Malgré une tendance baissière, le taux de chômage dans la région Moyen Orient-Afrique du Nord (MENA) est le double de la moyenne mondiale. Dans son dernier rapport sur le taux de chômage des jeunes, l’Organisation internationale du travail (OIT) relève un taux de 24,4% de chômage dans la région MENA en 2023 (28% dans les pays du Moyen-Orient et 22,3% dans les pays de l’Afrique du Nord), alors que la moyenne mondiale est de 13%, soit au plus bas depuis 15 ans.
Ce rapport, rendu public hier, fait remarquer que «le ratio emploi des jeunes/population est le plus bas du monde, avec 18,5% enregistrés en 2023, ce qui souligne les immenses difficultés dans la région pour les jeunes d’accéder à des emplois décents». Prés d’un jeune sur trois dans la région MENA n’est ni en activité, ni éducation, ni en formation NEET. «La région est l’une des deux seules du monde jugées en retard sur l’engagement pris dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement, visant à réduire le nombre de jeunes en mal d’emploi ou de formation», indique la même source.
Les jeunes femmes dans la région subissent encore plus la discrimination à l’emploi, avec un ratio de deux jeunes femmes sur cinq (soit 44,2%) en situation de non-emploi, non-éducation et non-formation NEET. Ce taux est deux fois supérieur à celui des jeunes hommes. «Ces tendances indiquent qu’il est urgent de mettre en place des politiques susceptibles de remettre en cause les normes de l’éducation, de la participation au marché du travail et des responsabilités familiales», souligne l’OIT dans son rapport. Ce dernier prévoit même que pour l’année 2024, le taux de chômage des jeunes devrait augmenter, pour atteindre 24,5% en raison «de la baisse de la production pétrolière et de la persistance des conflits». L’OIT relève, en outre, que si le nombre de jeunes travailleurs ayant obtenu un emploi rémunéré a augmenté au cours des deux dernières décennies, il reste que la grande majorité de ces jeunes travaille dans l’informel.
22,5% de taux de chômage des jeunes en Afrique du Nord
Pour les pays de la région Afrique du Nord, qui a enregistré un taux de chômage des jeunes de 22,3% en 2023, soit en hausse de 1% par rapport à l’année précédente, l’OIT prévoit une légère hausse du chômage en 2024 devant atteindre 22,5%. Le taux de chômage des jeunes femmes était presque deux fois plus important que celui des jeunes hommes, soit 34% contre 18,8%. Le taux de NEET enregistré en Afrique du Nord en 2023 était de 31,2%, qualifié de l’un des plus élevés de toutes les sous-régions du monde. La moyenne de NEET pour les femmes est deux fois supérieure à celle des jeunes hommes, avec respectivement 44,1% et 18,8% en 2023.
Le même rapport souligne en outre que la part des jeunes travaillant dans le secteur agricole a chuté dans la région de plus de 10 points de pourcentage entre 2011 et 2021, bien que ce secteur reste le principal employeur. «Les secteurs du commerce, des transports, de l’hébergement et de la restauration sont ceux ayant connu la plus forte croissance de l’emploi des jeunes, de plus de 6 points de pourcentage sur deux décennies. Alors que le nombre d’emplois pour les jeunes dans l’industrie manufacturière a diminué», précise l’OIT. Concernant les pays du Moyen-Orient, le même rapport relève un plus haut taux de chômage avec 28%, même s’il est en baisse de 3,3 points de pourcentage par rapport à 2022. Les prévisions s’attendent à niveau plus élevé en 2024 avec 28,6%, avant de baisser en 2025 à 27,7%. «Le taux de chômage des jeunes hommes devrait baisser dans les deux années à venir, alors que celui des jeunes femmes devrait augmenter», prévoit le même rapport, en notant que de toutes les sous-régions du monde, le Moyen-Orient est la région où l’on trouve la plus grande disparité entre les hommes et les femmes en matière de ratio emploi/population. «En 2023, le taux d’employabilité des jeunes était de 31,9% pour les hommes et de 6% pour les femmes.»
Par ailleurs et avec un taux de 33,2% en 2023, la part des jeunes en situation de NEET est la plus élevée de toutes les sous-régions et dépasse de 10 points de pourcentage la moyenne mondiale, qui est de 20,4%. «Une jeune femme sur deux (46,3%) était en situation de NEET contre 21,1% pour les hommes.» Le même rapport indique également que 8 jeunes sur dix âgés entre 15 et 24 ans travaillaient dans le secteur informel, contre 6 sur dix pour les jeunes adultes âgés entre 25 et 29 ans.
Chômage en baisse dans le monde contre précarisation du travail
Le taux de chômage des jeunes dans le monde est au plus bas depuis 15 ans, relève un rapport de l’Organisation internationale du travail. Evalué à 13% en 2023, le taux de chômage des jeunes devrait s’établir à 12,8% en 2024 et 2025, indique la même source. Le nombre total de jeunes chômeurs s’est élevé, selon l’OIT, à 64,9 millions, soit l’effectif le plus bas depuis l’année 2000. Le même rapport souligne que dans des régions comme l’Asie de l’Est, l’Asie du Sud-est, du Pacifique et les Etats arabes, les taux de chômage des jeunes étaient plus élevés en 2023 qu’avant la pandémie. L’OIT remarque, par ailleurs, que si la tendance mondiale est à la baisse du taux de chômage, il y a lieu de noter également «une tendance à la précarisation du travail» créant une anxiété croissante. Plus de la moitié des jeunes travailleurs occupent des emplois informels. «Aucun d’entre nous ne peut espérer un avenir stable alors que des millions de jeunes dans le monde n’ont pas d’emploi décent et, par conséquent, se sentent en insécurité et incapables de construire une vie meilleure pour eux-mêmes et leurs familles», estime Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’OIT. Le rapport de l’Organisation du travail indique qu’en 2023, un jeune sur cinq dans le monde, soit 20,4%, appartenait à la catégorie des NEET, soit sans emploi, sans éducation, sans formation. Et deux sur trois de ces jeunes sont des femmes. «Le taux mondial de NEET chez les jeunes femmes a doublé par rapport à celui des jeunes hommes en 2023, avec respectivement 28,1% et 13,1%.» Les sociétés pacifiques, souligne le DG de l’OIT, reposent «sur trois ingrédients essentiels : la stabilité, l’inclusion et la justice sociale ; le travail décent pour les jeunes est au cœur de ces trois éléments». L’OIT appelle à des investissements accrus et plus efficaces pour stimuler la création d’emplois avec un objectif spécifique sur les emplois au profit des jeunes femmes. N. B.