Election présidentielle américaine : L’Amérique choisit son quarante-septième Présiden

05/11/2024 mis à jour: 03:42
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Donald Trump et Kamala Harris

Qui succédera à Joe Biden et deviendra ainsi le 47e président des Etats-Unis ? Après plusieurs mois de campagne, l’élection présidentielle américaine se tient  aujourd’hui. Elle opposera deux candidats qui symbolisent la fracture de l’Amérique.  

Pour l’ex-Président conservateur (2017-2021), sa rivale «déteste» les Américains, tandis que selon l’actuelle vice-Présidente qui fait campagne au centre, son adversaire est «instable et obsédé par la revanche» de l’élection de 2020 qu’il n’a jamais reconnu avoir perdue. 

D'un côté, l'actuelle vice-présidente démocrate, qui, en juillet, a remplacé au pied levé le président vieillissant Joe Biden, Kamala Harris, 60 ans. Elle peut devenir à cette occasion la première femme à diriger la première puissance économique et militaire de la planète. 

 De l'autre, l'ancien président républicain, Donald Trump, 78 ans, auteur d'un retour politique spectaculaire après avoir quitté la Maison-Blanche en 2021 dans un contexte chaotique. Il a échappé à deux tentatives d'assassinat, surmonté deux procès en impeachment (cas unique dans l’histoire des Etats-Unis), quatre procédures criminelles, 91 chefs d’inculpation, 34 condamnations et survécu au matraquage  des médias qui le haïssent, et des soupçons quant à une incitation à l’insurrection.

La compétition est tellement serrée que quelques dizaines de milliers de voix seulement pourraient décider de l'issue du scrutin.

Ces suffrages sont à arracher dans sept Etats-pivots bien identifiés – Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin, Géorgie, Caroline du Nord, Arizona et Nevada –, que les deux prétendants à la Maison-Blanche sillonnent  depuis des mois.

De ces sept Etats, celui qui offre le plus de grands électeurs est la Pennsylvanie. Les Etats-Unis, pays fédéral, ont en effet un système de suffrage universel indirect, couronnant le candidat parvenu à rassembler une majorité des 538 grands électeurs, soit au moins 270.

Près de 80 millions d'Américains ont déjà voté de façon anticipée, sur 244 millions d'électeurs. En plus  de la présidentielle, les Américains vont également voter pour renouveler le Congrès : 34 sièges de sénateurs (sur 100) et les 435 sièges de la Chambre des représentants sont en jeu.

A la Chambre haute, les sénateurs sont élus pour six ans. Les républicains espèrent bien inverser la courte majorité démocrate.

Les représentants effectuent un mandat de deux ans. Les démocrates espèrent reconquérir cette Chambre, actuellement à majorité républicaine.

La présidentielle génère autant de suspense sur le résultat du scrutin que sur l'après-scrutin, Donald Trump, qui n'a jamais reconnu sa défaite en 2020 et dont les partisans ont pris d'assaut le Capitole le 6 janvier 2021, ayant déjà commencé à remettre en question l'intégrité des opérations de vote. «Le seul moyen qu’ils ont de nous battre, c’est une élection truquée», a-t-il déclaré durant l’été. Pour lui, l’instrument de celle-ci serait déjà tout trouvé : le vote par correspondance.

Les deux camps ont d'ores et déjà engagé des dizaines d'actions en justice.
Aussi, au moins deux Etats, celui de Washington et le Nevada, ont mobilisé les réservistes de la Garde nationale de façon préventive. 

En Géorgie, des agents électoraux sont équipés d'un dispositif à bouton d'alarme permettant d'avertir les autorités en cas de danger. 

Ailleurs dans le pays, certains bureaux de vote ont prévu une surveillance par drone ou des tireurs d'élite sur les toits. Dans la capitale fédérale Washington, des barrières métalliques sont érigées autour de la Maison-Blanche, du Capitole et d'autres sites sensibles. 

Paroles et réalité

Opposé aux politiques libre-échangistes des présidents Bush père et fils, Clinton et Obama, D. Trump a remis en cause l’idée qu’Europe et États-Unis la «nation indispensable» (expression utilisée par Bill Clinton en 1996, reprise par Joe Biden en 2023)  ont pour mission commune de défendre la démocratie dans le monde. Il est loin le temps où le président George W. Bush estimait pour sa part : «Notre nation est choisie par Dieu et commandée par l’histoire pour être le modèle du monde.» Joe Biden a recouru à la politique protectionniste prônée par son prédécesseur. 

Quant à Kamala Harris, elle compte suivre la même politique étrangère que J. Biden en renforçant ses relations notamment avec l’Otan et l’Union européenne. 

Ceci dit, il faut compter avec l’Etat profond et les différents lobbies qui façonnent la politique américaine.
En janvier 1961, avant de quitter le pouvoir, le président républicain Dwight Eisenhower avaient prévenu les citoyens américains  contre un «complexe militaro-industriel» dont «l’influence, économique, politique et même spirituelle, s’éprouve dans chaque ville, chaque Etat, chaque administration». Le 15 janvier 2017, D. Trump a qualifié l’OTAN d’«obsolète» et le 13 avril de la même année, il indiqué que cette même organisation «n’est plus obsolète». 

