- Pourquoi les résultats d’analyses diffèrent-ils d’un laboratoire à un autre ?
Les résultats peuvent être un peu différents en fonction des techniques et du matériel utilisés. Les normes aussi peuvent être différentes. C’est pour cela qu’il est important de travailler avec des techniques, des réactifs et des automates de qualité et conformes.
- Y a-t-il différentes qualités dans les réactifs utilisés ?
Oui ! Sur le marché national, on peut trouver de très bons, de bons et de moins bons réactifs. L’exigence qualité doit nous pousser à n’utiliser que ceux répondant à cette exigence. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.
- Pensez-vous que certains laboratoires privilégient une mauvaise qualité en termes de réactifs pour faire un maximum de profits ?
Effectivement ! Certains laboratoires travaillent avec des réactifs de mauvaise qualité. Par conséquent, cela entraine des rendus de résultats parfois même erronés et ne correspondant pas au contexte clinique du patient.
- Quel rôle doit jouer l’Etat dans ce cas ?
Justement, l’Etat a un rôle important à jouer en réglementant les approvisionnements en réactifs et n’autoriser que ceux qui répondent aux critères de qualité et de conformité. C’est pourquoi, il est important d’imposer un contrôle rigoureux sur tout le marché des réactifs.
- Pensez-vous judicieux de mettre en place un «standard de qualité» concernant les réactifs afin que tous les laboratoires aient les mêmes et les résultats ne diffèrent plus ?
Il ne faut autoriser que les réactifs répondant aux exigences qualité et conformité et interdire le reste. A titre d’exemple, on ne doit pas tolérer l’usage de bandelettes réactives, destinées au dépistage pour le diagnostic. Les autorités doivent réguler tout cela.
- Estimez-vous important de mettre en place le contrôle de qualité, supervisé par les autorités ?
C’est justement ce que nous, Association des laboratoires d’analyses médicales (ALAM), avons demandé et proposé à plusieurs reprises à notre tutelle afin que cela soit instauré de manière officielle et obliger tout laboratoire à s’y soumettre.
- Qu’en est-il du guide de bonnes pratiques ?
Malheureusement, nous n’avons même pas ce guide de bonnes pratiques (GBEA). Celui-ci a pourtant été soulevé comme point important régissant l’exercice de la biologie médicale, en vain.
- Faut-il l’imposer ?
Il faut abord le faire et bien sûr l’imposer ! C’est le minimum que l’on puisse faire si on veut sauver notre biologie qui dérive de manière très grave et inquiétante.
- Comment expliquer la hausse des prix des analyses par rapport aux années précédentes ?
Les prix n’ont pas vraiment augmenté pour les patients, mais c’est le pouvoir d’achat qui a chuté, avec des prix réactifs à l’achat en augmentation chaque année. Il y a aussi le fait que la nomenclature tarifaire remonte à 1985, ce qui signifie que les patients ne peuvent même pas se faire rembourser leurs examens au taux réel. Il est donc important de rembourser tout acte médical à sa juste valeur et non en se reposant sur une tarification dépassée et obsolète.
- Quel rôle doit jouer la Cnas ?
Il est plus que nécessaire de revoir la tarification des examens de biologie médicale, et la CNAS a un rôle majeur à jouer. Revoir la nomenclature des actes de biologie médicale et la tarification de ces actes est primordial. D’ailleurs, l’association ALAM a fait un gros travail avec le ministère de la Santé et une proposition dans ce sens est entre les mains du ministère.
- On parle beaucoup de laboratoires de références. Existent-ils réellement ?
Un laboratoire de référence est un laboratoire de biologie médicale de recours reconnu au niveau national pour un ou des examens de biologie médicale ou pour une ou des pathologies déterminées. La qualité d›un laboratoire est considérée comme sa capacité de fournir des résultats précis, fiables, au bon moment et au meilleur coût, afin que les médecins puissent déterminer le traitement approprié des patients. Pour atteindre cet objectif, la mise en place d›un système de management de la qualité est nécessaire.
- On parle beaucoup d’intrus dans la profession. De qui s’agit-il ?
Il s’agit tout simplement d’un exercice illégal de la biologie médicale. Et la loi de santé de 2018 en vigueur est très claire à ce sujet, notamment les articles 252, 253, 254, 255 et 256. D’ailleurs, l’article 252 stipule que sont autorisés à exploiter un laboratoire d’analyses de biologie médicale, les titulaires du diplôme d’études médicales spécialisées en biologie clinique.
Les personnes citées à l’alinéa 1er ci-dessus, sont responsables de leurs laboratoires ainsi que de leur activité qu’ils doivent exercer personnellement et effectivement dans les conditions fixées par voie réglementaire. L’article 253 stipule que le titulaire d’un diplôme d’études médicales spécialisées dans l’une des spécialités biologiques de base, est autorisé à exploiter un laboratoire d’analyses de biologie médicale dans les conditions fixées par voie réglementaire.
L’article 254 stipule, quat à lui, que l’exécution des actes de biologie qui requièrent une qualification spéciale ou qui nécessitent le recours à des produits présentant un danger particulier ou des techniques exceptionnellement particulières peut être réservée aux laboratoires répondant aux conditions techniques et aux normes de santé en la matière.