Deux tiers des établissements de l’agence onusienne à Ghaza endommagés : L’armée israélienne s’acharne contre les écoles de l’UNRWA

11/07/2024 mis à jour: 01:49
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Photo : D. R.

Mardi soir, l’armée israélienne a bombardé l’école Al Awda, dans la localité d’Abassan, à l’est de Khan Younès, qui abrite des déplacés. Ce bombardement a fait 29 morts et 53 blessés. Berlin et Paris ont jugé «inacceptables» ces frappes ciblant des écoles qui offrent un refuge aux Palestiniens victimes de déplacement forcé et ont appelé à l’ouverture d’une enquête sur ce nouveau massacre.

Décidément, l’armée israélienne ne cesse de s’acharner contre les structures de l’UNRWA dans la bande de Ghaza. Selon l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, quatre écoles qui abritent des déplacés ont été ciblées par des attaques israéliennes depuis samedi dernier.

Elles viennent s’ajouter à la longue liste des bâtiments de l’UNRWA visés par les forces d’occupation sionistes. «Quatre écoles frappées au cours des quatre derniers jours», s’émeut le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, dans un message posté hier sur le réseau social X. «Depuis le début de la guerre, les deux tiers des écoles de l’UNRWA à Ghaza ont été touchées, certaines ont été bombardées, beaucoup ont été gravement endommagées», dénonce l’infatigable M. Lazzarini.

Et de faire remarquer : «Les écoles sont passées de lieux sûrs d’éducation et d’espoir pour les enfants à des refuges surpeuplés et finissent souvent par devenir un lieu de mort et de misère.» «Neuf mois plus tard, sous notre surveillance, les tueries, la destruction et le désespoir incessants et sans fin se poursuivent.

Ghaza n’est pas un endroit pour les enfants», déplore-t-il. «Le mépris flagrant du droit international humanitaire ne peut pas devenir la nouvelle norme», insiste le chef de l’UNRWA, avant de conclure : «Cessez-le-feu maintenant avant de perdre ce qui reste de notre humanité commune.» Mardi soir, les forces d’occupation ont bombardé l’école Al Awda, dans la localité d’Abassan, à l’est de la ville de Khan Younès, qui abrite des déplacés. Ce bombardement a fait 29 morts et 53 blessés, selon le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza.

Un «massacre terrible», selon les mots du Bureau des médias à Ghaza, qui précise que la majorité des victimes «sont des enfants et des femmes». «Ce massacre est la continuation du crime de génocide que l'armée d'occupation a lancé contre notre peuple pour le 10e mois consécutif», fustige le Bureau des médias.

«Inacceptable !»

Le ministère allemand des Affaires étrangères a jugé cette frappe «inacceptable», exigeant l’ouverture d’une enquête sur ce énième crime de guerre. «Il est inacceptable que des personnes soient tuées alors qu’elles cherchent refuge dans des écoles. Les attaques répétées de l’armée israélienne contre des écoles doivent cesser et une enquête doit être menée rapidement», a posté le ministère allemand des AE sur la plateforme X.

Paris a également réagi à ce nouveau massacre via un communiqué. Le Quai d’Orsay a estimé lu aussi qu’il est «inacceptable que des écoles, a fortiori abritant des populations civiles déplacées par les combats, soient ciblées» par des attaques israéliennes. «La frappe menée hier (mardi, ndlr) sur l’école Al Awda, et qui a fait plusieurs morts, est la troisième ciblant une école de déplacés depuis samedi dernier. Nous appelons à ce que toute la lumière soit faite sur ces frappes», a déclaré le ministère français des Affaires étrangères.

Depuis le début de la guerre contre Ghaza, «plus de la moitié des installations de l’UNRWA, soit environ 190 bâtiments, ont été touchées», fait savoir un document de presse d’ONU Info. Selon l’UNRWA, au moins 524 personnes déplacées hébergées dans ses abris ont été tuées et plus de 1606 autres ont été blessées depuis le début de la guerre. Au total, l’agence onusienne fait état de «plus de 450 incidents» ayant affecté ses locaux.

Sur le terrain, la tension est à son paroxysme dans la ville de Ghaza qui, depuis le 27 juin, fait l’objet d’une offensive de grande ampleur et subit des salves d’attaques d’une rare intensité, qui n’ont épargné aucune zone urbaine de la capitale de l’enclave. Hier, l’armée israélienne a appelé toutes les personnes se trouvant dans la ville de Ghaza à quitter leurs maisons.

