Différend frontalier indo-chinois : New Delhi annonce un accord avec Pékin sur des patrouilles frontalières

22/10/2024 mis à jour: 03:06
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Le Premier ministre indien, Narendra Modi, s'entretenant avec le dirigeant chinois, Xi Jinping

L’Inde a déclaré hier avoir conclu un accord avec la Chine sur des patrouilles dans des zones frontalières disputées, au point mort depuis un affrontement au corps-à-corps entre soldats des deux pays en 2020, selon l’AFP citant la diplomatie indienne. 

«Un accord a été trouvé sur les modalités des patrouilles le long de la ligne de démarcation dans les zones frontalières entre l’Inde et la Chine», a déclaré, à la presse, Vikram Misri, un haut responsable du ministère indien des Affaires étrangères. «Au cours des dernières semaines, les négociateurs diplomatiques et militaires indiens et chinois ont été en contact étroit les uns avec les autres», a-t-il ajouté. 

L’annonce intervient un jour avant que le Premier ministre indien, Narendra Modi, ne participe à Kazan, en Russie, au sommet des Brics, auquel le dirigeant chinois Xi Jinping doit également assister. Les deux géants asiatiques partagent une frontière de 3500 kilomètres qui demeure une constante source de tensions, avec des accrochages sporadiques. Un affrontement au corps-à-corps à la frontière du Tibet et de la région indienne du Ladakh a fait, en juin 2020, au moins 20 morts côté indien et 4 parmi les Chinois.


La Chine revendique la totalité de l’Arunachal Pradesh, un Etat du nord-est de l’Inde, qu’elle considère comme faisant partie du Tibet. La Chine et l’Inde se sont régulièrement mutuellement accusées d’essayer de s’emparer de territoires le long de la ligne de démarcation.  Le différend frontalier remonte au découpage des frontières de l’Inde britannique, en 1914. Par le tracé de la ligne McMahon, le Royaume-Uni s’octroie deux régions revendiquées par la Chine : l’Arunachal Pradesh, à l’est, et l’Aksai Chin dans la région du Ladakh, à l’ouest. Ces frontières n’ont toutefois jamais été reconnues par Pékin.  

En 1962, la Chine a infligé une défaite militaire à l’Inde. Le conflit portait sur deux portions de la frontière : l’Aksai Chin et l’Arunachal Pradesh. L’Inde les considère comme partie intégrante de son territoire national en vertu de l’héritage frontalier légué par l’Empire britannique des Indes. La Chine, en parallèle, récuse la légitimité de ces tracés «coloniaux» et estime que les deux zones constituent une extension de ses régions du Tibet ou du Xinjiang. A l’issue de cette guerre, Pékin a imposé sa souveraineté sur l’Aksai Chin, mais retire ses troupes de l’Arunachal Pradesh, permettant ainsi à New Delhi d’y rétablir sa tutelle. En septembre 1967, à Nathu La, des fusillades et tirs d’artillerie ont éclaté entre les forces des deux pays faisant 88 morts du côté indien et 300 du côté chinois.

En 1975, quatre soldats indiens ont perdu la vie en Arunachal Pradesh. Depuis, les affrontements armés ont quasiment cessé. Néanmoins, les contentieux territoriaux n’ont pas pour autant été réglés. Les tensions demeurent vives sur la Ligne de contrôle réel (LAC), la ligne de cessez-le-feu informelle officialisée seulement en 1993 par les deux géants asiatiques. Depuis, le statu quo prévaut, et plusieurs conflits ont eu lieu sans pour autant arriver à la confrontation armée. 


Différend militaire

Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, en septembre 2014, un nouveau conflit débute lorsque l’Inde entreprend la construction d’un canal dans le village frontalier de Demchok. La Chine proteste et envoie des troupes dans la région, ce qui entraîne des tensions. Le conflit prend fin au bout de trois semaines, lorsque les deux parties acceptent de retirer leurs troupes. En juin 2017, un différend militaire se produit sur le territoire contesté de Doklam, près du col de Doka La, le long de la frontière entre l’Etat indien du Sikkim et le Bhoutan. La Chine achemine du matériel pour la construction dans la région de Doklam et commence l’aménagement d’une route. L’Inde intervient le 18 juin, deux jours après le début des travaux. 

Les armées indienne et chinoise se sont de nouveau affrontées dans l’Himalaya le 9 décembre 2022 dans l’Arunachal Pradesh, dans le secteur de Tawang, près du Bhoutan, une région revendiquée par Pékin, qui la considère comme faisant partie intégrante du Tibet. New Delhi a accusé Pékin, le 13, de tenter de «changer unilatéralement le statu quo» dans la zone frontalière himalayenne de l’Etat indien d’Arunachal Pradesh, quelques jours après des affrontements qui ont fait des blessés des deux côtés, selon l’Inde.

L’armée chinoise, quant à elle, a indiqué que des soldats indiens ont franchi «illégalement» la frontière et fait obstruction aux troupes de Pékin. Membre des Brics, l’Inde fait aussi partie de l’Organisation de coopération de Shanghai, aux côtés de la Chine et la Russie. Le pays le plus peuplé au monde s’est joint à l’alliance du Quad avec les Etats-Unis, l’Australie et le Japon.
 

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