Le 7 avril de la même année, en représailles à une attaque chimique meurtrière attribuée au régime de Damas par la plupart des membres du Conseil de sécurité des Nations unies, des bombardements sont lancés depuis des navires de guerre américains contre une base aérienne en Syrie. 

Ils sont présentés dans les médias comme la première «véritable» action militaire du président Donald Trump depuis son entrée à la Maison-Blanche. Il a espéré  que la Russie deviendrait «une alliée»,  mais le 12 du même mois, il a observé que les relations entre Washington et Moscou ont chuté au «point le plus bas jamais atteint». 

Ce qui a fait dire à Dimitri Medvedev, alors Premier ministre de la Russie : «Les derniers brouillards électoraux dissipés», D. Trump a été «brisé par le système de pouvoir» de Washington. 

Toujours en avril, le Centcom a choisi une montagne afghane abritant un réseau de tunnels occupés par des combattants du groupe Etat islamique (EI) pour y larguer la bombe GBU-43/B connue sous l’acronyme MOAB (Massive Ordnance Air Blast), ou bombe à effet de souffle massif.

L’Amérique d’abord, c’est la politique étrangère des présidents américains démocrates ou républicains, mais à chacun sa manière.     Amnay Idir

 

 

 

 

Petit glossaire des élections US

A . comme avortement
Depuis juin 2022 et la décision de la Cour suprême d'annuler la garantie fédérale du droit à l'avortement, la question a pris une place prépondérante dans le débat public. Promettant de restaurer ce droit en cas de victoire, la démocrate Kamala Harris espère une mobilisation accrue en sa faveur. Son rival républicain Donald Trump est, lui, pris entre deux feux : d'un côté sa base ultraconservatrice qui veut qu'il aille encore plus loin dans les restrictions, de l'autre des conservateurs plus modérés favorables au droit à l'interruption volontaire de grossesse.
   
C. comme collège électoral
L'élection se décide au suffrage universel indirect : chaque Etat dispose d'un nombre de grands électeurs déterminé par la taille de sa population. Dans  48 des 50 Etats, le système est celui du «winner-takes-all»: le candidat arrivé en tête dans ce territoire remporte l'ensemble des grands électeurs en jeu. Au total, 538 grands électeurs composent le collège électoral. Il en faut donc 270 pour obtenir les clés de la Maison-Blanche.
   
E. comme Etats clés
Arizona et Nevada dans l'ouest, Géorgie et Caroline du Nord dans le sud-est, Michigan, Wisconsin et Pennsylvanie autour des Grands Lacs: autant d'Etats dits clés ou pivots, qui peuvent voter tant pour Harris que pour Trump et ainsi décider de l'élection. Des sept Etats, la Pennsylvanie est considérée  comme le gros lot avec ses 19 grands électeurs.
   
F. comme frontière
Le sujet de l'immigration à la frontière sud avec le Mexique s'est imposé dans le débat public tout au long de la campagne. Le camp républicain accuse l'administration Biden-Harris de laxisme en la matière. Les démocrates rétorquent qu'un projet de loi donnant plus de moyens à la police aux frontières pour juguler le flux d'immigration clandestine a été rejeté au Congrès cette année par les républicains, à la demande de Donald Trump.
   
M. comme MAGA
«Make America Great Again», ou «MAGA» : le slogan que Donald Trump a lancé en 2016 pour promettre de «rendre à l'Amérique sa grandeur» a été changé en 2020 pour sa campagne de réélection en «Keep America Great» (Garder la grandeur de l'Amérique). Mais après sa défaite face à Joe Biden, le milliardaire républicain a décidé que c'était dans les vieilles marmites qu'on faisait les meilleures soupes et est revenu à son ancien slogan.
   
P. comme publicité
L'argent est le nerf de la guerre dans les campagnes électorales  américaines et la présidentielle de 2024 ne déroge pas à la règle, battant même des records. L'association OpenSecrets, spécialiste du financement électoral, prédit ainsi que 15,9 milliards de dollars seront dépensés lors de cette campagne, soit plus de 800 millions de plus que le précédent record établi en 2020. Derrière ces chiffres pharaoniques, les publicités politiques à la télévision représentent un important poste de dépense et les foyers américains en sont bombardés, particulièrement dans les Etats clés.
   
Q. comme quadriennal
La présidentielle se déroule tous les quatre ans, avec un mandat renouvelable une seule fois. Donald Trump va tenter de devenir le premier Président à décrocher deux mandats non consécutifs depuis Grover Cleveland à la fin du XIXe siècle. En cas de victoire, la Constitution américaine prohibe qu'il se présente en 2028.
   
X. comme... X
L'homme le plus riche du monde, Elon Musk, a annoncé publiquement son soutien à Donald Trump et fait campagne d'arrache-pied pour le candidat républicain. Quand il n'est pas directement aux côtés de cet autre milliardaire en meeting, Elon Musk utilise son réseau social - X - et les plus de 200 millions d'abonnés à son compte pour affirmer, message après message, son soutien à l'ex-Président.
 

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