La problématique de la gestion des communes en Algérie a souvent été une source d’appréhensions pour les maires et les élus des assemblées municipales.
Ces derniers se retrouvent, dès leur élection, confrontés au casse-tête du manque de ressources financières pour répondre aux exigences des citoyens en matière d’hygiène, de nettoyage, de ramassage des ordures, d’alimentation en eau potable, d’assainissement, d’entretien de la voie publique et autres.
Il faudra également trouver les moyens nécessaires pour payer les salaires des employés communaux, s’occuper des cantines et du transport scolaires, mais aussi s’acquitter des factures de l’énergie électrique et assurer les charges des différents services. Une véritable gymnastique comptable qu’il faut savoir pratiquer pour ne pas se retrouver dos au mur.
Combien sont-ils ces présidents d’APC qui ont dû affronter la colère de leurs travailleurs faute de pouvoir leur verser les salaires à temps, sans parler des menaces de coupures d’électricité suite au non-paiement des factures et autres tracasseries générées au quotidien ? Lors de la réunion gouvernement-walis tenue à Alger le 24 décembre dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a avancé le chiffre de 950 communes pauvres, autrement dit sans ressources, sur les 1541 collectivités à l’échelle nationale, soit près de 62%.
Le chiffre est tellement important qu’il n’a pas significativement évolué depuis 2015, quand le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales avait révélé à l’époque, selon une classification basée sur un ratio de richesse prenant en compte les ressources de la commune et sa population, que 958 communes (62%) sont classées pauvres, contre 480 communes (31%) classées moyennes et 103 communes (7%) considérées comme riches. Une classification qui renseigne sur les énormes disparités entre les communes en Algérie, par manque d’équité dans la répartition des richesses, ne profitant pas à tout le monde, il faut le dire, surtout qu’une bonne partie de ces collectivités dites pauvres sont à vocation agricole et pastorale, ce qui explique la situation dans laquelle elles ont stagné durant des décennies.
En dépit de la bonne volonté des pouvoirs publics pour assister ces collectivités à travers les multiples programmes de financement destinés à la réalisation des projets de développement, ces derniers se sont avérés insuffisants et souvent très lents à concrétiser en raison des tracasseries administratives.
Dans son discours lors de la réunion gouvernement-walis, le chef de l’Etat a pointé du doigt les défaillances relevées durant ces dernières années, évoquant l’impératif de réviser le code communal, qui «devra s’appliquer de la même manière pour les communes riches ou pauvres», en vue de lever les contraintes sur la gestion des collectivités permettant une nouvelle dynamique dans leur développement.
Il est désormais loin le temps où les ressources fiscales de certaines APC allaient renflouer les caisses d’autres communes. Et les exemples ne manquent pas. L’Etat devra également honorer ses engagements en aidant les collectivités à faibles ressources à mieux gérer leurs affaires, en prenant en charge certaines infrastructures représentant un véritable fardeau financier, à l’exemple des cantines scolaires.
La révision de la répartition des revenus des différentes taxes, des conditions d’octroi des subventions, la relance des plans communaux de développement (PCD), des plans de développement des wilayas, ainsi que la création d’une nouvelle banque devant soutenir le développement des collectivités locales, sont autant de mesures qui permettront aux responsables municipaux de mieux respirer et d’être plus optimistes pour l’avenir de leurs municipalités.