L’agence Wafa rapporte que les équipes de secours de la Défense civile ont retiré des dizaines de dépouilles de sous les décombres à Tal El Hawa, Al Rimel et Al Sinaa, dans la ville de Ghaza, après le retrait de l’armée israélienne de ces zones. Des sources médicales de l’hôpital Al Ahli Al Arabi ont indiqué avoir récupéré «56 corps de ces quartiers». Un décompte provisoire appelé à augmenter. A Shujaiya, à l’est de Ghaza city d’où l’armée d’occupation s’est retirée mercredi soir après y avoir mené une opération d’ampleur depuis le 27 juin, au moins 60 corps sans vie ont été retrouvés par la Défense civile palestinienne.
Soixante corps de civils tombés en martyrs ont été retirés des décombres dans le quartier de Shujaiya, à l’est de la ville de Ghaza, après que l’armée israélienne ait libéré ce quartier mercredi soir.
C’est ce qu’a annoncé la Défense civile palestinienne de Ghaza. «Lorsque les forces d’occupation israéliennes se sont retirées du quartier de Shujaiya, les équipes de la Défense civile, avec l’aide des habitants, ont réussi à retrouver environ 60 martyrs à ce stade», a indiqué jeudi Mahmoud Bassal, le porte-parole de l’équivalent de notre Protection civile, à travers un communiqué.
«Le quartier de Shujaiya n’est plus habitable car l’occupant a détruit 85% des maisons, magasins, marchés et infrastructures», déplore la Défense civile palestinienne, avant d’ajouter : «Nous le déclarons zone sinistrée», en parlant de ce secteur ravagé et en ruines. L’offensive israélienne lancée le 27 juin à Shujaiya, et qui aura duré deux semaines infernales, a «détruit plus de 300 unités résidentielles et plus d’une centaine de magasins commerciaux», selon le Hamas.
L’AFP décrit un «champ de désolation» et des «Palestiniens désorientés qui errent dans un paysage lunaire de poussière et de gravats». «Les rares immeubles encore debout sont éventrés et sans façades, les autres réduits en monticules de pierres, de métal tordu et de béton pulvérisé où l’on ne distingue plus les signes d’une vie récente», témoigne un journaliste de l’AFP.
Cette opération a également provoqué un exode massif de dizaines de milliers de Palestiniens. Et ce n’est pas fini. Mercredi, l’armée sioniste a appelé l’ensemble des habitants de la ville de Ghaza à évacuer leurs quartiers, soit quelque 300 000 à 350 000 personnes, selon l’ONU.
Des dizaines de corps gisant dans les rues
Des charniers ont été également découverts dans d’autres secteurs de la capitale de l’enclave. La Défense civile de Ghaza a indiqué hier avoir exhumé 40 autres corps sans vie des décombres après le retrait de l’armée israélienne. Et ce n’est là qu’un décompte provisoire appelé à augmenter vu l’ampleur du massacre.
«Jusqu’à présent, environ 40 martyrs ont été retrouvés dans les quartiers de Tal Al Hawa et d’Al Sinaa, dans le sud-ouest de Ghaza-ville», a affirmé Mahmoud Bassal. Le porte-parole de la Défense civile précise que «d’autres cadavres jonchent également les routes et les décombres», et que les recherches se poursuivent.
L’agence Wafa rapporte de son côté que les équipes de secours ont retiré des dizaines de dépouilles de sous les décombres à Tal El Hawa, Al Rimel et Al Sinaa, toujours dans la ville de Ghaza. Des sources médicales de l’hôpital Al Ahli Al Arabi de Ghaza-ville ont dit à l’agence palestinienne avoir récupéré «56 corps de ces quartiers jusqu’à 10h (hier)».
«Des témoins oculaires ont rapporté des scènes insoutenables de dizaines de corps de martyrs gisant sur le sol et sous les décombres des maisons détruites dans le quartier de Tal Al Hawa et au quartier Al Sinaa, en plus des destructions de grande ampleur causées aux infrastructures», écrit Wafa. L’agence de presse palestinienne ajoute que «les forces d’occupation ont incendié plusieurs maisons avant de se retirer».
Maisons incendiées et des familles entières brûlées
Un fait que confirme Al Jazeera sur la foi de plusieurs témoignages concordant recueillis à Tal Al Hawa. «Des soldats de l’armée d'occupation ont incendié des immeubles résidentiels avant de quitter Tal Al Hawa», affirme le média qatari. «La Défense civile a retrouvé des familles entières complètement brûlées à l’intérieur de leurs maisons à Tal Al Hawa», ajoute la même source.
