Très court, le troisième trimestre s’achève presque déjà. Les classes, notamment celles du baccalauréat, sont parfois désertées et les disparités dans l’achèvement du programme pédagogique sont énormes.
Un air de fin d’année prématuré plane en effet dans les établissements. Pourtant à suivre le calendrier officiel du ministère de l’Education nationale, il est encore trop tôt pour parler des grandes vacances. Sur le terrain, les élèves n’ont pas réellement cours, ou très peu.
Les perturbations sont nombreuses dans ce trimestre qui tire à sa fin. «Nous n’avons pas eu cours depuis la 3e semaine du mois de Ramadhan. Notre enseignante d’histoire-géographie n’est pas venue. Nous avons pratiquement raté 3 ou 4 séances», déclare Lylia, élèves en 2e année secondaire lettres et philosophie. Dans d’autres établissements, les élèves auraient, selon les parents d’élèves, tacitement été avertis de ne plus venir. Les cours seraient déjà terminés.
La raison est qu’effectivement il ne reste plus de temps pour des cours supplémentaires, étant donné qu’à partir de la semaine prochaine, celle du 15 mai, les cours vont être interrompus. La cause est l’organisation du baccalauréat et du BEM blancs.
«Juste après, ce sera les compositions, les corrections et la remise des notes et bulletins. Il ne reste concrètement que 3 jours à étudier avec le système actuel d’enseignement par alternance. Pour les classes de terminale, elles ont commencé par être désertées depuis des semaines. C’est normal étant donné que rien n’oblige les élèves à rester en classe sauf l’éthique et l’assiduité qui ne sont pas prises en considération au baccalauréat», s’indigne Latifa, enseignante de langue française au lycée Ibn Nass à Alger.
Pour les syndicats, les conditions dans lesquelles s’est déroulée cette année scolaire sont loin de répondre aux normes. Beaucoup de perturbations ont fait que les élèves n’ont pas eu suffisamment de cours et n’ont pas acquis les connaissances essentielles prévues. «L’année a été retardée de deux semaines, puis perturbée par une sortie en vacances d’hiver prématurée et un confinement au milieu du 2e trimestre.
Ce troisième trimestre n’a pas démarré sous de bonnes auspices étant donné que les enseignants étaient encore touchés par la Covid-19 et beaucoup d’absences ont été recensées», déclare Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, qui estime que même le programme n’est pas réellement terminé, du moins pour certaines matières, telles que les sciences naturelles, les mathématiques ou les langues. «Nous ne pouvons pas estimer le taux d’achèvement des cours étant donné qu’il y a beaucoup de disparités entre les établissements et aussi entre les classes du même établissement.
D’ailleurs, il est important dans ce sens d’alerter contre les fausses déclarations quant à l’avancement des cours. Ceci pourrait mener, comme cela a été rapporté les années passées, à la présence de questions sur des leçons non faites en classe dans les examens de fin d’année, notamment le baccalauréat», alerte notre syndicaliste.
Il appelle également à éviter de mettre la pression sur les enseignants afin qu’ils terminent le programme en un temps record au risque de les pousser à bâcler leur tâche et à sacrifier les activités connexes, telles que les exercices. Les autres partenaires sociaux de Abdelhakim Belabed alertent sur l’impact de cette situation sur le niveau des élèves qui prend d’année en année de sérieux coups.
Le Cnapeste a-t-il obtenu gain de cause ?
Sur sa longue liste de revendications, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) commence à avoir gain de cause. Selon des sources rapprochées du ministère de l’Education nationale, 36 000 nouveaux postes de promotion des enseignants, aux rangs d’enseignant principal et enseignant formateur, ont été débloqués.
Un chiffre considéré comme une première dans l’histoire du secteur. Des instructions ont également été émises pour le dégel de la prime de rendement pour les enseignants protestataires. L’exécution devrait se faire dans les prochaines jours, selon nos sources. Il ne reste principalement que les arriérés de salaires et primes qui tardent à être débloqués.
Le Cnapeste ne cache pas sa satisfaction et son impatience de voir ce dernier point résolu. Il temporise toutefois l’arrêt de son boycott administratif jusqu’à la concrétisation sur le terrain de ces décisions et instruction au niveau local. Le Cnapeste promet, rappelons-le, la convocation rapide de son conseil national pour le gel de ses actions de protestation, du moins pour cette année. A. B.