Election présidentielle à Taïwan : Les liens avec la Chine au centre du débat

31/12/2023 mis à jour: 03:45
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Les candidats à la présidence de Taïwan ont croisé le fer hier sur les relations de l’île avec la Chine

Les candidats à la présidence de Taïwan ont croisé le fer hier sur les relations de l’île avec la Chine, lors d’un débat précédant un scrutin qui sera suivi de près par Pékin et Washington, rapporte l’AFP. L’île démocratique de Taïwan est à deux semaines de cette élection cruciale, dont les résultats pourraient déterminer les futurs liens entre Taipei et une Chine de plus en plus belliqueuse. Pékin, qui revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire, a juré de s’en emparer par la force si nécessaire et a interrompu les communications de haut niveau avec l’administration de la présidente Tsai Ing-wen, arrivée au pouvoir en 2016. 

Le Parti démocratique progressiste (DPP) de cette dernière a largement fait campagne sur un programme de souveraineté séparée de la Chine, et son candidat, le vice-président Lai Ching-te, s’est décrit comme un «militant pragmatique de l’indépendance de Taïwan». Lors du débat, ses adversaires ont fustigé des positions qui «minent la sécurité de Taïwan». «La souveraineté de Taïwan appartient aux 23 millions d’habitants», a rétorqué Lai. 

La Chine a intensifié ces dernières années les pressions militaires sur l’île, organisant également en 2022 deux manœuvres massives simulant un blocus. Lors du débat, M. Lai a également accusé Hou Yu-ih, le candidat du parti Kuomintang (KMT), considéré comme ayant des liens plus étroits avec Pékin, d’être favorable à la Chine. «Je ne reviendrai pas en arrière (vers le passé) comme le Kuomintang et je ne serai pas prêt à devenir un vassal du totalitarisme», a-t-il lancé, son rival l’accusant en retour de l’avoir «sali». «Nous devons maintenir la communication et les échanges (avec la Chine). 

C’est parce que vous ne l’avez pas fait que nous voyons un grand danger de l’autre côté du détroit», a plaidé M. Hou, réitérant son opposition à l’indépendance de Taïwan. M. Lai s’en est également pris à Ko Wen-je, candidat du Parti populaire taïwanais (TPP), pour avoir déclaré que l’île et la Chine «ne forment qu’une seule famille». Ce dernier, dont le petit parti a réussi à s’implanter dans le paysage bipartite dominant de Taïwan, a pour sa part qualifié de «gâchis» la politique de la Présidente. «Le DPP adopte toujours une attitude très conflictuelle alors que le KMT pense toujours à la coopération (avec la Chine)», a-t -il affirmé. 

Taïwan constitue un des points de tension entre la Chine et les Etats-Unis, allié de Taipei. Et de surcroît, l’île est un poids lourd dans la production des semi-conducteurs, et que le détroit de Taïwan est une voie de navigation cruciale pour le commerce mondial. 
 

Point de discorde avec Washington

En parallèle, Pékin considère Taïwan comme une province qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile en 1949. En juin 1995, Pékin suspend des négociations vers une normalisation pour protester contre un voyage du président Lee Teng-hui à Washington. Le 14 mars 2005, la Chine a adopté une loi antisécession à l’encontre de Taïwan. En avril dernier, Pékin a mené des exercices militaires simulant un encerclement de l’île, après une rencontre entre la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, et le président de la Chambre des représentants américaine, Kevin McCarthy, en Californie. Le 19 août, la Chine a organisé des manœuvres militaires autour de Taïwan, après une escale aux Etats-Unis du vice-président de l’île, William Lai. La Chine a réagi en la circonstance qualifiant W. Lai de «fauteur de troubles». 

Ces dernières années, le pays de la Cité interdite a intensifié la pression militaire sur l’île. Les relations entre Pékin et Taipei se sont envenimées en 2016, avec l’arrivée à la présidence de Tsai Ing-wen. La dirigeante du parti DPP défend «l’identité nationale» de l’île et réclame un dialogue «d’égal à égal» avec la Chine. Pékin suspend toute communication et accentue sa pression diplomatique et économique sur l’île. Les Etats-Unis ont accordé leur reconnaissance diplomatique à la République populaire de Chine en 1979. Néanmoins, ils restent un allié de Taïwan ainsi que son principal fournisseur d’armes. 
 

Le président américain, Donald Trump, a appelé au téléphone Tsai Ing-wen, un contact direct qui constitue une première depuis des décennies. Son administration a accepté ensuite de vendre pour 1,4 milliard d’euros d’armement à Taïwan. Début octobre 2021, Taipei et Washington ont confirmé la présence de soldats américains sur l’île. Le même mois, le ministre de la Défense taïwanais, Chiu Kuo-cheng, a prévenu que l’armée chinoise aurait la «pleine capacité» d’attaquer le pays en 2025. 

En mai 2022, le président américain Joe Biden a répondu par l’affirmative à la question de savoir si les Etats-Unis défendraient militairement Taïwan. Rapidement, la Maison-Blanche a précisé que la position américaine sur Taïwan n’a pas changé et a réitéré son engagement envers la politique d’«une seule Chine». 

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