Des tracts relayant ce mot d’ordre ont été largués par voie aérienne. «A toutes les personnes dans la ville de Ghaza, des corridors de sécurité vous permettent de vous rendre rapidement et sans inspection vers des abris à Deir El Balah et Al Zawiya. La ville de Ghaza reste une zone de combats dangereuse», martèle le tract.

Des évacuations «dangereusement chaotiques»

«En même temps qu’elle émettait cet ordre d’évacuation, l’armée a intensifié ses frappes dans le sud et dans l’ouest de la ville de Ghaza, ciblant les mêmes secteurs vers lesquels elle avait ordonné de se déplacer», a alerté, mardi, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU.

De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a qualifié de «dangereusement chaotiques» les mouvements de milliers de personnes dans Ghaza, après le dernier ordre d’évacuation. «L’on voit les gens fuir dans toutes les directions, sans savoir où trouver un lieu sûr.

Beaucoup circulent sous les échanges de tirs et les bombardements avec très peu d’effets personnels», s’inquiète l’OCHA. Le même organisme signale que les combats dans ces zones empêchent les organisations humanitaires «d’accéder aux entrepôts, de reconstituer les stocks ou d’évaluer les besoins», selon ONU Info.

«De plus, la plus grande boulangerie soutenue par les Nations unies à Ghaza a été parmi celles qui ont dû fermer après les derniers ordres d’évacuer, perdant des quantités importantes de farine, de sucre et de levure», révèle le même document du service de presse des Nations unies.

Parallèlement à cette nouvelle escalade, les discussions se poursuivent à Doha autour d’un très hypothétique accord de trêve aux contours flous. «Après des mois de négociations sans résultat sur un cessez-le-feu, une source proche des discussions a indiqué que les chefs de la CIA et des services de renseignement israélien étaient attendus mercredi à Doha», affirme l’AFP.

Selon Haaretz, Netanyahu «a agi de façon méthodique pour faire échouer les négociations», au cours des rounds précédents. Il s’arrangeait à chaque fois que les négociations avançaient à distiller des déclarations très critiques envers l’accord en faisant endosser ces déclarations par des «sources politiques» anonymes, révèle le journal israélien.

Le boucher de Ghaza a agi ainsi afin de mener jusqu’au bout sa campagne d’extermination. Résultat des courses : plus de neuf mois depuis le déclenchement de la guerre punitive contre les Palestiniens, le massacre se poursuit. Selon le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza, quatre nouvelles tueries ont été commises en 24 heures, entre mardi soir et hier, faisant 52 morts et 208 blessés. Cela porte le bilan de l’offensive israélienne à 38 295 morts et 88 241 blessés depuis octobre.

«L’opération Rafah est un échec»

Au cours de la journée d'hier, mercredi 10 juillet, 8 personnes ont été tuées, dont 6 enfants, et au moins 10 autres blessées suite à des raids menés à l’aube contre plusieurs habitations au camp de Nousseirat, au centre de la bande de Ghaza, rapporte l’agence Wafa. Par ailleurs, deux autres personnes au moins ont péri et six autres ont été blessées lors d’une frappe qui a ciblé une maison à Beni Sahila, à l’est de Khan Younès, indique la même source.

L’agence d’information palestinienne fait également état d’une dizaine de blessés enregistrés dans la foulée d’une frappe sur un appartement à la rue Nasr, au nord de la ville de Ghaza. Au sud de Ghaza city, des tirs d’artillerie ont ciblé plusieurs positions, faisant un nombre indéterminé de blessés, parmi lesquels des enfants.

La ville de Rafah continue elle aussi à subir les foudres de la machine de guerre israélienne. L’agence de presse palestinienne mentionne un pilonnage à l’artillerie lourde du quartier saoudien de Rafah. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a affirmé hier que les forces d’occupation ont «éliminé ou blessé 60% des combattants du Hamas et démantelé la plus grande partie de leurs groupes», après neuf mois de guerre, vantant une «réussite militaire», indique l’AFP.

Hassan Nasrallah minimise de son côté les coups portés à la résistance antisioniste. L’insistance de Netanyahu sur l’opération de Rafah «est un aveu d’échec», dit-il. «Plusieurs brigades, appuyées par des avions, sont entrées dans Rafah et l’occupant a déclaré qu’il mettrait fin à la bataille en 3 à 4 semaines. Mais il a échoué», a souligné le chef du Hezbollah, selon des propos rapportés hier par Al Jazeera.

Et de poursuivre : «Depuis 10 mois, nous menons des opérations contre les positions de l’armée d’occupation et Israël prétend avoir éliminé la résistance.» «Chaque jour, argue-t-il, nous voyons comment les chars de l’ennemi brûlent dans la bande de Ghaza à travers des enregistrements de la résistance palestinienne.»
 

 

 

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