Une semaine de pluies sans discontinuer, au début du mois de septembre, a engendré d'importants dégâts matériels et plongé la région dans l'inquiétude avec un difficile retour à la normale, qui se fait quand même lentement et progressivement.
Les fortes intempéries ont laissé des traces au niveau du chef-lieu de wilaya et ses communes avoisinantes qui continuent à vivre avec la hantise d’autres averses – car il pleut toujours – et qui viendraient encore endommager des infrastructures et des habitations construites en dur. Les 8 et 9 septembre, la région a reçu un volume d'eau de 80 mm, selon les estimations des services météorologiques.
Cela a provoqué des torrents de boue et de sédiments qui ont envahi les habitations, les infrastructures routières, les ponts, les rampes et barrières protectrices ont été fortement abîmés. Partout les rivières ont tout balayé sur leur passage. La région est toujours sous la menace des trombes d'eau, puisque dans la nuit du 20 au 21 septembre, des averses sont venues s'ajouter aux premières qui étaient dévastatrices.
Caprice de la météo ou dérèglement climatique ? Ici on ne cherche pas un débat sur la question scientifique, mais les gens disent remettre leur sort exclusif à la puissance divine.
L'oued de Béchar, qui s'étend sur une distance de plus 17 km, s'est réveillé après un assèchement de plus d'une dizaine d'années, il a débordé de son lit et emporté des berges, provoqué l'affaissement de deux ponts reliant le centre-ville au quartier populeux de Débdaba, bloquant la circulation piétonnière et automobile. On déplore deux décès, un adolescent de 13 ans et un autre âge de 16 ans qui ont plongé dans des flaques d'eau profondes pour se baigner. Les autres communes de Kénadsa, Abadla et Taghit ne sont pas sorties indemnes, puisque les liaisons entre ces agglomérations et la commune de Béchar ont été coupées et ensuite rétablies quelques jours plus tard.
Important élan de solidarité
Les multiples interventions des équipes de la Protection civile aidées par des équipes venues des villes du Nord ont été salutaires. Elles ont évacué 260 familles recensées et placées dans des centres d'accueil en attendant leur recasement après étude de leurs dossiers au cas par cas. Il faut souligner au passage que l'aide apportée aux populations touchées par le sinistre n'a pas manqué grâce à la solidarité qui n'est pas un vain mot en pareilles circonstances. Plusieurs wilayas du pays, même lointaines, (Constantine à titre d'exemple) ont envoyé des caravanes de solidarité à Béchar à destination des populations affectées.
Les pluies diluviennes ont laissé des traces et les personnes interrogées à ce sujet sont formelles. Les intempéries ont dévoilé des malfaçons au niveau des réseaux d'évacuation des eaux usées mal entretenus, des avaloirs bouchés, des trottoirs dégradés.
Les routes bitumées détériorées avec des nids-de-poule, des crevasses sur la chaussée rendant la circulation automobile difficile, affaissement de terrain, etc. Un chauffeur de taxi avoue être dans l'impossibilité de circuler dans les quartiers. «Je vous le dis franchement, je ne peux pas prendre une course à Débdaba, car les routes sont impraticables à cause des nids-de-poule, des trous béants au milieu de la chaussée. En plus la pièce de rechange est rare et chère» indique-t-il, dépité. La crainte des habitants c'est aussi la fermeture des frontières terrestres entre Béchar et Nâama, car l'état des routes interwilayas est aussi une préoccupation pour les voyageurs qui veulent se déplacer vers le Nord. Le train est depuis longtemps à l'arrêt. Les rails ont été ébranlés par les eaux de pluie.
Les camionneurs qui sillonnent à longueur d'année la wilaya pour l'approvisionner en denrées alimentaires arrivent au compte-gouttes en raison de l'état des routes. Un marchand de fruits et légumes confie à ce propos qu'il «achète tôt le matin pour ses clients une petite quantité, car les prix pratiqués par les camionneurs sont élevés».
Il faut souligner que la ville de Béchar, qui compte plus de 220 000 habitants, dépend à 90% de sa nourriture des villes productrices du Nord. Et la colère de certains citoyens avisés se fait entendre : «Aujourd'hui, le prétexte avancé de la pénurie de l'eau ne tient plus la route. La barrage de Djorf Torba est rempli à 100% avec une capacité de 247 millions de mètres cubes destinés à la plaine d'Abadla et au secteur agricole d'une manière générale et la réception vers la fin de l'année en cours du projet de transfert de l'eau potable de la région de Béni Ounif vers Béchar, selon les promesses du ministre de l'Hydraulique, augure de bonnes perspectives pour la région. Il revient maintenant aux autorités de relancer le secteur de l'agriculture moribond.»