrole pour les années à venir, des opérations de méga fusions acquisitions entre majors pétrolières semblent prouver que des acteurs clés du marché continuent de miser sur les hydrocarbures et à en accroître la production, malgré les appels à se passer progressivement des énergies fossiles considérées comme les principales responsables du réchauffement climatique. 

Des opérations spectaculaires qui sont aussi un indice que la demande ne faiblit pas, contrairement aux prévisions insistantes de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) qui distille régulièrement des doses de pessimisme, dans le cadre de ses perspectives énergétiques mondiales. Le dernier rapport publié par l’AIE a ainsi  abondé, il y a quelques jours, dans le sens des déclarations du patron de l’agence, Fatih Birol, misant sur une chute conséquente de la demande de pétrole, de gaz et de charbon avant 2030 et incitant les investisseurs à ne pas miser sur le pétrole et le gaz. 

Des déclarations qui ont suscité une réponse rapide et négative de l’OPEP qui a déclaré que l’AIE était «devenue un membre de l’establishment politique plutôt qu’un prévisionniste et un conseiller». Les déclarations de l’AIE  ont été également contredites indirectement par le géant pétrolier Chevron qui a annoncé, le 23 octobre dernier, qu’il allait racheter son rival Hess pour 53 milliards de dollars en actions. Il s’agit de la seconde plus importante transaction pétrolière effectuée en ce mois d’octobre, après l’offre de 60 milliards de dollars d’Exxon Mobil sur Pioneer Natural Resources. 

Des discussions auraient également  commencé sur d’autres méga-acquisitions. L’OPEP a, pour sa part, déclaré que ces accords prouvent que «la demande de pétrole est résiliente.» Suite à l’annonce du rapprochement Chevron-Hess, le ministre saoudien de l’Energie, Abdulaziz bin Salman,  a critiqué indirectement l’AIE en déclarant, selon Oil Price, lors d’une conférence à Riyad que «Si Exxon et Chevron ont acheté, ce n’est pas pour avoir des actifs bloqués», ajoutant que «les accords conclus démontraient que le pétrole était là pour rester.» «La demande mondiale de pétrole est, en effet, en croissance. Plus important encore, les investissements massifs dans les énergies à faibles émissions de carbone au cours de la dernière décennie n’ont pas entamé cette tendance», note Oil Price. «Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’Allemagne, pour voir quels ont été les effets des politiques de transition sur l’utilisation du pétrole et du gaz. L’Allemagne est l’un des pays les plus éoliens et solaires d’Europe. Cette année, elle a fermé ses dernières centrales nucléaires. 

Par la suite, elle a dû rouvrir  des centrales à charbon et une mine de charbon pour les approvisionner, ce qui a déclenché le démantèlement d’un parc éolien.» «Les moteurs de cette demande se trouvent aussi dans les pays en développement : des pays à population croissante qui cherchent à améliorer le niveau de vie de leur population et certains y parviennent», 

Soutient la même source

La Chine et l’Inde sont, par ailleurs, les deux exemples les plus frappants de la manière dont l’amélioration du niveau de vie entraîne une augmentation de la demande d’énergie, notamment de pétrole et de gaz. La Chine est devenue le plus grand importateur de pétrole au monde, avec la plus grande capacité de raffinage. 

Les prévisions de l’AIE concernant le pic de demande pétrolière reposent sur trois éléments : une croissance massive des installations solaires qui, selon l’AIE, se produira au cours des six prochaines années ; une augmentation des ventes de véhicules électriques ; et la poursuite des politiques gouvernementales visant à abandonner le pétrole, le gaz et le charbon. Parmi ceux-ci, seul le troisième est certain – pour les deux prochaines années tout au plus. Les deux autres – l’énergie solaire et les véhicules électriques – ne se portent pas aussi bien. La demande d’installations solaires diminue à un moment où elle augmente de façon saisonnière, a-t-on récemment appris, indique Oil price  auprès d’un important fournisseur d’onduleurs sur le marché européen, SolarEdge. 

Les sociétés d’énergie éolienne annulent des projets, en raison de coûts exorbitants. Les ventes de véhicules électriques augmentent, mais à des rythmes loin d’être ceux nécessaires pour éliminer une part significative de la demande de pétrole.
 

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