Un correspondant d’Al Jazeera soutient que «les forces d’occupation ont exécuté des femmes âgées de la famille Al Ghalayini à Tal Al Hawa avant d’incendier leur maison en empêchant la Défense civile d’intervenir».
Au sud de l’enclave, deux personnes ont été tuées hier à Tal Al Soltane, dans la ville de Rafah, par un drone israélien, rapporte Wafa. L’agence palestinienne fait état en outre de trois Palestiniens, dont un nourrisson, tués hier à l’aube lors d’une frappe aérienne qui a ciblé une maison à Ardh El Moufti, à Nousseirat. Ce bombardement a fait également plusieurs blessés qui ont été évacués à l’hôpital Al Awda. Selon le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza, 32 personnes au moins ont été tuées au total hier suite aux attaques israéliennes sur divers secteurs de l’enclave assiégée.
Sur le plan diplomatique, le président américain, Joe Biden, a affirmé jeudi en conférence de presse, à l’issue du sommet de l’OTAN abrité par Washington, que les négociations autour d’un accord de cessez-le-feu à Ghaza ont enregistré des «progrès».
«Les Etats-Unis œuvrent depuis des mois à obtenir un cessez-le-feu à Ghaza, à ramener les otages chez eux, à ouvrir la voie à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient», a déclaré le locataire de la Maison-Blanche. Et de faire remarquer : «Il s’agit de questions difficiles, complexes. Il y a encore des lacunes à combler. Nous faisons des progrès. La tendance est positive et je suis déterminé à conclure cet accord et à mettre un terme à cette guerre, qui devrait cesser maintenant.»
«Un gouvernement non partisan pour Ghaza»
Pendant ce temps, le Premier ministre israélien recevait le patron du Mossad et chef de la délégation israélienne de retour de Doha, David Barnea, selon un communiqué officiel cité par l’AFP. La même source a fait savoir qu’une autre délégation, conduite par le chef du Shin Bet (sécurité intérieure), Ronen Bar, devait se rendre jeudi soir au Caire dans le cadre des négociations indirectes avec le Hamas.
Le mouvement de la résistance islamique a assuré, en ce qui le concerne, qu’il n’y a pas eu de développements notables jusqu’à maintenant. «Nous n’avons été informés par les médiateurs d’aucun nouveau développement», a fait savoir le parti d’Ismaïl Haniyeh dans un message sur sa chaîne Telegram, accusant Israël de vouloir simplement «gagner du temps pour contrecarrer les négociations».
Un membre du bureau politique du Hamas, Hossam Badran, a tenu à réitérer la position du mouvement sur l’administration de Ghaza après la fin de la guerre. «Nous avons proposé qu’un gouvernement non partisan et doté de compétences nationales dirige Ghaza et la Cisjordanie après la guerre», a-t-il précisé via un communiqué sur les tractations en cours. «L’administration de Ghaza après la guerre est une affaire palestinienne interne ne devant souffrir aucune ingérence extérieure, et nous ne discuterons pas de l’après-guerre à Ghaza avec une quelconque partie étrangère», a-t-il insisté.
De son côté, Netanyahu a exigé le maintien du contrôle par Israël du corridor de Philadelphie et du point de passage de Rafah, deux positions stratégiques dont l’armée sioniste s’est emparée après l’occupation terrestre de Rafah début mai. Cette exigence fait partie des «quatre principes» énoncés par Israël dans le cadre des négociations en cours.
Le corridor de Philadelphie est une zone tampon qui sépare la bande de Ghaza de l’Egypte. Elle est large d’une centaine de mètres et court sur 14 kilomètres.
Alors que des sources ont révélé au journal Haaretz que Netanyahu fait tout pour saboter les négociations en distillant des déclarations hostiles qu’il fait endosser par des sources politiques anonymes, le boucher de Ghaza fait monter une nouvelle fois les enchères en formulant des conditions qu’il présente comme des préalables à la réussite des négociations.
Tout accord, dit-il, «doit autoriser Israël à reprendre le combat à l’issue d’une éventuelle trêve jusqu’à ce que les buts de la guerre soient atteints». Et Israël, renchérit-il, «n’autorisera pas le retour de (combattants) armés ou d’armes dans le nord de la bande de Ghaza». Netanyahu escompte également qu’«un nombre maximal d’otages soit libéré», rapporte l’AFP.