Drame migratoire de Melilla : L’odieux accord Espagne-Maroc sur l’immigration

28/06/2022 mis à jour: 04:30
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Photo : D. R.

Douze associations et mouvements de défense des droits humains, marocains et européens, ont publié un communiqué commun pour dénoncer l’accord entre l’Espagne et le Maroc sur l’immigration et réclament une enquête approfondie et indépendante pour identifier les responsables de la mort tragique de 27 migrants subsahariens et deux gendarmes marocains aux portes de Melilla.

Les tragiques événements du vendredi 24 juin 2022 rappellent, avec violence, l’échec des politiques migratoires sécuritaires. Les 27 morts et les centaines de blessés du côté des migrants, ainsi que ceux du côté des forces de l’ordre marocaines sont le symbole de politiques européennes d’externalisation des frontières de l’Union européenne, avec la complicité d’un pays du sud, le Maroc», condamnent ces associations et mouvements. «La mort de ces Africains aux frontières de la ‘‘forteresse européenne’’ alerte sur la nature mortifère de la coopération sécuritaire en matière d’immigration entre le Maroc et l’Espagne», prévient la même source.

Le communiqué en question n’y va pas avec le dos de la cuillère en révélant que les «prémices du drame de vendredi ont été annoncées depuis quelques semaines avec les campagnes d’arrestations, de ratissage de campements, de déplacements forcés visant les personnes en migration à Nador et sa région». Des actions annonciatrices de ce «drame écrit d’avance», poursuit-on.

Selon le document précité, la reprise de la coopération sécuritaire dans le domaine des migrations entre le Maroc et l’Espagne, en mars 2022, a eu pour conséquence directe la multiplication des actions coordonnées entre les deux pays.

Ce drame était planifié

«Ces mesures sont marquées par des violations des droits humains des personnes en migration à Nador, Tétouan et Tanger ou encore à Laâyoune et Dakhla. Le drame de cette triste journée est la conséquence d’une pression planifiée contre les personnes exilées», ajoutent les 12 associations et mouvements de défense des droits humains.

Pointant du doigt la politique hostile du régime marocain à l’égard des migrants, les signataires dudit document informent l’opinion publique internationale que «depuis plus d’une année, les personnes en migration à Nador sont privées d’accès aux médicaments, aux soins, voient leurs campements brûlés et leurs biens spoliés, denrées alimentaires détruites et même le peu d’eau potable, qui est à leur disposition dans leurs campements, est confisquée. Ces expéditions punitives ont abouti à une spirale de violence des deux côtés. Une violence condamnable quelles que soient leur origine».

Face à ce nouveau drame aux frontières et compte tenu de l’ampleur du bilan humain, les organisations signataires expriment leurs vives et sincères condoléances aux familles des victimes et condamnent «l’absence de prise en charge rapide des migrants blessés, qui a alourdi ce bilan, exigeons qu’une prise en charge sanitaire adéquate et de qualité soit accordée à toutes les personnes hospitalisées à la suite de ce drame, nous exigeons que les autorités marocaines procèdent à l’identification et la restitution des dépouilles des victimes à leurs familles, en collaboration avec les communautés des migrants, nous exigeons l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire indépendante du côté marocain, comme espagnol, ainsi qu’au niveau international pour faire toute la lumière sur ce drame».

Les signataires du communiqué, qui disent ne plus vouloir se taire face à ces drames, appellent les représentations diplomatiques des pays africains présentes au Maroc d’assurer pleinement leurs responsabilités en matière de protection de leurs ressortissants, au lieu d’être complices des politiques en cours.

«Nous exigeons la fin des politiques criminelles financées par l’Union européenne et ses complices, les Etats et certaines organisations de la société civile qui assurent la sous-traitance de ces politiques criminelles. Nous appelons les organisations et les mouvements de défense des droits humains à se mobiliser dans ce moment critique où le droit à la vie est plus que jamais en danger !» concluent-ils.

Il est à rappeler qu’au moins 23 migrants d’origine africaine sont morts vendredi après l’usage disproportionné de la force par la police marocaine qui tentait d’empêcher près de 2000 d’entre eux d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla, selon un bilan officiel donné samedi soir. Ce bilan est le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l’enclave espagnole voisine de Ceuta, les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain.

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