Do you speak english ?

24/05/2023 mis à jour: 00:11
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La décision d’introduire l’anglais comme langue d’enseignement à l’université dès la prochaine rentrée fait toujours débat. Si, au niveau officiel, la question semble tranchée, avec toute une batterie de mesures, ce n’est pas le cas dans les campus. 

En l’absence d’un débat franc et contradictoire mené à la base, en faisant participer les acteurs concernés, ce sont les appréhensions qui prennent le dessus. Pour comprendre les soucis «non déclarés», il suffit de descendre dans les amphis et les salles de cours pour saisir la dimension du problème. Il y a sept ans, un rapport du ministère de l’Enseignement supérieur avait révélé un taux d’échec entre 50 et 60% en première année pour les nouveaux bacheliers. 
 

Si la mauvaise orientation et l’inadaptation de ces nouveaux étudiants avec le milieu universitaire, en raison du niveau réellement bas du bac, sont souvent avancées, des enseignants universitaires continuent d’alerter sur le niveau très faible de ces étudiants en français et en anglais. La non-maîtrise des langues étrangères est devenue un véritable écueil pour eux, surtout dans les spécialités scientifiques. L’apprentissage des langues étrangères dans les paliers de l’éducation nationale a atteint des niveaux très bas ces dernières années. La rupture entre ce secteur et celui de l’Enseignement supérieur a été confirmée à tous les niveaux. Un constat face auquel l’ex-ministre Nouria Benghabrit ne pouvait rien faire, puisque sa réforme ne connaîtra pas son aboutissement. 

Le système éducatif continuera de produire une médiocrité masquée par de faux «vrais» succès à l’examen du bac. Ainsi, des élèves passent leur cursus à cumuler leurs faiblesses dans les langues. Une fois à l’université, ils seront confrontés à la dure réalité. Celle de poursuivre des études dans des spécialités scientifiques dispensées dans des langues qu’ils ne maîtrisent pas. 

Des enseignants universitaires témoignent que même des étudiants ayant été orientés vers un département de langue et de littérature anglaises, conformément à leur vœu, ont trouvé d’énormes difficultés à saisir un cours dispensé en anglais. Ceci sans parler de ceux qui n’ont même pas le niveau requis. Une situation vécue comme une fatalité par des étudiants qui se retrouvent contraints de sécher les cours, dans l’attente d’une nouvelle orientation et la perte d’une année gratuitement. Un fait qui se confirme depuis des années. 

Si le problème réside dans le système éducatif, pourquoi ne pas commencer par revoir les choses en bas, soit à la base, au lieu de vouloir «anglophoner» à tout prix en haut. C’est comme l’histoire de cet Algérien, croyant bien parler en anglais, et qui a voulu discuter avec un touriste en lui posant la question : «Do you speak english ?» (Parlez-vous anglais ?) Quand le touriste lui répond par quelques phrases qu’il n’a apparemment pas comprises, l’Algérien lui dit : «Would speak slowly please.» (Voulez-vous parler lentement s’il vous plaît). 

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