Nous avons approché le comédien aux multiples talents, qui a bien daigné nous parler, en diagonale, de son parcours artistique, de la distribution des rôles qu’il a campés, aussi bien pour la télévision que pour le grand écran, et le regard qu’il porte sur le cinéma algérien. L’espace d’un moment, la perche lui est tendue par El Watan dans un lieu public où des enfants et jeunots de passage le croisaient non sans le solliciter à prendre des selfies avec lui. Suivons-le.
- Peut-on connaître les premières classes de formation artistique de Djamel Bounab ?
Après avoir entamé mes premiers pas au sein de la troupe JFLN en 1970, je m’essayais à la parodie. J’avais un don dans la chanson comique. A l’époque, j’étais inspiré par Amar Ouhadda, Sid Ahmed Ayad (dit Rouiched), Sid Ali Haouat (dit Fernandel), Touri, l’Oranais Mohamed El Kahlaoui, pour ne citer que ces vieux briscards de l’art des planches. J’avais par la suite intégré le conservatoire où j’avais appris les rudiments de la chanson andalouse dans la classe de Abdelkrim Mhamsadji, puis celle que dirigeait Abdelkrim Dali.
- Et qu’en est-il des arts de la scène ?
En 1974, j’avais intégré la Troupe théâtrale populaire (TTP) présidée par Hassan El Hassani, une compagnie qui élisait ses quartiers au 17, boulevard Emir Khaled (ex-Pitolet). J’avais certes, une prédilection pour la chanson comique, mais on ne tarda pas à me confier des rôles dans certaines pièces de théâtre. Je me rappelle dans une de nos tournées être monté sur scène pour suppléer le vide laissé par le comédien Amar Ouhadda qui était malade.
J’avais campé le personnage de «Si Kaddour El Bougeoisi» dont le titre est Naïnae et les cinq hectares, un sujet qui traitait de la Révolution agraire. C’était en quelque sorte le déclic… Il y avait de grands noms, tels que Hassan El Hassani, Tayeb Aboul El Hassan, Mustapha El Anka, Ouarda Amal, Afifa, etc. Après avoir accompli mon service national, (1975-1977, ndlr), mon père me dissuadait de retourner trimer sur les planches.
Il m’avait conseillé mordicus de me retirer du milieu artistique, car, selon lui, le métier de comédien ne nourrit pas son homme. J’ai travaillé alors dans une entreprise, mais j’avais toujours cette passion pour l’art des planches ; cela ne m’a pas empêché de fouler la scène en intégrant en parallèle, certaines troupes de théâtre amateur.
- Comment avez-vous basculé dans le 7e art ?
Après une certaine expérience acquise dans l’art des planches, je voulais tenter l’aventure cinématographique. Plusieurs petits rôles m’ont été confiés par des réalisateurs que je tiens d’ailleurs à saluer et à leur rendre hommage, dont Bachir Belhadj, Moussa Haddad.
J’avais l’insigne honneur de faire ma première apparition dans une œuvre cinématographique, Un toit, une famille, réalisée en 1981, par Rabah Laradji, avant d’assurer d’autres petits rôles avec Ghouti Bendeddouche dans Hassan Niya, puis en 1987, avec Jean Pierre Lledo dans le film Lumières.
S’ensuit le film intitulé Sous la cendre de Abdelkrim Baba Aïssa, ensuite dans Ombres Blanches, œuvre réalisée par Said Ould Khelifa en 1990, avant d’incarner le rôle de compositeur de musique dans l’œuvre Mélodie d’espoir du réalisateur Djamel Fezzaz. Il y a aussi d’autres réalisateurs avec qui j’ai travaillé.
- Vous cumulez combien d’années comme comédien ?
Disons que depuis ma première montée sur scène avec des professionnels, j’ai à mon actif une cinquantaine d’années entre art de la scène et le 7e art, télévision et cinéma confondus.
- Quel personnage principal, en dehors de Rachid Ksentini, Djamel Bounab a incarné ?
Des rôles secondaires m’ont été confiés dans plusieurs feuilletons, téléfilms, sitcoms et séries comme Nass Mlah City (1,2,3), en guest star dans Djemaï Family, Dar El Bahdja aux côtés de Souileh et Bayouna, sans oublier le rôle de Docteur Smati que j’avais assuré dans la série Imarat l’Hadj Lakhdar (L’immeuble de L’hadj Lakhdar) dans la suite 1,2,3.
- Mais depuis un certain temps, Djamel semble en hibernation, il n’y a pas de distribution pour vous, sinon, vous êtes très peu sollicité par les réalisateurs. Peut-on connaître les raisons ?
Je ne suis pas en hibernation, mais j’ai décliné dernièrement des offres de réalisateurs qui m’ont proposé de camper des rôles pour des œuvres en prévision de ce mois de Ramadhan.
- Pourquoi avoir refusé ?
Pour l’unique et simple raison que je ne me vois pas incarner des personnages qui n’épousent pas mon profil, car mon souci premier n’est pas de paraître, juste le plaisir de paraître dans la télévision. Aussi, je refuse de jouer des rôles dont je me sens incapable d’assurer convenablement ou qu’on me fasse appel pour faire tout simplement du remplissage. Je respecte beaucoup le métier de comédien pour me laisser aller dans une aventure qui peut nuire avant tout à la profession.
- Dans quel genre vous sentez-vous le plus à l’aise ? Le dramatique, le comique ?
En tant que comédien, je joue tous les genres, mais je dois avouer que j’ai un penchant pour le tragi-comique, encore faut-il que j’y crois au personnage qu’on me confie.
- Quel regard portez-vous sur le cinéma algérien actuel ?
Contrairement aux années soixante-dix et quatre-vingt du siècle dernier, où il y avait une profusion d’œuvres cinématographiques, voire une filmothèque riche, je dois dire qu’à l’heure actuelle, la production cinématographique reste timide et relève du domaine de l’occasionnel. Le cinéma fonctionne selon l’événementiel, malheureusement.
Cela dit, le premier magistrat du pays n’a eu de cesse de répéter, lors des dernières assises nationales du cinéma que les moyens financiers et matériels existent, pour peu que tous les acteurs opérant dans le monde du 7e art prennent à bras-le-corps ce secteur, en multipliant la production cinématographique.
Bio-express
Parallèlement à ses premières classes effectuées dans la musique andalouse, sous la férule de maître Abdelkrim M’hamsadji, puis du cheikh Abdelkrim Dali, au conservatoire d’Alger, Djamel Bounab s’essaye à la chanson comique dans la troupe JFLN de Bab El Oued.
En 1974, il intègre la Troupe théâtrale populaire (TTP) que dirigeait alors le grand comédien Hassan Hassani, dans le siège qui élisait ses quartiers au 17, boulevard Emir Khaled (ex-bd Pitolet), Passionné des arts de la scène, Djamel ne tarda pas à embrasser le 7e art et se verra confier tout d’abord des petits rôles par des réalisateurs de renom, tels que Abdelghani Mehdaoui, Mustapha Badie, Mohamed Badri et Djamel Fezzaz.
C’est dans le feuilleton Chafika écrit par Djamila Arras et réalisé par Fezzaz qu’il se fera connaître du grand public. Djamel Bounab se verra attribué par la suite des rôles dans d’autres œuvres, notamment la série de douze épisodes, réalisée en 2006 par Boualem Aïssaoui, dans laquelle il incarnera le personnage du boute-en-train, Rachid Ksentini. F. B. H.