C’est peut-être la dernière chance pour contrer le dérèglement climatique qui menace la planète tout entière, cette COP 27 qui se tient en Egypte. Les enjeux et les solutions, Antonio Guterres les a résumés ainsi : «Les émissions continuent de grimper à des nouveaux records, tandis que les températures sont en passe d’augmenter de 2, 8 degrés d’ici la fin de ce siècle.» Et il ajoute : «Il est temps de conclure un pacte historique entre les économies développées et émergentes, un pacte dans lequel les pays développés réaliseront les engagements pris à Paris pour aider les économies émergentes à accélérer leur transition vers les énergies renouvelables.» La fin du siècle est lointaine, les conséquences du bouleversement climatique ont commencé à produire leurs effets sur toutes les populations du monde, mais les plus touchées sont celles habitant dans les vastes régions de la planète où règne la précarité économique et sociale. L’expert algérien, Samir Grimes, note dans El Watan du 5 novembre que les engagements climatiques des pays développés depuis 2009 n’ont pas été tenus précisant que «l’épisode de la Covid-19, la crise russo-ukrainienne, la crise du blé et les enjeux énergétiques ont fini par mettre les pays africains et arabes devant une réalité qui fait que tout retard dans le traitement de la question climatique aura des effets désastreux sur la sécurité hydrique, la sécurité alimentaire et la stabilité en Afrique et dans le monde arabe». Cette nouvelle réalité est là, ce sont des millions de personnes qui souffrent de la rareté des produits de base, notamment alimentaires, du chômage endémique et de l’absence de toute perspective d’avenir. Et plus les gouvernants gèrent mal leur pays, plus le désespoir des populations est grand. Un grand nombre d’habitants choisissent de se déplacer vers d’autres pays pour tenter leurs chances, atterrissant souvent dans des camps de réfugiés aux terribles conditions humanitaires. Ils n’hésitent pas à traverser des mers, des montagnes et des déserts, au prix de leur santé et de leur sécurité. Plus proche de nous, c’est la mer Méditerranée qui est devenue le lieu de toutes les expéditions migratoires clandestines. Depuis seulement le début de cette année, 1767 migrants ont disparu en Méditerranée. Selon le ministère italien de l’Intérieur, 85 991 personnes sont arrivées par la mer en Italie entre le 1er janvier et le 2 novembre 2022, dont la moitié sont issues de Tunisie, du Bangladesh et d’Egypte. Avec l’arrivée de la droite au pouvoir à Rome, les ONG redoutent que les autorités ne durcissent leur politique d’accueil des migrants. Ces jours-ci, plus d’un millier de migrants tentant de rejoindre l’Europe se sont trouvés bloqués sur des navires de secours de mer.
L'algérie également affectée
L’ONG SOS Méditerranée avait exhorté la France, l’Espagne et la Grèce à tenter de trouver un port de débarquement, seul Paris a répondu favorablement mais seulement pour recueillir les femmes et les enfants. L’Algérie est également affectée par le fléau de l’émigration clandestine. En dépit du renforcement des moyens de lutte, notamment au niveau juridique et des interventions des garde-côtes, de jeunes Algériens continuent de défier la mer pour de meilleurs horizons. Si nombre d’entre eux arrivent à bon port, un grand nombre périssent malheureusement dans les flots marins. C’est un bon filon pour nombre de filières implantées un peu partout au niveau des villes côtières. Si certaines arrivent à être démantelées et leurs auteurs déférés en justice et écopant de lourdes peines, beaucoup en réchappent, poursuivant leur business assassin. Tout récemment, les services de police de Mostaganem ont réussi à mettre fin aux activités d’un réseau composé de trois personnes. Un individu a été arrêté, ayant acquis un bateau de plaisance chez un propriétaire d’un commerce spécialisé dans la vente de bateaux à moteurs. Il faut rappeler que près de 13 000 harraga algériens ont été, à ce jour, recueillis dans les centres espagnols de rétention des migrants et plus de 400 ont été portés disparus. La relance de la vie économique, après les années de la Covid-19 n’a pas été de nature à offrir des opportunité d’emplois aux milliers de chômeurs du pays en quête de palliatifs susceptibles de les faire survivre ou mieux, avec chance et ténacité, de les insérer dans le tissu économique et social du pays. La demande en postes de travail dépasse largement les offres d’emploi. Par désespoir, nombre de personnes sont tentées par l’émigration clandestine. La catégorie la plus concernée par le phénomène est la jeunesse bien que des adultes sont eux aussi tentés par l’aventure, parmi eux des femmes, souvent avec enfants. Pour contrer ce phénomène, les pouvoirs publics algériens ont opté pour le renforcement de la surveillance de la mer par les garde-côtes et par les forces militaires. S’il condamne les harraga, le dispositif législatif algérien pénalise tout spécialement les passeurs qui exploitent sans état d’âme leur détresse économique et sociale. S’il contribue à réduire le phénomène, le tour de vis juridique ne l’éradique pas. La répression est nécessaire mais pas suffisante, le mal étant dans les racines, c’est-à-dire dans la mal-vie et le désespoir économique et social des candidats à l’exil clandestin. De plus, il n’est pas évident qu’outre Méditerranée, ces jeunes là trouvent du travail et un logement. Les Etats européens sont plongés dans la crise économique, notamment depuis les années Covid-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Et si par miracle, ils réussissent à y entrer, au prix de lourds sacrifices, ils se contentent de boulots précaires, souvent dans l’informel européen, avec la peur de se retrouver en prison et d’être expulsés. Sans papiers, ils survivent dans une horrible clandestinité. De plus, d’année en année, l’Union européenne durcit sa législation interne de lutte contre ce phénomène et fait pression sur les Etats bordant la mer Méditerranée pour faire de même.