De l’insouciance au drame

18/07/2023 mis à jour: 00:04
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L’été a toujours été une saison très chargée pour les services de la Protection civile. C’est aussi une période où les risques prennent une autre dimension. Déjà, avec la canicule qui sévit depuis une quinzaine de jours, les appréhensions face aux risques d'incendie de forêt ont poussé à la mobilisation de plus de 19 000 agents dans 505 unités à l’échelle nationale. Ceci sans compter les moyens matériels. 

Tout cela pour ne pas revivre les expériences des années précédentes. En parlant de canicule, on rappelle aussi les risques d’accidents sur les routes menant vers les plages, qui connaissent une hausse considérable en cette période à cause de ces gens pressés d’y arriver. C’est aussi sur ces plages que les dangers de mort par noyade sont inscrits sur la liste des plus grands soucis pour la Protection civile. Mais il est dit que dans tous les cas, c’est toujours l’insouciance de l’être humain qui mène aux drames. Les drames, il y en a eu énormément quand la négligence de campeurs «innocents» a fini par causer des incendies aux retombées catastrophiques. C’est avec le même état d’esprit que les Algériens se conduisent sur les routes. 

Sur les plages, l’insouciance a déjà endeuillé de nombreuses familles depuis le début de cet été, qui s’annonce long et très chaud. En cause, ces jeunes qui s’aventurent à montrer leurs performances dans la nage pour se retrouver à la morgue ou dans les urgences d’un hôpital. 

Pour les services de la Protection civile, la tâche est tellement ardue que les campagnes de sensibilisation pour inciter les baigneurs à respecter les consignes et à ne pas s’exposer au danger ne semblent pas donner les effets escomptés. En Algérie, ce phénomène, qui pousse ces jeunes à risquer leur vie de cette manière, mérite une étude sérieuse. La situation a atteint une telle ampleur que la Protection civile a dû renforcer ses effectifs sur toutes les plages par des centaines d’agents saisonniers, rien que pour sauver le maximum de vies humaines. 

Pour illustrer ce qui échappe à toute logique, durant la seule journée du vendredi 14 juillet et dans la seule wilaya de Jijel, 356 personnes ont été sauvées d’une mort certaine, alors que 17 autres ont été évacuées dans un état critique vers les hôpitaux. On peut même extrapoler pour le reste de l’été. Le chiffre qui choque est celui de 50 personnes décédées depuis le mois de mai, toutes sur des plages non surveillées, ou en dehors des horaires de surveillance. Le plus choquant est le nombre de ces 40 personnes qui ont fui la canicule pour perdre la vie dans les mares, les barrages et les retenues colinéaires. 

On doit bien s’interroger sur les raisons qui poussent aussi ces jeunes, dont des filles de 16 et 17 ans, à choisir d’aller mourir d’une manière aussi dramatique sur des plages non surveillées en s’adonnant à des jeux dangereux sur les rochers ? Dans ce cas, que font les familles ? Que font les associations dites de la société civile ? 

Que font les organismes de l’Etat et les collectivités locales ? Ne faut-il pas chercher d’autres méthodes de prévention, quitte à recourir à la dissuasion ? Sinon, on continuera de compter les 
victimes de l’insouciance chaque jour d’été.

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