De nouvelles mesures en vigueur dès le mois de juillet : Les compléments alimentaires sous contrôle strict

18/06/2022 mis à jour: 09:49
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Photo : D. R.

La nouvelle disposition réglementaire exige les mentions obligatoires sur les boîtes des produits. Des visites inopinées seront effectuées par les inspecteurs du ministère du Commerce avec un fichier des producteurs et des importateurs de ces produits.

La publicité sur les compléments alimentaires est désormais soumise à une autorisation de l’autorité de santé. Conformément aux dispositions réglementaires en vigueur, de nouvelles modalités et conditions de contrôle de la conformité des compléments alimentaires seront effectives dès le mois de juillet prochain.

Une instruction interministérielle, signée par les ministère du Commerce, de la Santé, de l’Intérieur et de l’Industrie pharmaceutique et des Finances, sera publiée d’ici la fin du mois. L’information a été donnée lors de la journée thématique sur l’état des lieux des compléments alimentaires en Algérie et l’aspect réglementaire, organisée jeudi par la Fédération algérienne de pharmacie section pharmacie industrielle (FAP).

Il est donc instruit, de prime à bord, de définir tous les produits concernés, notamment les compléments alimentaires, à commencer par les vitamines et les sels minéraux qui sont à ce jour, rappelons-le, en vente libre. Des visites inopinées seront donc effectuées par les inspecteurs du ministère du Commerce avec un fichier des producteurs et des importateurs de ces produits.

La nouvelle disposition réglementaire exige donc les mentions obligatoires sur les boîtes des produits, comme prévu par l’article 4 du décret 12/203 relatif à la sécurité des produits, la traçabilité et tout ce qui est lié à l’étiquetage nutritionnel prévu par l’arrêté interministériel 25/2018, notamment l’article 23. Par ailleurs, la nouvelle instruction souligne que tous les produits qui présentent des allégations thérapeutiques doivent avoir une autorisation au préalable auprès de l’autorité sanitaire, notamment pour les vitamines, zinc, magnésium, etc.

Concernant le volet relatif à la publicité de ces produits, les producteurs et les importateurs sont désormais soumis à une autorisation de l’autorité sanitaire pour toute communication et diffusion au large public. «A défaut de ce document officiel, la loi prévoit le retrait du produit et la cessation de l’activité de l’exploitant», a-t-on expliqué, tout en soulignant la responsabilité engagée de l’autorité de régulation de l’audiovisuel en cas de constations d’infractions, notamment dans la promotion et la publicité mensongère.

Interrogé à ce propos, Samy Koli, directeur général de la régulation et l’organisation des activités au ministère du Commerce et de la Promotion des exportation, a affirmé sur les sept objectifs liés aux conditions de commercialisation et de contrôle de ces produits, trois relèvent du département du Commerce. «Il s’agit d’instaurer le contrôle de conformité des produits, anticiper sur le contrôle de l’activité en elle-même et renforcer la communication et la vulgarisation pour une meilleure utilisation des compléments alimentaires qui doivent être exclusivement vendus en pharmacie», a déclaré M. Koli.

De son côté, le prédisent de la Fédération algérienne de la pharmacie, le Pr Abdelhakim Boudis a indiqué que les recommandations formulées à l’issue de cette journée seront soumises à la tutelle en vue de l’élaboration d’un guide sur la fabrication jusqu’à la commercialisation de ces produits en insistant sur «le renforcement du cadre réglementaire qui doit être rigoureux», a-t-il insisté.

Un aspect sur lequel sont revenus les différents intervenants lors de cette journée, tout en plaidant pour un cadre juridique permettant une meilleure utilisation de ces produits, dont certains comportent des propriétés qui risquent d’être néfastes pour la santé et non efficace.

Dans son intervention sur les allégations nutritionnelles et l’aspect réglementaire des compléments alimentaires, le Pr Habib Belmahi, toxicologue et doyen de la faculté de génie des procédés à l’université de Constantine, a tenu à rappeler que le complément alimentaire n’est pas un médicament, «il ne peut donc, par définition, revendiquer aucun effet thérapeutique», a-t-il souligné, estimant que les allégations nutritionnelles et de santé, susceptibles d’être indiquées sur les produits doivent «être encadrées par une réglementation stricte».

Le Pr Belmahi a cité certains produits censés être 100% naturels par exemple, a-t-il souligné pour «un complément alimentaire à base de miel indiqué pour la prise de poids ou pour la dysfonction érectile, mais il contient en réalité du viagra et des corticoïdes». Il met ainsi en garde contre ces allégations qui mettent en avant le fait que le complément ou la denrée pour «traiter» ou réduire le développement d’une maladie qui en réalité en provoque d’autres.

Il cite également l’exemple des produits énergisants en forme de poudre utilisés pour la musculation, notamment dans les salles de sport, qui selon lui, «sur les 13% des produits sous forme de poudre à usage spécifique pour la musculation hard mass, L. caritine méga mass proteine plus, 50% comportent des impuretés avec un dosage non valide».

Pour le Pr Belmahi, il est important aujourd’hui de mettre en place un centre d’information ou d’un observatoire permettant la collecte de données de composition nutritionnelle et leur intégration dans une base de données de référence, la collaboration avec les différents départements ministériels afin d’évaluer les risques nutritionnels et sanitaires et la publicité doit être strictement réglementée sous autorité scientifique. Il signale qu’une enquête-sondage liée à la profession et la connaissance sur les compléments alimentaires a montré que 70% des pharmaciens n’ont pas été formés pour le conseil.

Concernant la qualité des informations sur ces produits dont ceux liés aux défenses immunitaires classés en tête à hauteur de 89% des clients, l’enquête a révélé que 65% des pharmaciens considèrent qu’elle est «peu fiable» et 60% d’entre eux estiment qu’il n’y a pas un bénéfice substantiel. Quant aux allégations liées à l’usage de ces produits, 60% des pharmaciens interrogés répondent par la négative et ils sont 75% favorables au non-allégement de l’AMM, autorisation de mise sur le marché.  

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