Déféré devant le tribunal criminel pour l’affaire des 701 Kg de cocaïne : Kamel Chikhi et ses avocats obtiennent le renvoi du procès

08/01/2024 mis à jour: 03:21
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Photo : D. R.

Serein, le visage bien rasé, les yeux rivés sur des membres de sa famille, installés à l’arrière de la salle d’audience, Kamel Chikhi, dit «El Boucher», en référence à son métier, est apparu hier, presque six ans après son incarcération, au tribunal criminel de 1re instance, à Dar El Beida, Alger, en présence d’un important dispositif policier en uniforme et en civil.

Poursuivi pour l’affaire des 701 kg de cocaïne, dissimulés dans une cargaison de viande surgelée, importée du Brésil, et saisis sur un navire au port d’Oran, ce magnat de l’immobilier semblait bien préparé à un éventuel report de son procès, au même titre d’ailleurs que les accusés qui comparaissaient avec lui, à savoir ses deux frères, Mohamed et Nacer, Messaoud Nadjib, Rachid Chibane, Abdennacer Boualit, tous en détention,  ainsi que les représentants de ses deux sociétés Eurl Dounia Meat et Sarl Amazone (poursuivies en tant que personnes morales).

Les chefs d’accusation retenus contre les mis en cause sont très lourds. Il s’agit du crime de «direction et organisation d’une bande criminelle organisée pour commettre des crimes transfrontaliers dans le but d’acheter, de vendre, de stocker, de transporter et d’importer  illégalement  de la drogue dans le cadre d’une organisation criminelle» et du délit de  «blanchiment d’argent à travers le transfert de biens et de produits de crimes, dans le but de dissiper leur origine illégale et d’acquérir des biens en sachant qu’ils constituent des produits de crimes».

C’est vers 9h45 que l’audience a été ouverte par le président du tribunal et ses deux assesseurs, alors que de nombreux avocats étaient déjà sur place depuis une trentaine de minutes.

Le magistrat commence par la vérification de l’identité des accusés et c’est Kamel Chikhi qui passe le premier devant la barre, suivis des quatre coaccusés et des représentants des sociétés, avant d’appeler les parties civiles, en l’occurrence le port d’Oran et le Trésor public, puis les 48 témoins.

Parmi  ces derniers, les membres de l’équipage du navire Vega Mercury, appartenant à la compagnie, de transport maritime, MSC (Mediterranean Shipping Company), Michael Mabagos,  Gerryl Montenegro, B. Wilson Dellaba, C. Adrian Adonis Cabanero, Alfren S. Binas, tous des Philippins, tous absents, mais aussi Abdelghani Hamel, ancien patron de la Sûreté nationale et son fils Amyar (en détention), également absents, ainsi que de nombreux autres témoins, dont beaucoup n’ont pas répondu à l’appel. Trois membres de l’imposant collectif de la défense de Chikhi prennent la parole. 

«Les preuves sont toutes là»

D’abord le bâtonnier d’Alger, Me Baghdadi, qui déclare : «Nous avons été constitués, il y a quelques jours seulement. Nous n’avons pas encore pris connaissance du contenu du dossier.» Lui emboîtant le pas, Me Abdelhakim Bouda souligne : «Nous voulons un délai supplémentaire pour pouvoir examiner le contenu de l’affaire.

Nous ne sommes pas prêts», alors que Me Fatima Benbrahem exhorte le magistrat à remettre au collectif de défense de Chikhi «l’ensemble des pièces de la procédure manquant au dossier».

Le juge réplique : «Nous avons mis à disposition des avocats toutes les documents. Précisez, quelles sont les pièces manquantes.»

L’avocate : «Il y a de pièces à conviction que nous n’avons pas obtenues. Je citerais par exemple, le 1er procès-verbal de l’enquête effectuée à Oran.» Le juge se tourne vers le procureur général pour entendre son avis. «Les preuves sont toutes là. Aucune pièce ne manque et elles ont été  mises à la disposition de la défense.

Pour ce qui est du report, je laisse au tribunal l’appréciation d’une telle demande.» Me Baghdadi revient à la charge. «Plusieurs pièces se trouvant sur la liste ne nous ont pas été remises.

Nous voulons que tout soit présent», dit-il avant que  Me Benbrahem ne précise : «Nous voulons qu’il y ait la table des saisies et toutes les documents.» Le président décide de suspendre l’audience, afin de délibérer sur les demandes des avocats. Près de 20 minutes plus tard, il annonce le report du procès à «la session prochaine», sans préciser laquelle.  
 

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