Il n’est pas rassurant que ce soit le secteur du commerce qui polarise l’attention sur la scène nationale. Les annonces relatives au contrôle des circuits de distribution, après la lutte contre la spéculation, et, plus récemment, la mise en cause des habitudes de consommation chez les citoyens, sont de véritables cautères sur une jambe de bois.
D’un impact très relatif auprès de l’opinion, les échanges houleux, ou d’une solennité affectée, ne finissent pas entre les parlementaires et un responsable du secteur qui ne manque pas de répartie mais qui sature un débat public déjà assez alourdi par d’autres scories. Le débat qui mérite d’être ouvert, d’une façon énergique et résolue, est celui d’arrêter les voies et moyens pour relancer la production dans le pays. Et d’identifier les secteurs sur lesquels la relance doit inévitablement s’appuyer.
Ces derniers ont été, en fait, déterminés il y a fort longtemps. Il s’agit de l’agriculture et du tourisme. L’une est en jachère, l’autre fossilisé. Il est impératif de commencer par préciser «ce qu’il ne faut pas faire» et de le reléguer dans les habitudes à proscrire. Ainsi, la centralisation, la caporalisation, ou, pire, l’instrumentalisation, composant les rouages de l’énorme machine à perdre, doivent être enrayées des nouveaux modes de gestion. Les projecteurs ont été dirigés récemment sur un projet de festival du fromage qui suscita un vif intérêt et un engouement anticipé. Le secteur est prometteur.
Il peut rehausser la réputation d’une région, d’un pays, et avoir un effet d’entraînement sur d’autres secteurs économiques, comme le tourisme. L’occasion a été ratée pour la simple raison que le monde agricole n’a pas été partie prenante. Pour la réussite d’un tel événement, il y a une condition nécessaire et suffisante : que l’initiative parte des artisans et producteurs. La délégation de responsabilité, l’autonomie de décision et d’initiative sont les seules à même d’insuffler une véritable dynamique de développement.
Un exemple de réussite a été donné ces dernières années par un phénomène culturel qui jeta les premières bases d’une activité touristique avant d’être stoppé par la crise sanitaire. L’idée de Raconte-Arts, avant de connaître un retentissement international, avait germé dans l’esprit d’un animateur associatif. Plusieurs initiatives diligentées dans le même secteur à un niveau gouvernemental, en consommant au passage quelque budget dans les déplacements, le protocole et la promotion, ont fait long feu. Pour que l’activité redémarre, tout doit être inversé et tout doit partir de la base. Le projet ambitieux de la lutte contre la bureaucratie dans l’administration publique doit toucher prioritairement des secteurs névralgiques, créateurs de richesses et d’emplois, comme celui du tourisme.
De Zet en Zest, les programmes d’aménagement des zones d’expansion touristique ont changé d’intitulé sans jamais connaître un début de concrétisation. Les opérateurs ont régulièrement reculé devant le mur des contraintes bureaucratiques, les administrations locales elles-mêmes suspendues aux orientations de diverses instances centrales.
Entre la faconde du ministre chargé de rendre disponibles les produits alimentaires de base et l’effacement de ceux affectés à des secteurs à fort potentiel de production, la voie du développement tarde à se préciser.