Dialogue de sourds ?

13/03/2023 mis à jour: 03:13
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L’Algérie  accueille dans ses «murs» le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell. Une visite qui s’inscrit d’emblée dans le cadre de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, signé il y a près de dix ans sous le «règne» de l’ancien président, aujourd’hui disparu, Abdelaziz Bouteflika. 

Un accord qui a suscité un tollé auprès de l’opinion publique national et dans le milieu des affaires et du commerce. L’actuel gouvernement n’a eu de cesse de dénoncer les conditions imposées dans le document à travers les barrières douanières. Autrement dit, l’UE impose des barrières sanitaires et phytosanitaires qui font que les produits algériens ne peuvent être commercialisés en Europe, alors que les produits européens inondent le marché algérien. 

Il y a également des conditions d’emballage, d’étiquetage et de taux de sucre qui empêchent, par exemple, que le vin algérien et de nombreux autres produits agroalimentaires de pénétrer le marché européen. En réponse à cet impondérable, l’Algérie riposte en interdisant à l’importation certains produits fabriqués en Europe. Le président de la République a également dénoncé récemment l’accord d’association qui est, selon lui, «globalement» contraire aux intérêts du pays. C’est donc dans sa globalité que Abdelmadjid Tebboune veut le négocier.

Dans un entretien accordé à notre confrère en langue nationale le quotidien El Khabar dans son édition d’hier, Josep Borrell estime que l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE est bon pour les deux parties et qu’il est nécessaire de mettre en place le conseil de coopération, condition essentielle pour son exécution. 

A croire que l’on va assister à un dialogue de sourds entre les deux parties. Les autorités algériennes campent sur leur la position d’une révision totale de l’accord sur la base du principe «gagnant-gagnant», Josep Borrell pour sa part s’en tient à l’essentiel du document, même si par ailleurs il pourrait envisager quelques concessions. Aujourd’hui, l’opinion publique sera informée de la teneur des discussions et des perspectives qui s’annoncent pour les deux parties. 

La visite de Josep Borrell est à la mesure de l’importance qu’accorde l’Union européenne à l’Algérie en tant que pays pivot en Afrique du Nord et au Maghreb. En plus de ses richesses en hydrocarbures et en minerais, l’Algérie joue un rôle de première importance dans la sécurité et la stabilité des Etats sud-européens. De même qu’elle met tous les moyens pour endiguer le phénomène de l’immigration clandestine vers l’Europe qui provoque la mort de plusieurs milliers de citoyens africains, issus des pays du Sahel notamment. Josep Borrell, en tant qu’ancien ministre socialiste de différents gouvernements espagnols, serait peut-être tenté de poser le problème de la détérioration des relations politique et économique entre l’Algérie et l’Espagne. 

Sur ce point, la cause est entendue si le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez ne revient pas sur son revirement sur la question du Sahara occidental. Le gouvernement algérien restera inflexible. Sur cette question sensible, Josep Borrell a affirmé que l’UE soutient les résolutions de l’ONU pour la décolonisation du Sahara occidental et le droit de son peuple à l’autodétermination. 

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