Cette année, trois pays – la Bulgarie, les Palaos et la Russie – se sont hissés de la catégorie des économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à celle des économies à revenu élevé.» Ce sont là les pays qui rejoignent cette année la catégorie des économies aux revenus élevés.
Le groupe de la Banque mondiale nomme quatre groupes de pays selon leur niveau de revenu, en allant de faible revenu à revenu élevé, en passant par le revenu intermédiaire de la tranche inférieure et le revenu intermédiaire de la tranche supérieure. L’Algérie a bénéficié d’ailleurs, selon la BM, d’une nouvelle classification qui lui fait gravir une marche pour l’inclure dans le groupe des pays ayant un revenu intermédiaire de la tranche supérieure.
La BM rappelle que cette classification est «actualisée» le 1er juillet de chaque année, «en fonction du RNB par habitant de l’année calendaire précédente». «Le RNB est exprimé en dollars des Etats-Unis en utilisant des facteurs de conversion calculés selon la méthode de l’Atlas, dont la forme actuelle a été introduite en 1989. La classification de la Banque mondiale vise à rendre compte du niveau de développement d’un pays en utilisant comme référence l’estimation de son RNB par habitant selon la méthode de l’Atlas, qui constitue un indicateur de capacité économique courant et largement disponible», explique l’auteure de cette étude. «L’Algérie, l’Iran, la Mongolie et l’Ukraine sont passés cette année, écrit la BM, de la tranche inférieure des économies à revenu intermédiaire à la tranche supérieure.»
La croissance en Algérie a atteint 4,1% en 2023, mais la progression du pays dans une catégorie de revenu supérieure, note cette institution de Bretton Woods, s’explique principalement par «la refonte des statistiques des comptes nationaux» entreprise par les autorités afin de «s’aligner» sur les normes internationales en vigueur. Et de préciser que ce «réalignement s’est traduit par une révision à la hausse du niveau du PIB (+13,3% en moyenne sur la période 2018-2022)», qui s’explique notamment par «l’intégration de la recherche-développement dans les estimations sur l’investissement, l’amélioration des méthodes de mesure de la production dans l’administration publique et une meilleure prise en compte de l’économie non observée (souterraine)».
Réévaluation
Autrement dit, l’opération de réévaluation des performances économiques de l’Algérie a permis de faire gagner au pays des «points» en quelque sorte. La nouvelle méthode a tout compte fait majoré le PIB de l’Algérie de 13,3% en moyenne durant la période 2018-2022. Il s’agit d’un rebasage qui sera reconduit durant deux autres opérations dans les trois prochaines années.
Les autorités escomptent un PIB à 400 milliards de dollars à l’horizon 2027 grâce aux taux de croissance prévisionnels durant ces prochaines années et, bien sûr, à cet espèce de «jeu d’écriture» qui permettra de mieux prendre en charge les statistiques des secteurs, comme ceux cités plus haut, dont notamment le secteur informel. Cette opération de classification, faut-il convenir, ne mesure pas seulement la création de richesses durant l’année en objet mais aussi et surtout la prise en compte d’une partie de cette richesse qui échappait à la statistique durant les années précédentes.
Faisant la rétrospective de la classification des pays, la Banque mondiale indique que celle-ci a «considérablement» évolué depuis la fin des années 1980. «En 1987, 30% des pays étaient classés dans la catégorie des économies à faible revenu, contre 12% seulement en 2023. Dans le même temps, la proportion de pays à revenu élevé est passée de 25 à 40%», note cette institution. Cette évolution varie d’une région à une autre. Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par contre, la proportion de pays à faible revenu est plus élevée en 2023 (10%) qu’en 1987, où «aucun pays n’était classé dans cette catégorie». «En 1987, 100% des pays d’Asie du Sud étaient classés dans la catégorie des économies à faible revenu ; ils ne sont plus que de 13% en 2023.»
En Amérique latine et Caraïbes, la part des pays à revenu élevé a, quant à elle, «grimpé de 9% en 1987 à 44% en 2023». Tandis qu’en Europe et Asie centrale, la proportion de pays «classés dans la catégorie des économies à revenu élevé en 2023 (69%) est légèrement inférieure à celle de 1987 (71%)».