Le manque de culture du signalement, à la fois chez les citoyens et les entreprises, aggrave la situation. des affaires sont liées à des arnaques financières, tandis que 20% concernent des règlements de comptes personnels.
La montée des escroqueries en ligne en Algérie est un phénomène préoccupant, exacerbée par l’essor du commerce électronique et l’utilisation accrue d’internet. La récente escroquerie aux fausses ventes de voitures à travers la plateforme des petites annonces Ouedkniss, mise en échec grâce à l’intervention de la Gendarmerie nationale, n’est que la partie apparente de l’iceberg.
En 2023, les autorités ont enregistré 5130 affaires liées à la cybercriminalité, dont 1130 concernaient spécifiquement des escroqueries en ligne via la carte Edahabia, représentant environ 22% des fraudes totales. 2700 affaires ont été traitées de janvier à octobre 2024, selon les chiffres fournis par la Gendarmerie nationale (GN). Cette hausse inquiétante de 15% par rapport à l’année précédente souligne l’ampleur de ce phénomène qui touche de plus en plus de citoyens et d’entreprises dans le pays.
Selon le lieutenant-colonel Hamri Touati, chef du Service central de lutte contre la cybercriminalité au sein de la Gendarmerie nationale, ces chiffres ne représentent que «la partie visible de l’iceberg», car de nombreux crimes numériques restent non signalés, souvent par manque de sensibilisation des victimes. Le manque de culture du signalement, à la fois chez les citoyens et les entreprises, aggrave la situation. L’argent étant au cœur de la cybercriminalité, 80% des affaires sont liées à des arnaques financières, tandis que 20% concernent des règlements de comptes personnels.
Les autorités ont réussi à résoudre plus de 90% de ces affaires, ce qui indique une capacité significative à identifier et poursuivre les escrocs. Pour répondre à cette menace croissante, la Gendarmerie nationale a déployé des moyens techniques modernes et a renforcé ses effectifs. Aujourd’hui, plus de 400 spécialistes, dont une majorité d’ingénieurs en informatique, sont affectés à la lutte contre la cybercriminalité.
Les montants des arnaques varient considérablement, allant de 10 000 DA à 100 000 DA, avec certaines affaires atteignant jusqu’à 300 millions de centimes. Les escroqueries se manifestent principalement sous plusieurs formes. De nombreuses arnaques se présentent sous la forme d’offres d’emploi alléchantes, souvent associées à des entreprises étrangères fictives. Les consommateurs sont souvent attirés par des prix très bas pour des produits électroniques sur les réseaux sociaux et autres plateformes de commerce en ligne.
Avec l’augmentation des transactions en ligne (5,5 millions d’opérations pour une valeur totale de 12,3 milliards de dinars au premier semestre 2023), les risques de vol de données et de piratage se sont intensifiés. Algérie Télécom (AT) a averti à maintes reprises ses clients de l’existence de faux comptes sur les réseaux sociaux qui volent des données personnelles.
Algérie Poste a aussi mis en garde contre les actes malveillants pour l’utilisation de son identité et son logo sur internet et les réseaux sociaux dans le but de collecter illégalement les données personnelles, notamment celles relatives aux comptes courants postaux et l’utilisation de la carte Edahabia via Baridimob. Ces actes illégaux constituent des infractions aux lois en vigueur.
Offres d’emploi, promotions et fausses ventes
Face à cette montée des escroqueries, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures. Un guide a été diffusé pour éduquer les consommateurs sur les risques associés au commerce électronique et leur fournir des conseils pratiques pour éviter les fraudes.
La Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale travaillent ensemble pour lutter contre la cybercriminalité et ont intensifié leurs efforts pour résoudre les cas signalés. Les arnaques en ligne en Algérie prennent diverses formes, touchant un large éventail de victimes. Les faux «e-commerçants» attirent les clients avec des offres alléchantes, encaissent des paiements, mais ne livrent jamais les produits. Ces arnaques exploitent souvent des sites web imitant ceux de véritables commerçants.
L’hameçonnage est une méthode qui consiste à envoyer des messages frauduleux prétendant provenir de sources fiables pour inciter les utilisateurs à fournir des informations personnelles ou bancaires sur de faux sites. Les arnaques par hameçonnage sont parmi les plus répandues en Algérie. Des escrocs se font passer pour des personnes intéressées sur des plateformes de rencontre ou via les réseaux sociaux, établissant une relation avant de demander de l’argent sous divers prétextes.
Les utilisateurs sont attirés par des promotions ou des tombolas fictives, souvent associées à des entreprises connues, pour collecter leurs données personnelles.
Il y a aussi l’escroquerie liée aux devises. Des arnaques impliquant la vente et l’achat de devises sur les réseaux sociaux ont augmenté, où un escroc peut manipuler plusieurs parties pour réaliser une transaction frauduleuse sans que la victime ne reçoive ce pour quoi elle a payé.