L’OPEP + a décidé de réduire de 100 000 barils par jour sa production pour le mois d’octobre, en vue de stabiliser le marché pétrolier qui subit depuis des semaines les contrecoups d’un contexte économique tendu ayant causé la plus longue déroute des prix en deux ans.
La réunion ministérielle OPEP et non-OPEP a noté «l’impact négatif de la volatilité et de la baisse de la liquidité sur le marché pétrolier actuel et la nécessité de soutenir la stabilité du marché et son fonctionnement efficace». La décision intervenue lors de la réunion mensuelle de l’Organisation et de ses alliés organisée hier par visioconférence, avec la participation du ministre de l’Energie et de Mines, Mohamed Arkab, annule une augmentation de la production convenue le mois dernier
Le groupe réduira ainsi sa production le mois prochain, ramenant les approvisionnements aux niveaux d’août, a indiqué l’Opep dans un communiqué rendu public sur son site internet. Dans le même communiqué, l’alliance a également souligné qu’elle serait disposée à convoquer une autre réunion ministérielle à tout moment si nécessaire, avant la réunion mensuelle ordinaire prévue le 5 octobre 2022 «pour faire face à l’évolution du marché».
L’OPEP+ qui inverse ainsi l’augmentation de septembre, a noté qu’une «volatilité plus élevée et des incertitudes accrues nécessitent une évaluation continue des conditions du marché et la volonté d’ajuster immédiatement la production sous différentes formes, si nécessaire».
Elle a souligné en outre qu’elle a «l’engagement, la flexibilité et les moyens, dans le cadre des mécanismes existants de la Déclaration de Coopération, pour relever ces défis et orienter le marché». L’alliance précise qu’elle a décidé, selon le communiqué final, de «réaffirmer la décision de la 10e réunion ministérielle OPEP et non-OPEP du 12 avril 2020 et entérinée lors de réunions ultérieures, notamment la 19e réunion ministérielle OPEP et non-OPEP du 18 juillet 2021. Revenir au niveau de production d’août 2022 pour les pays participants de l’OPEP et non-OPEP pour le mois d’octobre 2022, en notant que l’ajustement à la hausse de 0,1 mb/j du niveau de production n’était prévu que pour le mois de septembre 2022.
Demander au Président d’envisager de convoquer une réunion ministérielle OPEP et non-OPEP à tout moment pour traiter de l’évolution du marché, si nécessaire.» L’Opep+ a réitéré par ailleurs «l’importance cruciale d’adhérer à la pleine conformité et au mécanisme de compensation».
Le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdelaziz Ben Salman, a déclaré il y a quelques jours que l’alliance OPEP+ – qui vient de terminer de rétablir la production interrompue pendant la pandémie de 2020 – envisageait désormais des coupes comme un moyen de stabiliser une volatilité excessive sur les marchés mondiaux.
nouveau secrétaire général de l’OPEP, Haitham Al Ghais, a déclaré pour sa part, à la mi-août, qu’il s’attendait à une augmentation «haussière» de la demande des consommateurs désireux de reprendre la normalité après deux ans de restrictions de Covid. Les contrats à terme sur le brut avaient perdu 20% au cours des trois derniers mois en raison des craintes d’un ralentissement économique mondial
Suite à la réunion de l’OPEP+, les prix du pétrole ont bondi de plus de 3% en début de séance, le WTI Crude atteignant la barre des 90 dollars le baril, alors que le Brent Crude était en hausse de 3,5% à 96,64 dollars à Londres.
Les prix du gaz explosent avec la fermeture de Nord Stream 1
Les prix du gaz naturel explosaient hier, après l’annonce de l’arrêt complet du gazoduc Nord Stream 1. Dans la matinée, le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du marché européen évoluait à 278,500 euros le mégawattheure (MWh), s’envolant de près de 30%, soit sa plus forte hausse en une séance depuis les premiers jours de la crise en Ukraine. Vendredi, le russe Gazprom a annoncé que le gazoduc Nord Stream, qui devait reprendre du service samedi après une maintenance, sera finalement «complètement» arrêté jusqu’à la réparation d’une turbine de ce pipeline vital pour l’approvisionnement des Européens. Dans un communiqué, Gazprom a indiqué avoir découvert des «fuites d’huile» dans la turbine, lors de cette opération de maintenance. Avec cette nouvelle fermeture du gazoduc, «la crise énergétique européenne est entrée dans une nouvelle phase critique», alertent des analystes. «Ce sont les craintes du pire scénario auquel les dirigeants européens s’étaient préparés», ont-ils commenté. L’envol du prix hier compensait en une séance une grande partie du plongeon de la semaine précédente. R. E.