Des centaines de personnes affamées fuient le Nord

26/02/2024 mis à jour: 04:11
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Photo : D. R.

Des centaines de personnes, poussées par la faim, fuyaient hier le nord de la Bande Ghaza, alors que des discussions sur une trêve entre Israël et le mouvement Hamas se déroulent au Qatar, après des négociations en France et en Egypte.

La situation humanitaire ne cesse d’empirer dans le territoire palestinien, où 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées d’une «famine de masse», selon l’ONU. L’aide, qui entre au compte-gouttes par le terminal de Rafah, à l’extrême sud de Ghaza, est soumise au feu vert de l’Etat sioniste et son acheminement vers le Nord est presque impossible en raison des destructions et des combats.

Les affrontements se sont poursuivis dans la nuit à Khan Younès (sud) mais aussi à Beit Lahia et Zeitoun (nord), et c’est le manque de nourriture qui pousse également la population au départ, un correspondant de l’AFP faisait état hier de centaines de personnes quittant le Nord, où 300 000 personnes risquent la famine, selon l’ONU, vers le centre de la Bande de Ghaza.

Parmi elles, Samir Abd Rabbo, 27 ans, est arrivé à Nousseirat (centre) hier matin avec sa fille d’un an et demi. «Je suis venu à pied (...). Je ne peux décrire le genre de famine qui se répand là-bas (...). Il n’y a pas de lait pour ma fille. J’essaie de lui donner du pain que je prépare à partir de fourrage mais elle ne le digère pas (...).

Notre seul espoir est l’aide de Dieu», dit-il. «Tuer notre peuple en l’affamant est un crime de génocide qui menace tout le processus de négociations», a affirmé sous le couvert de l’anonymat un responsable du Hamas dans le nord de la Bande de Ghaza. Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, avait fustigé vendredi le «siège imposé à Ghaza» par Israël pouvant «représenter une utilisation de la famine comme méthode de guerre» qui est, a-t-il rappelé, un «crime de guerre».

A Jabaliya (nord), des dizaines d’habitants se pressaient et s’invectivaient samedi pour obtenir de la nourriture. «C’est fini», crie un homme chargé de la distribution de ce qui semble être une soupe, selon des images de l’AFP. «Que le monde voit où on en est arrivé», lance un homme.

PAM : «niveaux de désespoir sans précédent»

Un bébé de deux mois est mort de malnutrition à l’hôpital Al Shifa de Ghaza après que sa famille n’ait pas pu trouver de lait et de produits de première nécessité, au milieu d’une crise humanitaire qui s’aggrave dans l’enclave en raison de la guerre génocidaire sioniste qui se poursuit depuis le 7 octobre 2023, rapportaient hier des médias.

Le nourrisson Mahmoud Fattouh a été transporté d’urgence aux soins intensifs mais n’a pas survécu, selon la même source. Les responsables des soins de santé à Ghaza ont déclaré que «des signes de faiblesse et de pâleur étaient apparents chez les nouveau-nés parce que leurs mères étaient mal nourries et incapables de produire suffisamment de lait pour les nourrir», avertissant que «l’absence d’aide appropriée entraînerait davantage de décès à Ghaza».

Après plus de quatre mois de pénurie dans la Bande de Ghaza assiégée, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré que ses équipes avaient fait état de «niveaux de désespoir sans précédent».

Pendant ce temps, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) ne pourrait plus travailler dans le nord de Ghaza, invoquant un manque de personnel et un «effondrement de l’ordre social», compte tenu des attaques sionistes incessantes contre les civils, ainsi que des restrictions sur la nourriture et l’accès à l’aide humanitaire.

A présent, la moitié de la population de Ghaza est confrontée quotidiennement à des pénuries de pain, d’eau potable et de produits de première nécessité – et la situation humanitaire est encore pire dans le Nord, où 90% des enfants de moins de deux ans et des femmes enceintes et allaitantes subissent les pénuries alimentaires.

Selon les agences humanitaires, les familles sont obligées de recourir à des produits impropres à la consommation, car la famine devient un risque aigu. Des organisations, telles que l’OCHA, appellent à un accès sûr et sans entrave pour acheminer l’aide humanitaire d’urgence et éviter une catastrophe imminente.
 

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