Le dossier de la réforme des programmes scolaires a été évoqué jeudi dernier à l’occasion d’une question orale adressée par un membre du Conseil de la nation au ministre de l’Éducation nationale.
Le débat autour de l’institution éducative est rarement axé sur ce thème central, en raison de la prédominance des questions d’ordre infrastructurel, des conditions d’accueil des élèves ou d’exercice des personnels enseignants et d’encadrement. Il est donc salutaire de considérer l’école dans son essence, celle du contenu et de l’enseignement. La finalité du système éducatif est d’apprendre à lire, à écrire, à compter et à penser, rappellent les pédagogues ainsi que les intellectuels de tous horizons lorsqu’ils sont interrogés à ce sujet.
Il avait fallu des années pour pouvoir extraire l’école de l’action et de la tourmente syndicales, après avoir atteint des seuils intolérables dans les mouvements de grève déraisonnablement prolongés, et subi l’épreuve des méthodes de pression fort dommageables pour les scolarisés, à l’image de la rétention des notes d’examen.
Les derniers regroupements des organisations syndicales ont permis d’adapter leurs moyens de lutte afin de faire prévaloir les droits légitimes des travailleurs et permettre la mise en place de canaux de dialogue ouvert et fructueux avec les responsables du secteur ou plus généralement les autorités interpellées par la question du niveau de vie et du pouvoir d’achat des salariés.
La nouvelle préoccupation prépondérante dans le monde de l’éducation est liée à la réalisation de nouveaux établissements scolaires et à leur équipement. Quand cela empiète sur toute l’année scolaire, il y a matière à s’interroger sur l’efficience de l’agenda en vigueur dans le secteur. Les problèmes de chauffage ne peuvent pas être invoqués au milieu de l’hiver mais résolus au début de l’année scolaire.
La période des grandes vacances d’été est d’ailleurs la plus indiquée pour agir sur le plan infrastructurel, en renforçant les chantiers et en mettant une pression maximale sur les entreprises de réalisation.
Par ailleurs, et en cours d’année scolaire, les observateurs ne manquent pas de relever la multiplication des «campagnes de sensibilisation» de tout ordre dans les écoles. Elles peuvent facilement être réduites ou simplement intégrées dans les cours, quand elles ne concernent pas prioritairement les adultes, à l’exemple du respect du code de la route, la prévention contre les incendies et les dangers du gaz dans les foyers. S’agissant précisément des adultes, des parents d’élèves, il y a fort à faire en matière de sensibilisation.
Outre les risques notoires de l’exposition des plus jeunes aux écrans, il y a un phénomène qui n’est pas près de refluer au sein de la société et à la périphérie de l’éducation, celui du commerce des cours de soutien scolaire.
Ces avatars d’écoles privées ont pignon sur rue, souvent face ou aux alentours des lycées et des établissements moyens. Il est temps de prendre conscience que l’activité pédagogique doit être réinstallée dans son milieu naturel et réglementaire, dans les structures de l’éducation nationale, les seules à même de concentrer l’investissement humain et matériel. Toutes ces questions doivent connaître leur épilogue pour asseoir les meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves. Le débat qui devra alors être engagé est celui de la révision des programmes scolaires en les inscrivant dans la perspective d’un développement multisectoriel et du progrès.
En réponse au parlementaire à ce propos, le représentant du gouvernement a rappelé que le «référent général des programmes officiels est imprégné de la Constitution et des orientations de la loi sur l’Education nationale de 2008» et que l’instance compétente est le Conseil national des programmes mis en place en 2021.