Cette décision intervient dans une conjoncture économique marquée par une nouvelle dynamique dans la filière automobile qui impose le passage à un niveau supérieur des capacités de production nationale, doublée d’un besoin en hausse pour la revitalisation du parc automobile.
La filière de la pièce de rechange automobile, confrontée depuis quelques années à plusieurs contraintes et défis, connaîtra un nouvel essor durant l’année 2025. En appui aux actions de relance du secteur industriel automobile du pays et dans le cadre de la mise en œuvre du plan de restructuration des mécanismes d’investissement, les services du ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations ont officiellement commencé, ces derniers jours, à accorder des licences de domiciliation bancaire aux importateurs de pièces détachées, après l’étude des dossiers déposés auprès de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) et le paiement des factures d’importation.
Dans ce sillage, Saïd Mansour, directeur général d’EMSG et membre du Club économique, a révélé dans une déclaration au quotidien arabophone Echorouk que l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) s’attelle dans la démarche d’acceptation des demandes des opérateurs économiques importateurs de pièces détachées.
L’orateur a expliqué dans ce sens que «plusieurs licences ont été accordées ces dernières jours. Selon la procédure en vigueur, les cargaisons de pièces arriveront en provenance de la Chine et de l’Europe, dans un délai maximal de 45 jours, dont certaines seront attendues dès le mois de mars prochain», explique le responsable de l’EMSG.
Il faut dire que cette mesure intervient dans une conjoncture économique marquée par une nouvelle dynamique qui impose le passage à un niveau supérieur des capacités de production nationale dans la filière, doublée à un besoin en constante augmentation pour la revitalisation du parc automobile.
Ces importations, telles qu’elles viennent d’être décidées, devraient couvrir plus de 70% de la demande sur le marché, selon les statistiques publiées en fin décembre écoulé par le département ministériel du Commerce indiquant au passage que le stock national ne couvrait que 45% des besoins du marché.
Les statistiques indiquent également une baisse de 60% du nombre d’importateurs de pièces détachées ces dernières années.
Résoudre le problème de 7 millions d’automobilistes
Période durant laquelle de nombreux importateurs se sont lancés dans la fabrication, tandis que d’autres prévoient de le faire prochainement, que ce soit pour produire des pièces OEM (Original Equipment Manufacturer Parts – fabricant d’équipement d’origine) ou OE (Original Equipment – équipement d’origine) compatibles avec les usines d’assemblage, ou même des pièces détachées adaptables pour répondre aux besoins du parc national de véhicules dans le cadre des services après-vente. Si la reprise de l’importation de la pièce de rechange répond à un besoin immédiat du marché, elle s’inscrit également dans une vision à long terme visant à équilibrer importation et la production locale.
Cette nouvelle dynamique qui tend à s’installer dans le paysage automobile du pays devra connaître un cadre plus rigoureux dans le régime réglementaire du marché où le secteur est appelé à garantir un contrôle permanent sur la qualité des produits importés.
A cet effet, les autorités prévoient de renforcer les mécanismes de certification et de traçabilité afin de garantir la conformité des pièces détachées avec les normes internationales. Ces changements dans les mécanismes de gestion de la filière s’appliquent également sur l’industrie et la sous-traitance locale en pièce qui assurent actuellement une partie des besoins du marché local.
Il faut savoir que la filière de la sous-traitance automobile prend du galon. Le marché national compte actuellement plusieurs PME/PMI investies dans le secteur dans le cadre du développement de l’économie locale du secteur.
Aujourd’hui, plusieurs opérateurs locaux activant dans le secteur de l’automobile alimentent le marché en pièces et fournitures, à l’instar de Total Energie et Baraka dans la fourniture des huiles de véhicules, Iris dans la pneumatique, usine algéro-turque de fabrication de caoutchouc et une usine de batteries d’une capacité de production de 1 millions d’unités à Constantine. Entre autre, Euro Motors investit dans la pièce métallique à M’sila (depuis octobre 2024) ainsi que l’usine IAASF de plaquettes de frein inaugurée mardi dernier dans la wilaya de Boumerdès.
Un nouveau projet de production de pièces détachées, notamment de plaquettes de frein et de filtres pour voitures et motos, est attendu d’ici fin 2025. Situé à Ksar El Boukhari, dans la wilaya de Médéa, ce projet est porté par un opérateur algérien en partenariat avec des associés chinois et allemands pour le transfert de technologie et d’expertise.
Revitalisation du secteur
Il faut compter en parallèle sur la production de pièces détachées dans le cadre de l’industrie automobile, où certains opérateurs détiennent des certificats de conformité et collaborent avec le groupe Stellantis (Fiat) et d’autres usines prévues pour une production future. L’Algérie compte ainsi multiplier les efforts pour créer un véritable tissu industriel de sous-traitance automobile et réduire les factures d’importation.
Le ministre de l’Industrie a déclaré, lors de sa dernière sortie dans la wilaya de Boumerdès, que des rencontres seront organisées incessamment au niveau de son département pour créer un réseau national des producteurs de pièces de rechange.
L’entame de cette opération d’importation rejoint donc en profondeur les actions de facilitations et les nouvelles dispositions d’investissement mises en place par l’Etat pour renforcer l’accompagnement aux investisseurs et aux opérateurs.
Avec un cadre réglementaire en constante évolution, une demande croissante et un potentiel industriel en pleine expansion, l’Algérie est en passe de redéfinir son paysage automobile. L’enjeu, désormais, sera de maintenir cet équilibre entre ouverture aux marchés internationaux et développement d’une industrie nationale forte et compétitive.