Depuis le lancement en 2002 des premiers travaux d’une station de dessalement de l’eau de mer en Algérie, d’énormes progrès ont été réalisés pour la maîtrise de cette technologie.
En dépit des difficultés rencontrées et des retards dans la concrétisation des projets durant les premières années, une expérience appréciable a été acquise par les cadres nationaux grâce aux partenariats avec des sociétés étrangères. Face aux avantages offerts par cette technologie, l’Algérie n’a pas raté l’occasion de l’embellie financière pour tracer une stratégie à long terme dans le but de couvrir les besoins en eau des populations des villes côtières, avant d’envisager le transfert des eaux vers d’autres régions.
Un plan qui a permis à l’Algérie de compter actuellement 25 stations, occupant la première place à l’échelle africaine. Un bond spectaculaire a été accompli depuis la réception de la première station en 2006 à Arzew, dans la wilaya d’Oran. Au mois d’avril 2024, cinq stations en chantier ont atteint un taux d’avancement de 50%, sur 11 projets prévus dans le cadre du programme complémentaire lancé en 2022.
Mais au-delà de tous ces chiffres, les stations déjà réalisées – et même si elles ont réglé en grande partie les problèmes d’approvisionnement en eau dans de nombreuses villes côtières – ne couvrent que 18% des besoins du pays, avec pour objectif d’atteindre 42% fin 2024, grâce à la réception de cinq nouveaux ouvrages. Le défi à relever sera celui d’atteindre un taux de couverture de 60% avec la mise en service de sept nouvelles stations d’ici 2030. C’est dire que l’enjeu est énorme face à la menace du stress hydrique, qui devient plus pesant avec le réchauffement climatique, causant une chute drastique des réserves des barrages et des niveaux des nappes phréatiques.
Toutefois, faut-il rappeler que si le plan de sécurisation des villes côtières et des wilayas limitrophes en matière d’alimentation en eau potable par le recours au dessalement de l’eau de mer est sur la bonne voie, de grands défis sont à relever pour atteindre le même objectif dans les wilayas de l’intérieur et celles du Sud, où le calvaire de l’eau perdure. On se rappelle de la crise d’eau potable vécue en 2023 dans la wilaya de Batna ayant mené à un rationnement strict durant des mois, avec des renforts en camions-citernes dépêchés des wilayas de Constantine, Oum El Bouaghi et même de Béjaia.
On avait mis en cause les énormes défectuosités dans la conduite de transfert des eaux depuis le barrage de Beni Haroun vers le barrage de Koudiet Lemdaouer à Timgad. Au mois de juin dernier, la population de la ville de Tiaret et des communes environnantes a exprimé sa colère, suite à une longue pénurie d’eau, ce qui a poussé les pouvoirs publics à mobiliser trois ministères pour trouver des solutions durables.
En plus de tout cela, les travaux d’interconnexion entre les barrages accusent des retards considérables. Ce qui ne fait pas bénéficier les citoyens des autres régions du surplus enregistré dans certains ouvrages. L’exemple de ce qui s’est passé au mois de février au barrage de Beni Haroun illustre une situation aberrante.
Après de fortes chutes de pluie, l’ouvrage a atteint un taux de remplissage de 100%, d’où le pompage du surplus des eaux. Chose normale, dirions-nous, sauf que ce surplus de 40 millions de mètres cubes équivaut à la moitié de la capacité du barrage de Tichy-Haf dans la wilaya de Béjaia.
De quoi alimenter aussi 11 communes dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj pendant l’été. Malheureusement, le surplus du barrage de Beni Haroun a été déversé dans l’oued El Kebir pour finir dans la mer. Personne n’en avait profité.