Sur le plan économique, les conséquences de l’antibiorésistance sont tout aussi lourdes. Selon le Pr. Achouri, la prise en charge des infections résistantes coûte beaucoup plus cher, du fait des hospitalisations prolongées, du recours à des antibiotiques plus onéreux, et des soins supplémentaires nécessaires face aux complications.
A cela s’ajoutent, selon lui, les pertes de productivité liées aux arrêts de travail prolongés et, dans certains cas, aux décès prématurés de personnes en âge d’être actives. D’ailleurs, des études internationales estiment que l’antibiorésistance pourrait entraîner une baisse significative du PIB mondial. Sur le plan sociétal. «il est fondamental de rappeler qu’un antibiotique efficace ne bénéficie pas uniquement au patient traité», soulève le Pr. Achouri.
Selon lui, si un antibiotique existe pour soigner un patient porteur d’une infection à bactérie résistante, il permet aussi de limiter la transmission de cette bactérie à son entourage et, au-delà, à la collectivité. «En ce sens, les antibiotiques jouent un rôle comparable à celui d’un extincteur qui, pour un coût modeste, empêche toute la maison de brûler», affirme le Pr. Achouri.
En somme, la plupart des médicaments profitent avant tout à la personne qui les reçoit, en améliorant sa qualité de vie ou en prolongeant son espérance de vie. «Les antibiotiques, tout comme les vaccins, apportent, eux, un bénéfice collectif, en freinant la propagation des agents infectieux», explique le spécialiste.
C’est pourquoi, il estime que cette particularité doit impérativement être prise en compte dans l’évaluation des technologies de santé, qui est devenue une discipline à part entière. «Il est nécessaire aujourd’hui de développer des méthodologies capables d’intégrer cette valeur sociétale supplémentaire des antibiotiques dans les analyses médico-économiques et dans les décisions de santé publique», conclut M. Achouri.