M. Attaf était porteur d’un message du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue mauritanien, dans lequel le chef de l’Etat a renouvelé sa détermination à «poursuivre l’action conjointe» pour concrétiser l’ambition commune de développer les relations bilatérales.
Pour sa première visite à l’étranger, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est rendu le 25 avril à Nouakchott où il a été reçu par le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazaouani, et son Premier ministre, Mohamed Ould Bilal Messaoud. Le choix du nouveau ministre des Affaires étrangères de consacrer à la Mauritanie son premier déplacement à l’étranger n’est assurément pas fortuit.
Ce voyage de travail, qui s’est soldé par de riches échanges avec les plus hauts dirigeants mauritaniens, dénote toute l’importance qu’accorde l’Algérie au développement des relations bilatérales et sa volonté de leur impulser un nouveau souffle.
M. Attaf était porteur d’un message du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue mauritanien, dans lequel le chef de l’Etat a renouvelé sa détermination à «poursuivre l’action conjointe» pour concrétiser l’ambition commune de développer les relations bilatérales. L’audience accordée par le président mauritanien au ministre des Affaires étrangères a permis d’examiner les «progrès réalisés» dans les relations bilatérales depuis la visite d’Etat de M. Ould Cheikh El Ghazaouani en Algérie en décembre 2021.
Une visite qui se veut un nouveau départ pour les relations entre les deux pays. Des relations que l’Algérie entend renforcer davantage dans divers domaines à l’occasion de la 20e session de la Grande commission mixte qui aura lieu prochainement à Alger.
La coopération entre les deux Etats a connu une forte redynamisation au cours de ces deux dernières années. Elle touche de nombreux domaines, tels que la sécurité, le commerce, les finances et la pêche.
Parmi les plus grands projets engagés par les deux pays, l’on peut citer la construction de la route reliant Tindouf à Zouerate, qui s’étendra sur une longueur de 775 km, dont seulement une partie (77 km) se trouve sur le territoire algérien. Lancé lors de la visite du président mauritanien fin 2021 en Algérie, ce projet de grande envergure sera réalisé par des entreprises algériennes. Parmi les entreprises réalisatrices, il y a Cosider TP, EVSM, SNTP, EPTRC, ETTR Ouargla, EPTP Alger et SERA Oran.
Cette infrastructure routière est d’une «importance capitale» pour les deux pays en ce sens qu’il va favoriser la promotion de l’exportation de la production nationale vers les pays africains et la relance de l’économie de la région toute entière. Constituant un axe prioritaire dans le développement de la coopération bilatérale, cette grande route sera exploitée par l’Algérie sous forme de concession de 10 ans reconductible.
L’hostilité du makhzen
Ce projet, qui est de nature à faciliter la circulation des personnes et des marchandises entre l’Algérie et la Mauritanie et par ricochet avec les pays de l’Afrique de l’Ouest, suscite une farouche hostilité du Maroc qui œuvre par des moyens dilatoires à faire échouer sa réalisation ou tout au moins à la retarder.
Les agressions marocaines contre des routiers qui empruntent la liaison entre l’Algérie et la Mauritanie en passant par le sud du Sahara occidental occupé visent, selon des observateurs, à attiser les tensions et à créer un climat d’insécurité dans cette zone qui compliquerait la concrétisation de cette grande infrastructure.
D’ailleurs, trois Algériens, qui effectuaient la liaison entre la Mauritanie et l’Algérie, ont été assassinés le 1er novembre 2021 par un drone marocain. Le makhzen voit ainsi la création de cette liaison routière permanente entre l’Algérie et la Mauritanie comme une menace à son couloir commercial qui passe par Nouadibou, capitale économique mauritanienne qui donne sur l’Atlantique.
Le projet routier algéro-mauritanien, qui sera doté de plateformes logistiques géantes, est encore économiquement plus avantageux par sa connexion directe à la Transsaharienne. Pour les spécialistes, ce projet, qui élargira le réseau routier africain, ne pourra que renforcer l’intégration régionale.
C’est même l’avis du ministre mauritanien de l’Equipement et des Transports, Mohamedou Ahmedou M’haïmid, qui avait affirmé, en décembre 2021, que ce projet «permettra aux opérateurs algériens une ouverture économique sur les marchés africains en passant par la Mauritanie qui permettra, à son tour, de renforcer la coopération économique entre les opérateurs des deux pays». L’enthousiasme exprimé par les Mauritaniens quant à la concrétisation de ce projet s’explique par la grande confiance en leur partenaire algérien.
En effet, depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a toujours été d’un grand soutien pour la Mauritanie. L’Etat algérien a fortement accompagné ce pays dans sa politique de développement des infrastructures de base. Il l’a aidé à l’installation de son réseau électrique mais aussi de celui de distribution du carburant.
L’Algérie a été présente dès les années 1960 en Mauritanie à travers des partenariats dans les domaines de la pêche et de la pétrochimie. C’est aussi en Algérie que la monnaie mauritanienne «ouguiya» a vu le jour et c’est la Banque centrale d’Algérie qui a formé les premiers responsables de l’Institut d’émission mauritanien. C’est dire que les relations entre les deux pays sont bien ancrées dans l’histoire.
La volonté affichée pour les développer davantage ne peut que leur être bénéfique. Car, une fois opérationnelle, la route Tindouf-Zouerate va incontestablement contribuer à booster les échanges commerciaux et économiques et à connecter l’Afrique du Nord à l’Afrique de l’Ouest. C’est tout simplement l’axe Alger-Nouakchott qui se consolide pour créer de nouvelles connexions économico-commerciales interafricaines.