Les options qui se présentent aux enfants exclus de l’école (après la 4e année moyenne) paraissent minces. Ils ont le choix entre la formation professionnelle, l’enseignement à distance, l’école privée ou la rue.
Parmi les recalés des examens scolaires, combien d’élèves se retrouvent à la rue ? «C’est là une question fondamentale, car la déperdition scolaire influe négativement sur l’ensemble de la société», estime Ali Benzina, président de l’Association nationale des parents d’élèves. Il plaide en faveur d’une orientation vers la formation professionnelle : «Lorsqu’en juillet, cet élève se voit notifier une orientation vers la formation professionnelle, il est important qu’il sente qu’il y a un véritable intérêt pour sa réussite et pour son avenir.»
Mais pour cela, il est essentiel qu’il y ait, d’après lui, une coordination entre le département de l’Education nationale et celui de la Formation professionnelle. C’est cette harmonie qui fait actuellement cruellement défaut.
Où vont les élèves en décrochage scolaire ? Les options qui se présentent aux enfants exclus de l’école (après la 4e année moyenne) paraissent minces. Ils ont le choix entre la formation professionnelle, l’enseignement à distance, l’école privée ou la rue.
Il y aurait plusieurs catégories, selon M. Benzina. Certains reviennent au banc de l’école à force de supplications des parents ou grâce à un piston, une partie se dirige volontairement vers les centres de formation professionnelle, certains sont pris en charge par leurs parents.
Les autres se retrouvent à la rue. «Le fait est que ce sont là des adolescents qui se retrouvent livrés à eux-mêmes et parfois aux psychotropes et à la drogue. Nous savons tous que les temps sont durs aujourd’hui», déplore Ali Benzina.
Selon lui, les cas les plus nombreux se trouvent au collège ainsi qu’en première et deuxième années secondaires.
Cela est d’autant plus important, d’après lui, qu’il s’agit d’un enjeu de société. N’est considéré comme étant en déperdition scolaire par le ministère de l’Education nationale que l’élève qui abandonne l’école avant l’âge de 16 ans, étant donné que l’enseignement est obligatoire jusqu’à cet âge-là.
Cela s’appuie sur la circulaire n°847 du 29 septembre, se basant sur la loi 08-04 du 23 janvier 2008 relative à l’orientation sur l’éducation nationale, concrétise «le principe de l’égalité des chances» en matière d’enseignement.
C’est ainsi qu’elle insiste sur la scolarisation obligatoire dès l’âge de six ans, et ce, jusqu’à 16 ans. Aussi les chiffres avancés par le département de l’Education nationale sont-ils ridiculement bas, passant de 0,11% au primaire, à 2% au collège. Ils seraient bien loin de la réalité du terrain, selon Mostefa Khiati, président de la Forem, s’exprimant dans de nombreuses sorties médiatiques sur ce sujet.
Une enquête réalisée par le ministère de l’Education nationale qui était alors sous la férule de Nouria Benghabrit, sur 1000 élèves inscrits en primaire, 657 arrivent à la fin du cycle primaire, 550 à la 1re année du collège et 150 réussissent à atteindre la 1re année secondaire. In fine, seuls 41 élèves arrivent à décrocher leur baccalauréat. La ministre souhaitait mettre en place un plan de lutte contre la déperdition scolaire. Ce plan n’a pas encore vu le jour.
Le Conseil des lycées d’Algérie (cela) avait fait une enquête selon laquelle les déperditions scolaires touchent annuellement 500 000 élèves, soit 10 millions sur une période de 20 années. Un phénomène qui serait loin d’être marginal.
Mais il est à déplorer le peu d’études et d’analyses ainsi que de chiffres sur ce phénomène, preuve d’un manque dramatique d’intérêt pour le sort des élèves qui quittent les bancs de l’école. Il y a également peu d’indicateurs sur les raisons profondes qui poussent des élèves à renoncer à l’école.