Des hausses de revenus pour 2,8 millions de fonctionnaires : Le rattrapage salarial, un délicat processus

27/12/2022 mis à jour: 22:36
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Les enseignants bénéficieront d’une revalorisation de près de 13 500 DA au cours des deux prochaines années, tandis que pour les retraités affiliés à la Caisse nationale de retraite (CNR)  qui perçoivent actuellement une pension de 4000 à 10 000 DA,  l’augmentation de la pension atteindra 11 000 DA. Elle concernera 900 000 retraités, ceux dont la pension de retraite est de  15 000 DA, elle augmentera à 20 000 DA, le nombre est de  250 000 retraités. S’agissant de l’allocation chômage qui sera également revalorisée, le nombre de bénéficiaires atteindrait, fin décembre 2022, 1,9 million parmi les universitaires, les diplômés des instituts de formation et les non-diplômés. Ainsi, l’allocation chômage augmentera de 13 000 DA net à 15 000 DA, alors que les coûts de la couverture sanitaire (carte Chifa) des concernés seront pris en charge par l’Etat en attendant leur insertion dans le monde du travail. Par ailleurs des «négociations sont en cours dans le secteur économique entre les partenaires sociaux et le patronat en vue de permettre aux travailleurs de bénéficier d’augmentations dans le cadre des conventions collectives» . Ces augmentations de salaires et d’allocations ont grimpé de 50% au cours des dernières années.  Le SNMG est de 20 000  DA par mois pour 40 heures de travail hebdomadaire depuis le décret présidentiel du 4 avril 2021. Selon une enquête publiée en novembre 2021, le salaire moyen dans le secteur public est de 58 400 DA.  En 2016, le niveau des salaires nets mensuels (hors agriculture et hors administration) en Algérie se situe à environ 39 900 DA. Il est de 55 700 DA dans le public et de 32 600 DA dans le privé national. Les résultats d’une  enquête  de l’ONS en 2016 confirment que les activités pétrolières (production et services d’hydrocarbures) et financières (banques & assurances) demeurent les secteurs qui  payent le mieux avec respectivement des niveaux de salaires relativement élevés avec102 000 DA et 59 700 DA. A l’inverse, les secteurs de «la construction», de «l’immobilier et services aux entreprises» se distinguent avec des salaires inférieurs à la moyenne, soit respectivement 30 400 DA et 32 900 DA. Les écarts de salaires selon la qualification et les secteurs d’activités sont dans certains cas assez élevés. En effet, le salaire des agents de maîtrise dans les activités liées aux hydrocarbures, (où le personnel est très qualifié) est de 97 219 DA contre 35 522 DA dans le secteur de la construction. En 2016, le salaire moyen mensuel net, tous secteurs juridiques confondus, a évolué de 1,7% par rapport à 2015. 

Au niveau national, le salaire de base représente en moyenne 58% et les primes et indemnités.  S’agissant du  «salaire moyen» et où se situe l’Algérie par rapport au reste du monde, il est utile de consulter les résultats d’une récente enquête menée par le magazine américain CEOWorld, reprise par le site 360 . Il a recensé les montants du «salaire net mensuel moyen» (après déduction d’impôts) perçu dans 105 pays. La comparaison des données aboutit à l’établissement de la liste des pays qui offrent les salaires les plus hauts et celles des pays qui versent les salaires les plus bas. Selon les données,  le salaire moyen net en Algérie s’élève en 2022 à 249,7 dollars/mois, soit 35 420 DA/mois (taux de change officiel, cotation du mardi 23 août 2022). Un chiffre qui place notre pays en queue de classement. Sur les 105 pays de la liste, l’Algérie occupe en effet la 98e place après le Liban, avec 837,19 dollars/mois, arrive à la 47e place, la Palestine avec 778,81 dollars/mois occupe la 52e place, l’Irak avec 583,06 dollars/mois figure à la 62e place. Si on se penche sur le continent africain, le constat n’est pas plus reluisant ; sur les 9 pays que concerne l’étude, leAlgérie nAarrive quaen 6e position. Elle est devancée par l’Afrique du Sud (1362 dollars/mois), L’Île Maurice (483,31 dollars/mois), le Kenya (416,53 dollars/mois) ; mais aussi par les voisins marocain (385,53 dollars /mois) et tunisien (277,44 dollars /mois). Du côté du monde arabe, l’écart entre le salaire moyen des Algériens et celui des citoyens des autres pays est encore plus flagrant. Dans la liste qui compte 14 pays, l'Algérie figure à l'avant-dernière place, devançant uniquement l’Egypte (209,7 dollars /mois). En tête du classement, on retrouve logiquement les pétromonarchies du Golfe : les Emirats arabes unis (3663,27 dollars /mois), le Qatar (3168 dollars /mois), l’Arabie Saoudite (1888,68 dollars /mois), le Koweït (1854,5 dollars/mois) et le Bahreïn (1728,7 dollars /mois). Au niveau mondial maintenant, les pays qui offrent les plus hauts salaires moyens nets sont : la Suisse (6142,1 dollars /mois), Singapour (4350,79 dollars /mois), l’Australie (4218,89 dollars /mois), les États-Unis (3721,64 dollars /mois) et les Emirats arabes unis. Dans le reste du top 10, on retrouve la Norvège, le Canada, le Danemark, l’Island et les Pays-Bas. Dans tous ces pays, le salaire moyen net dépasse les 3000 dollars. En revanche, les trois pays qui ont les populations les plus pauvres dans le monde et qui occupent les dernières places du classement reviennent au Sri Lanka (143,62 dollars /mois), au Pakistan (163,17 dollars /mois) et au Nigeria (166,33 dollars /mois). Soulignons enfin que le paramètre du salaire moyen ne reflète pas les disparités. Il ne rend donc pas compte des écarts salariaux qui existent entre les plus riches et les plus pauvres, comme il ne tient pas compte du complément de revenu qui est  l’accès aux biens et services subventionnés par l’Etat. Il est important dans un pays comme l’Algérie  qui consacre une grande partie de ses ressources au soutien des prix. Celui-ci complète les salaires du  travailleur mais  permet  également à  tout citoyen de ne pas vivre dans le dénuement, lorsque un taux élevé d’inflation ne vient pas tout remettre en cause. Aussi les pouvoirs publics doivent agir sur deux tableaux  que sont  les  hausses de salaires et la lutte contre  l’inflation.  Celle-ci a été particulièrement élevée ces quatre  dernières années, à cause de la Covid-19 et de la guerre entre la Russie et  l’Ukraine. Le rattrapage salarial  qui  est  à chaque fois posé est tributaire  des contraintes  économiques  que traverse le pays  et  des évolutions  géopolitiques  qui l’affectent directement ou indirectement. 

L’Algérie subit frontalement le niveau élevé de l’inflation mondiale, mais sa trésorerie a bénéficié de l’explosion des prix des hydrocarbures. C’est donc un équilibre qu il faut  trouver pour dégager des ressources suffisantes pour améliorer les revenus des Algériens sans peser lourdement sur les  comptes publics. Toutefois le vrai rattrapage se fera automatiquement une fois le pays développé économiquement  par  le biais d’un tissu productif conséquent. 

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